Vladimir Poutine a-t-il, sans le savoir et sans le vouloir, rendu un précieux service à la cause palestinienne ? À voir le débat qui s’installe un peu partout dans le monde depuis que l’armée russe a envahi l’Ukraine, jeudi 24 février, l’on est tenté de répondre par l’affirmative.

La guerre déclarée à l’Ukraine a été largement condamnée et suivie de sanctions sans précédent prises à l’encontre de la Russie et de ses dirigeants de la part des pays occidentaux.

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Rien d’anormal si l’on considère que l’agression d’un pays souverain, de surcroît par une grande puissance, est un acte inacceptable. Sauf que beaucoup ont relevé une sorte de deux poids deux mesures dans la réaction rapide et ferme de l’Occident, rappelant que d’autres agressions du genre à travers le monde et les décennies sont restées impunies.

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Dans évidemment celle, continuelle, des Palestiniens qui subissent depuis 70 ans les affres de l’occupation israélienne. L’attitude des organisations internationales sportives, culturelles et autres a été aussi dénoncée.

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La FIFA par exemple a exclu la Russie de la prochaine Coupe du monde avec une rare célérité, elle qui a sanctionné par le passé des joueurs pour avoir arboré des slogans politiques sur les terrains de foot, précisément des messages de soutien au peuple palestinien.

« Jour cinq : des sanctions contre Poutine. 70 ans d’oppression contre les Palestiniens » : le député irlandais @RBoydBarrett n’a pas hésité à dénoncer le deux poids deux mesures de son gouvernement : pic.twitter.com/OZ3P6yN257

— AJ+ français (@ajplusfrancais) March 6, 2022

Aux derniers Jeux olympiques de Tokyo, un judoka algérien a été lourdement sanctionné (10 ans de suspension, synonyme de fin de carrière pour lui) par la Fédération internationale de judo pour avoir refusé d’affronter un adversaire israélien, en soutien aux Palestiniens qui souffrent des exactions de l’occupant.

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Non seulement les autorités israéliennes occupent illégalement les territoires palestiniens, mais elles exercent une répression permanente sur les Palestiniens qu’elles expulsent de leurs habitations pour agrandir les colonies et appliquent une politique qui s’apparente à un système d’apartheid. Cet État, fort du soutien de l’Occident, n’a jamais appliqué les résolutions de l’ONU.

Tout cela a été rappelé dès les premières annonces de sanctions contre la Russie. Le débat est maintenant porté au sein même des institutions de certains pays occidentaux.

C’est le cas par exemple du parlement irlandais où un député n’y est pas allé par des chemins détournés pour dire les quatre vérités à ses collègues, aux dirigeants de son pays, d’Europe et d’Amérique et à tous ceux qui ont dégainé sur le champ leurs sanctions contre la Russie.

« Vous traitez les Palestiniens et les Arabes comme une race inférieure »

« Cela a pris cinq jours pour des sanctions contre Poutine et ses voyous mais imposer des sanctions pour 70 ans d’oppression des Palestiniens ne serait pas – et quel mot vous utilisez ?- ne serait pas utile !», s’est indigné le député Richard Boyd Barrett en plénière.

« Vous êtes contents d’utiliser un langage fort pour décrire les crimes contre l’humanité de Vladimir Poutine, mais vous ne pouvez pas utiliser le même langage quand il s’agit de décrire les exactions d’Israël vis-à-vis des Palestiniens qui sont maintenant documentés et détaillés par deux des plus respectables organisations des droits (de l’Homme) dans le monde et rapportées par des douzaines et des douzaines d’ONG », a-t-il encore dénoncé.

Le représentant a évoqué ensuite « les décennies de persécution brutale et inhumaine des Palestiniens, les assauts successifs sur Gaza, l’annexion des territoires et l’application systématique de lois d’apartheid ». « Mais, dit-il, vous ne voudrez jamais utiliser le mot apartheid ».

« Amnesty International a appelé à déférer Israël devant la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. Allez-vous la soutenir ? Elle appelle à des sanctions ciblées contre les responsables israéliens qui perpétuent le système d’apartheid, juste les mêmes sanctions qui ont été prises contre Vladimir Poutine. Allez-vous la soutenir ? Je pense que la réponse est claire, vous n’allez pas le faire », a ajouté Barrett pour qui tout cela a une explication qu’il n’hésite pas à jeter à la face du monde.

« Vous traitez la population palestinienne dans son ensemble et les Arabes dans leur ensemble comme une race inférieure », accuse-il.