En France, le débat sur la guerre entre la Palestine et Israël qui a fait des milliers de morts et de blessés dans les deux camps prend des proportions inquiétantes.
Dans la ligne de mire des défenseurs d’Israël, Jean-Luc Mélenchon, le président de La France Insoumise (LFI), qui a cette particularité de ne pas suivre toute la classe politique française adopte le même discours.
Il vient de récidiver concernant la situation en Palestine et en Israël, concentrant sur sa personne une avalanche d’insultes et même un appel direct au meurtre émanant d’une personnalité mondialement connue, le chanteur Enrico Macias en l’occurrence.
La France officielle et une grande partie de la classe politique et de la presse ont pris fait et cause pour Israël après l’attaque spectaculaire des combattants palestiniens qui a fait plus de 900 morts sur le territoire israélien depuis l’aube de samedi 7 octobre.
Les centaines de victimes de Gaza, tuées sous les bombes de l’aviation israélienne, ne sont que les « victimes collatérales » de la « riposte » d’un État qui « a le droit de se défendre ». Un discours que Jean-Luc Mélenchon ne partage pas et il le dit tout haut.
Que l’on soit d’accord ou pas avec le leader de gauche, il faut lui reconnaître une constante : il n’accepte pas les amalgames quitte à se retrouver seul.
Dans les récentes polémiques autour de l’immigration ou des musulmans en France, comme lors des émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel fin juin, ou encore l’interdiction du port de l’abaya à l’école début septembre, Jean-Luc Mélenchon s’est distingué par des positions totalement opposées à celle de l’Exécutif et du reste de la classe politique, la droite et l’extrême-droite notamment.
Cette fois, sur la Palestine, c’est dans son propre camp qu’il s’est retrouvé seul, mais l’homme est allé au bout de ses convictions. Mélenchon, qui est attaqué de partout en France, n’a pourtant pas applaudi l’action du Hamas palestinien.
Il a juste refusé d’être sélectif dans son indignation et exprimé une position sensée, allant dès la matinée de samedi dernier, c’est-à-dire juste après le début de l’attaque palestinienne, au fond du problème. Ses députés ont souligné que l’attaque était menée « dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne ».
Mélenchon a ensuite appelé sur X (ex-Twitter) à un « cessez-le-feu », exprimant sa compassion à « toutes les populations désemparées victimes de tout cela ».
Lundi, et contrairement aux autres partis constituant l’alliance de gauche Nupes, La France Insoumise n’a pas envoyé de représentant à une marche organisée à Paris en soutien à Israël.
Ce qui lui a valu les tirs croisés du pouvoir et de l’opposition. Mais Mélenchon ne se laisse pas démonter. Il est vite passé à l’offensive, accusant l’organisateur de la marche, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), de vouloir obliger tout le monde « à s’aligner sur la position du gouvernement d’extrême-droite israélien ».
France : Enrico Macias appelle ouvertement au meurtre
« Le CRIF a isolé et empêché la solidarité des Français avec la volonté de paix et la demande de cessez-le-feu immédiat », a contre-attaqué l’homme politique de gauche.
Pour Yonathan Arfi, président du CRIF, Mélenchon est « un ennemi de la République », et il est « hors du pacte républicain ». La première ministre Elisabeth Borne l’a accusé de cultiver « une forme d’antisémitisme » qu’il cache avec son « antisionisme », et Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (extrême-droite) l’a accusé de faire « la caution morale du terrorisme islamiste ».
Mais l’attaque la plus abominable est venue du chanteur pro-israélien Enrico Macias. Invité sur CNews dans l’émission de Pascal Praud -qui a fait récemment le lien entre immigration et punaises de lit-, Enrico Macias s’est laissé aller à un très grave dérapage en appelant ouvertement à « dégommer » ceux qui tiennent à dénoncer aussi les crimes de l’armée israélienne.
« Quand j’entends l’extrême-gauche, qui se défausse devant cette horreur, et bien vous m’obligez à dire ce que je ne voulais pas dire : il faut les dégommer ces gens-là », a déclaré le chanteur juif, connu pour son chauvinisme quand il s’agit de défendre Israël.
Pascal Praud, l’animateur de l’émission, lui demande alors si c’est politiquement et électoralement qu’il faut les « dégommer ». La réponse d’Enrico Macias est ahurissante : « Oui, bien sûr mais peut-être même physiquement. »
Né à Constantine pendant la colonisation sous le nom de Gaston Ghrenassia, Enrico Macias espère toujours, à 85 ans, remettre ses pas en Algérie mais les autorités et l’opinion publique s’y opposent fermement.
Outre le soutien public qu’il apporte à l’occupant israélien, Enrico Macias a fait partie d’une milice à Constantine qui a combattu le Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre d’Algérie, selon de nombreux témoignages.
Mélenchon et son parti concentrent toutes les critiques et les insultes, et maintenant les appels au meurtre. Ils n’ont pourtant rien fait d’autre que pointer du doigt l’origine du mal qui ronge la région du Moyen-Orient, soit les agissements d’Israël qui ne fait rien pour favoriser la paix et le silence complice de la communauté internationale.
Mais quand il s’agit d’Israël, comme les droits de l’Homme, la liberté d’expression est aussi à géométrie variable.