Économie

Hadj Nacer : la BM et le FMI sont « des instruments de domination »

Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, a décortiqué dans un entretien accordé à Sputnik-News le fonctionnement et les objectifs du système financier mondial.

« Après la réussite dans la reconstruction de l’Europe (après la seconde guerre mondiale), la Banque mondiale est devenue un instrument mondial mais c’était un instrument de domination, dans le sens où l’Occident a conçu le reste du monde comme étant la suite des anciens empires », rappelle-t-il.

Non seulement la BM et le FMI n’ont pas aidé l’Afrique à se développer, mais ces institutions sont devenus des instruments de domination des pays du Sud, ajoute-t-il.

Les pays du Sud étaient « de grands supermarchés » réservés à l’Occident, et aujourd’hui, la Chine « vient se servir » et si l’Afrique est devenu le dernier grand supermarché, « c’est parce que on a détruit non seulement les élites mais la capacité de produire les élites », explique l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie.

La nouveauté depuis quelques années, c’est l’intervention de la Chine et de la Russie, qui permet la mise en place de conditions pour une réelle indépendance, « mais ce n’est pas forcément bon pour les Africains » qui ont besoin, selon lui, de « la mise en place d’un système de production d’élites et des conditions du développement ».

« Basculement du monde »

La guerre qui se fait pour le contrôle et le « basculement du monde » n’a pas besoin d’armes nucléaires mais de moyens de domination plus destructeurs, selon Abderrahmane Hadj Nacer.

Pendant la période de 2008, la Chine et la Russie ont essayé de créer un système financier parallèle au FMI, surtout à la BM, mais le dollar a tenté de le bloquer en « s’instituant comme étant la règle de droit international au détriment du droit international ».

Cette crise a aussi montré qu’on avait besoin « d’enrichir les banques d’affaires qui avaient une capacité d’orienter l’économie ». Le prétexte a été offert par le covid, permettant de créer « des sommes que l’imagination ne peut pas comprendre ».

Hadj Nacer cite Apple qui est passée de 200 à 2000 milliards de dollars de capitalisation boursière, Black Rock qui gère 10 000 milliards de dollars d’actifs, soit la moitié du PIB américain ou encore Elon Musk qui, en plus de la voiture électrique, représente aussi « des fusées et des milliers de satellites » et veut créer son terminal pour vendre sa monnaie, sa voiture, son GPS…

On est « toujours dans l’idée de contrôler l’individu », indique l’économiste. C’est pourquoi Donald Trump s’est attaqué à Huawei, l’instrument chinois dans cette guerre pour le contrôle de l’individu.

« Il faut toujours suivre où va l’argent et pourquoi créer autant de monnaie. C’est pour donner des moyens colossaux à des entreprises que l’État ne peut pas gérer parce que les États sont tenus par des lois (…) Aujourd’hui, c’est les GAFAM (géants de l’internet Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui décident ce que doivent devenir les États-Unis », explique encore Abderrahmane Hadj Nacer.

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