Des rebelles tchadiens basés dans le sud de la Libye ont été bombardés par des avions du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, a appris l’AFP jeudi auprès de l’armée du maréchal Haftar.
“+L’armée de l’air+ (de Haftar) a mené le week-end dernier des frappes contre un barrage tenu par la rébellion tchadienne (…) à plus de 400 km au sud-est de Sebha (600 km au sud de Tripoli), ainsi que contre d’autres positions des rebelles tchadiens dans une oasis dans la région de Terbu, à quelques 400 km au sud de Sebha”, a expliqué à l’AFP un responsable de l’armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar.
“Ces frappes visent à rétablir la sécurité et appliquer la loi dans le sud”, a ajouté la même source sans détailler ni indiquer quels groupes avaient été visés.
Le groupe armé tchadien Conseil de commandement militaire pour le salut de la république (CCMSR), a affirmé avoir été visé par des avions du maréchal Haftar, selon Kingabé Ogouzeïmi de Tapol, porte-parole en exil du CCMSR, précisant qu’il n’y a pas eu de victime.
Pour le CCMSR, les attaques sur le groupe par les hommes d’Haftar sont le signe que le régime tchadien d’Idriss Déby “sous-traite” au maréchal la charge de détruire les rebelles tchadiens en Libye.
Un autre groupe rebelle, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), présent dans la région de Joufra en Libye, reste en bon termes avec Haftar avec qui il a passé un accord informel de non-agression, a assuré à l’AFP une source proche de ce groupe.
Né en 2016 d’une scission du FACT, le CCMSR se définit comme une opposition politico-militaire au pouvoir d’Idriss Déby et revendique plusieurs milliers de combattants.
Trois membres du CCMSR avaient été arrêtés en octobre 2017 au Niger, dont le chef du groupe, Hassan Boulmaye. Aucune information sur eux n’a filtré depuis leur arrestation.
Depuis le sud libyen et l’est soudanais, plusieurs groupes “politico-militaires” tchadiens affirment préparer des attaques contre N’Djamena. Mais des observateurs de la politique tchadienne estiment néanmoins qu’ils n’ont pas les moyens de leurs ambitions.
Aujourd’hui, les rébellions tchadiennes sont divisées et tentent de “survivre” grâce à des aides financières, au mercenariat ou à divers trafics, explique Jérôme Tubiana, spécialiste du Tchad et chercheur pour le groupe de recherche Small Arms Survey.
Le Tchad a toujours eu depuis son indépendance en 1960 des rebelles armés par-delà ses frontières. Les présidents Hissène Habré ou Idriss Déby sont eux-mêmes d’anciens rebelles.