La France est divisée sur la guerre entre Israël et la Palestine. D’un côté la droite et l’extrême droite ainsi que le gouvernement apportent un soutien inconditionnel à Tel-Aviv dans sa vengeance après les attaques du Hamas et de l’autre une partie de la gauche et l’extrême gauche réclament une politique équilibrée et non un alignement sur la position du gouvernement israélien.
Bien que le président français soit l’un des premiers à se ranger du côté d’Israël immédiatement après l’attaque du Hamas palestinien le 7 octobre, il n’en demeure pas moins qu’une partie de la partie de la classe politique, la droite et l’extrême-droite, font dans la surenchère dans le soutien à l’état hébreu, tandis que la gauche et l’extrême-gauche plaident pour une position plus équilibrée. Cette surenchère et ces exigences mettent Emmanuel Macron sous pression dans son pays.
Après plus de deux semaines de bombardements israéliens sur la bande de Gaza et près de 5.000 morts palestiniens, la droite française persiste et signe : tout cela procède du droit d’Israël à se défendre. Emmanuel Macron n’en disconvient pas mais il estime que cela doit se faire dans « le respect du droit international ».
La réplique est venue d’Eric Ciotti, président du parti Les Républicains (droite). « Les démocraties respectent le droit international, et ne l’oublions pas, Israël est la seule démocratie de cette région », a insisté Eric Ciotti sur Europe 1. La suite est un blanc-seing à Israël : « Ce qu’il faut c’est que les auteurs de ces attentats soient aujourd’hui mis hors d’état de réitérer ces actes terrifiants. »
Eric Ciotti, qui a effectué ce dimanche une visite en Israël pour réitérer son soutien au gouvernement d’extrême-droite de Benyamin Netanyahu qui est pour de nombreux israéliens le premier responsable de la tragédie, a résumé ainsi l’état d’esprit de toute la droite et l’extrême-droite française face aux événements de Palestine et d’Israël.
Jordan Bardella président du Rassemblement national (ex-Front national), Eric Zemmour et de nombreux personnage de l’extrême-droite et de la droite traditionnelle sont sur la même ligne de soutien inconditionnel à Israël, refusant toute justification de l’attaque du 7 octobre par l’impasse dans laquelle les gouvernements israéliens successifs ont mis le processus de paix.
A l’opposé, l’extrême-gauche représentée par La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon s’est montrée dès le premier jour très critique vis-à-vis d’Israël dont elle a pointé les pratiques dans les territoires occupés et la politique de colonisation.
Au début en désaccord avec Mélenchon auquel il a reproché publiquement sa position, le Parti socialiste a émis des critiques sur Israël après le bombardement d’un hôpital de Gaza qui a fait plus de 500 morts mardi 17 octobre.
Son premier secrétaire Olivier Faure a évoqué « un crime de guerre de l’armée israélienne » et sommé le président Macron d’agir. « La France doit prendre la parole. Amis d’Israël mais pas complices d’une vengeance aveugle », a-t-il déclaré.
Soutien de la France à Israël : Emmanuel Macron essuie des critiques
« Il est temps que la France et les instances internationales prennent leurs responsabilités et demandent un cessez-le-feu immédiat pour entamer le processus de paix », a pour sa part estimé après le bombardement de l’hôpital la secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT), Sophie Binet.
A mesure que dure dans le temps l’agression israélienne sur Gaza, Faure et le PS apprécient de moins en moins le soutien inconditionnel de la France à Israël.
Ce dimanche, l’homme politique de gauche a dénoncé « le soutien inconditionnel » de la France à Israël, exprimé par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui se trouve en Israël depuis samedi soir, où elle s’est rendue sur les lieux de l’attaque du Hamas, devenus un passage obligé aux responsables occidentaux qui viennent apporter leur soutien à l’Etat hébreu.
Parmi ses accompagnateurs se trouve justement Eric Ciotti. « Rien ne doit empêcher Israël de se défendre », a déclaré sur place la parlementaire.
Pour Jean-Luc Mélenchon, tout ce beau monde est allé “camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre”.
La démarcation entre les deux camps de la classe politique française est visible aussi dans toutes les polémiques qui ont éclaté en France en lien avec les événements du Moyen-Orient.
Jean-Luc Mélenchon a défendu Karim Benzema qui a été violemment attaqué par la droite et l’extrême-droite en raison de l’hommage qu’il a rendu aux victimes palestiniennes des bombardements israéliens.
Le leader de gauche s’est aussi élevé contre l’interdiction des marches pro-palestiniennes décidée par le gouvernement et applaudie par la droite et l’extrême-droite.
Au début débridé dans son soutien à Israël, Emmanuel Macron semble refroidi à la fois par l’évolution des bombardements israéliens, les considérations de politique interne et les critiques tant en France qu’à l’étranger quant à son soutien à Israël.
Plus globalement, dans les pays arabes, il y a une attente déçue à cause de la confirmation de l’américanisation de la politique étrangère de la France, et de l’abandon de celle héritée du général De Gaulle.
Après avoir tergiversé à emboîter le pas aux dirigeants occidentaux qui se sont rendus en Israël, dont le président américain et le Premier ministre britannique, Emmanuel Macron a décidé de faire le déplacement. Le bureau du Premier ministre israélien a annoncé ce dimanche que le président français est attendu mardi à Tel-Aviv.
Pour Olivier Faure, Macron est en « difficulté » car « il n’a pas tenu cette ligne de neutralité ». Il sait qu’il peut se déplacer en Israël « mais que dans le monde arabe, il ne serait pas accueilli », a analysé le dirigeant socialiste.