Curieusement, les appels au meurtre et à la violence ne sont considérés comme tels par la presse et les gouvernements occidentaux que lorsqu’ils ciblent des Israéliens.

Depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, les appels à s’attaquer aux Palestiniens et à leurs soutiens se banalisent et passent presque inaperçus.

Cela n’a en fait rien de nouveau. Une expérience menée par une chaîne de télévision israélienne en 2016 avait démontré que les appels au meurtre et à la violence raciale ne choquent que quand ils émanent de Palestiniens.

Pour le compte de 10 TV, deux jeunes Israéliens, un Arabe et un Juif, ont chacun de son côté annoncé sur les réseaux sociaux un projet de massacre visant l’autre communauté.

Le premier a reçu 12 likes, aucun commentaire et aucun partage. Des connaissances et des députés arabes l’ont appelé pour lui demander de retirer son post et il a vite été interpellé par la police.

Pour le second, le juif, c’est 1200 likes, des commentaires élogieux et la police n’a rien vu. L’appel au meurtre ou même le projet de massacre est grave ou anodin suivant la partie qui le lance et surtout celle qu’il vise.

Guerre Israël – Palestine : « Je me fiche éperdument des 2 millions de Gazaouis »

Cela se confirme dans la réalité depuis près de deux semaines. Des personnages publics sont pris à partie et attaqués de toutes parts pour avoir parfois juste exprimé un avis équilibré, comme Jean-Luc Mélenchon en France, ou appelé à cesser le massacre de la population civile de Gaza, comme Karim Benzema qui a exprimé sa compassion avec les victimes palestiniennes des bombardements israéliens.

Dans le même temps, des appels directs à la haine et au meurtre de palestiniens sont lancés en toute impunité. Le dernier en date en France émane de David Antonelli, président de l’association Corse-Israël. « Je me fiche éperdument des 2 millions de Gazaouis. Ce qui m’importe, c’est la vengeance des 1300 Israéliens », a-t-il déclaré sur la chaîne israélienne I24 News.

Le jeune activiste politique français Ismaël Boudjekada a annoncé un dépôt de plainte. « Rendez-vous au tribunal. Vous faites honte aux juifs, honte à la corse, honte à la France », a-t-il indiqué sur X.

Beaucoup d’internautes ont souligné que ces propos ont curieusement échappé aux médias français.

« Benzema dit : paix pour la Palestine et ça fais tout un scandale, et lui normal il dit qu’il est prêt à massacrer 2M de personnes innocentes et ça passe crème…. Le monde marche sur la tête vraiment », s’indigne un internaute sur la même plateforme.

Le footballeur Karim Benzema fait en effet face à des attaques graves depuis qu’il a exprimé son soutien au peuple palestinien. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin l’a accusé (sans preuves) d’être lié aux Frères musulmans et une sénatrice du parti Les Républicains a appelé à le déchoir de sa nationalité française.

Le président de la France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, et les élus de son parti font l’objet d’une campagne de dénigrement et de menaces de mort. Il a fallu presque deux semaines pour que la justice française prenne au sérieux les menaces qui les ciblent. Le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête après une plainte de l’homme politique de gauche.

« Les juifs français s’occuperont de toi », ou encore « Un accident de la route ça peut vite arriver à n’importe qui », c’est le genre de messages que reçoivent Mélenchon et les cadres de son parti depuis le 7 octobre.

Sur les réseaux sociaux, ce genre de messages est devenu d’une banalité déconcertante. Comme ce tweet qui annonce des « éliminations ciblées » à venir. « La machine à élimination ciblée est en marche. Israël ne lâchera pas ses proies. Elles sont déjà toutes identifiées », promet un internaute anonyme sur X.

Plus que les appels aux meurtres, en Israël on est passé au stade des actions susceptibles de faciliter le passage à l’acte. Comme cet appel lancé par le chef de la police à ceux qui détiennent un permis de port d’arme de ne pas se séparer de leur arme pour en faire usage à la moindre occasion. 240 000 Israéliens détiennent un permis de port d’arme légal.

Et l’appel lancé sur Cnews par le chanteur pro-israélien Enrico Macias pour liquider physiquement les membres du parti de La France Insoumise.