Fin de fonctions pour Hamid Melzi, directeur de l’entreprise publique qui gère les résidences d’État. Il est resté à la tête de cette direction sensible, qui gère notamment les résidences d’État du Club des Pins et de Moretti, sur la côte Ouest d’Alger, pendant plus de vingt-six ans.
Le 9 avril, Hamid Melzi a été vu au Palais des nations du Club de Pins lors de la cérémonie officielle de désignation d’Abdelkader Bensalah président par intérim par les deux chambres du Parlement réunies.
L’air décontracté, il avait pris soin de saluer et discuter avec les journalistes présents, alors que par le passé il évitait autant que faire se peut les représentants des médias.
Le 8 avril 2018, Hamid Melzi avait ouvert les portes du Centre international des conférences Abdelatif Rahal (CIC), mis sous sa responsabilité, aux journalistes pour une conférence de presse sur les projets de la Société d’investissement hôtelière (SIH) dont il est président directeur général.
Il avait refusé de répondre à la question sur le véritable coût du CIC, un centre sous exploité sur le plan commercial.
Comme, il n’avait pas répondu à une interrogation sur l’ouverture de Club des Pins et de Moretti au public. Ces deux espaces touristiques, fermés depuis plus de 25 ans pour « raisons de sécurité », sont souvent assimilés à une principauté ou à « une réserve indienne ». Des jeunes du voisinage de Moretti, à Staouéli, ont tenté ces derniers jours de « casser » cette muraille, maintenue sans raison.
« Je n’ai pas de salaire de Club des Pins »
« Je suis retraité. Je n’ai pas de salaire de Club des Pins. Je travaille bénévolement. J’aime mon pays, j’aime le tourisme. Je suis un homme de tourisme. Je suis dans ce secteur depuis 45 ans », avait déclaré Hamid Melzi, lors de la même conférence, en évitant de s’étaler sur son avenir professionnel.
Hamid Melzi est toujours PDG de la Société d’investissement hôtelière (SIH) (le communiqué de la Présidence de la République, cité par l’ENTV, n’a pas mentionné cette société).
La SIH, qui existe depuis 1997 et qui compte actuellement 3000 salariés, gère plusieurs projets comme le nouvel hôtel Hyatt Regency de l’aéroport d’Alger, en construction.
Elle est également chargée de la rénovation en trente mois (depuis avril 2018) du Parc zoologique et des loisirs de Ben Aknoun à Alger pour un investissement de 59 milliards de dinars. Les deux hôtels Moncada et Mouflons d’or, qui sont au sein de ce Parc, seront également rénovés pour être gérés par Sheraton Alger.
La SIH est en charge aussi d’autres infrastructures hôtelières comme Sheraton Alger, Oran et Annaba, Marriott Constantine, Renaissance Tlemcen, Four Points Oran et le Centre des affaires Les Falaises d’Oran. La SIH gère le projet de la modernisation des hôtels Cirta (qui deviendra Autograph Collection by Marriott) et Panoramic (Protéa actuellement) Constantine, de la construction d’un Shopping Mall à Oran et l’espace commercial et culturel « Les terrasses du port » à Annaba. Le complexe de thalassothérapie Moretti-Club des Pins avec deux hôtels de luxe de la chaîne Accor sont en cours de réalisation aussi par la SIH.
La stratégie du silence
Pour le Sud du pays, la SIH envisage de construire huit hôtels. « Toute notre richesse s’est faite par l’acquisition des terrains et la propriété à 100% de nos projets. Le partenariat de management avec Hyatt Regency, Accor, Marriott est bénéfique. C’est cela le transfert de technologie », a expliqué Hamid Melzi.
Ses adversaires l’accusent de s’être enrichi, lui et sa famille, en profitant de sa longue proximité avec les centres de décision. Il est souvent sollicité par les hauts responsables de l’État, civils et militaires, pour organiser les dîners des mariages de leurs proches et pour assurer la logistique des cérémonies privées à Club des Pins, Moretti ou ailleurs.
Dernièrement, le personnel de l’entreprise, sollicité pour organiser le mariage d’une proche de Melzi, s’est soulevé en réclamant le départ du PDG, perçu comme un homme appuyé, protégé et intouchable.
Critiqué par la presse pour sa gestion, qualifiée de «très discutable », Hamid Melzi, présenté comme proche d’hommes puissants au sein de l’État, a su résisté à toutes les tempêtes.
Il ne répondait presque pas aux critiques, cultivant le secret et entretenant l’énigme. En 2015, des informations avaient été publiées sur son limogeage de la direction de la résidence Sahel. Pas de réponse de sa part.
En 2017, il était entré en conflit avec les services de la gendarmerie de Staouéli après l’ouverture d’une enquête sur les deux résidences à Club des Pins et Moretti. Toutes les attaques dans la presse sur son implication présumée dans des affaires louches n’ont reçu aucune réponse de sa part aussi.
Il a adopté le silence et « le laisser dire » comme une stratégie. Il est considéré par certains initiés comme une véritable « boite noire » de la côte ouest d’Alger, un homme du système qui a parfaitement compris les codes de conduite, qui se pliait devant les rafales de vent sans se briser, qui laissait passer les tourbillons sans ouvrir les fenêtres et qui rebondissait toujours avec la même efficacité. Jusqu’à sa fin de fonctions, annoncée hier dans un communiqué laconique de la présidence de la république. Il était l’un des symboles du système, qui a « privatisé » des plages de la côte ouest d’Alger, pour la nomenklatura et la clientèle du régime.
Son limogeage survient dans un contexte politique marqué par la révolte populaire contre le système et ses symboles, et la multiplication des enquêtes sur la corruption et la dilapidation de deniers publics.