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Guerre Israël-Gaza : le conflit risque de s’étendre dangereusement au Moyen-Orient

Où va le Moyen-Orient, et le monde avec la guerre que mène depuis plus de 100 jours Israël contre Gaza ? L’inquiétude sur l’avenir de la région et le risque d’un embrasement généralisé est montée d’un cran après les frappes menées par l’Iran contre des cibles dans le Kurdistan irakien et en Syrie dans la nuit de lundi 15 à mardi 16 janvier 2024.

Le corps des Gardiens de la révolution a revendiqué les frappes, disant avoir ciblé un centre d’espionnage lié à Israël dans la ville d’Erbil et un rassemblement de membres de l’organisation État islamique en Syrie.

A Erbil, capitale du Kurdistan autonome irakien, l’attaque a fait au moins quatre morts, dont un homme d’affaires kurde et des membres de sa famille. L’Irak a dénoncé ce mardi 16 janvier une « agression » visant sa « souveraineté » et la « sécurité » de son peuple et annoncé qu’il saisira le Conseil de sécurité de l’ONU.

Les frappes iraniennes, menées avec des missiles balistiques, viennent en réaction à l’assassinat d’un haut gradé des Gardiens de la révolution en Syrie le 25 décembre et d’un haut cadre du Hamas palestinien, Salah Al Arouri, le 2 janvier au Liban, des attentats attribués à Israël, et en représailles au carnage revendiqué par l’Etat Islamique qui a fait 84 morts lors de la commémoration, le 3 janvier, de la mort du général Kassim Soleimani, tué par les Etats-Unis en 2020 en Irak.

D’action en réaction, la guerre s’étend dangereusement. L’enchaînement des évènements, sur fond de poursuite de la guerre à Gaza qui a fait plus de 23 000 morts depuis le 7 octobre dernier, fait planer sur toute la région le risque d’une escalade généralisée.

Au moins sept pays sont déjà directement touchés par des actes violents en lien avec la guerre à Gaza, nonobstant l’implication des alliés des uns et des autres. Outre Israël et les territoires palestiniens, des frappes ou attentats sont enregistrés en Iran, en Irak, au Liban, en Syrie et au Yémen.

Dans sa résistance à la guerre que lui mène Israël depuis plus de 100 jours, le Hamas palestinien a le soutien de ce qui est appelé « l’axe de la résistance », constitué autour de l’Iran par le mouvement palestinien, le Hezbollah libanais, des groupuscules chiites syriens et les rebelles Houthis du Yémen.

Moyen-Orient : déjà sept pays touchés par la violence liée à la guerre à Gaza

Les Houthis ont donné au conflit une dimension mondiale, du moins par les retombées sur le commerce international de leurs attaques en mer Rouge et dans le golfe d’Aden contre les navires ayant un lien avec Israël et ceux qui se dirigent vers ses ports.

Les attaques qui ont commencé le 19 novembre 2023 ont mené les Etats-Unis à constituer un mois plus tard une force multinationale avec une dizaine d’autres pays occidentaux pour sécuriser la navigation maritime dans cette zone par où transite 12% du commerce international.

Vendredi 12 janvier, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont effectué des frappes sur des sites militaires des Houthis dans plusieurs villes yéménites contrôlées par les rebelles.

L’Égypte, frontalière d’Israël et de la bande de Gaza, pourrait d’un moment à l’autre rejoindre la liste des pays directement touchés par la violence née de la guerre à Gaza. Si ce n’est pas déjà fait. Dans la nuit de lundi à mardi, et alors que l’Iran frappait ses cibles en Irak, l’armée israélienne a annoncé avoir ouvert le feu sur une vingtaine d’individus qui tentaient de s’infiltrer en Israël à travers la frontière égyptienne.

Selon les autorités égyptiennes, il s’agirait de trafiquants de drogue. C’est le premier incident du genre à la frontière entre les deux pays depuis le déclenchement de la guerre à Gaza. Dans les premières semaines de la guerre, le gouvernement israélien avait tenté de convaincre l’Egypte de laisser passer sur son territoire la population de Gaza qui fuyait les bombardements. Le Caire a signifié un niet catégorique.

Samedi 13 janvier, le Wall Street Journal a révélé que les autorités israéliennes ont informé leurs homologues égyptiennes de leur intention de déclencher une opération militaire pour prendre le contrôle de l’axe de Philadelphie, une bande de 14 kilomètres le long de la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza.

A mesure que s’éternise la guerre dans l’enclave palestinienne, l’équation se complique dangereusement au Moyen-Orient qui fait chaque jour un pas supplémentaire vers la guerre totale. Pendant ce temps, le Conseil de sécurité de l’ONU est paralysé par le véto des États-Unis qui, par leur soutien inconditionnel au gouvernement extrémiste de Tel-Aviv, font courir à toute la région un risque réel d’escalade.

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