Société

Hana Ghezzar Bouakkaz, le softpower à l’algérienne

Hana Ghezzar Bouakkaz est une journaliste connue des médias TV. Elle a fait ses premières classes sur Canal Algérie puis sur Djazairia One, avant de devenir chroniqueuse et animatrice d’émissions en France : France Maghreb 2, Beur FM, IRM Radio.

Actuellement, elle anime des émissions sur El Hayat TV. La célèbre journaliste-animatrice crée le trait d’union entre plusieurs cultures : maghrébine, orientale et occidentale. Elle revendique haut et fort son appartenance à un pays riche d’une culture millénaire et défend bec et ongles l’apport positif de la diaspora algérienne dans le monde.

La ville d’Oran a vu naître Hana Ghezzar Bouakkaz dans l’Algérie post-indépendance. « Mes parents sont originaires de Tébessa, ville frontalière de la Tunisie. J’ai donc baigné dans les deux cultures », confie-t-elle.

Après le Bac, Hana suit des études de marketing à l’Université d’Oran avant de s’envoler vers la capitale égyptienne. « J’ai fait mes études au Cambridge Academy, puis je me suis envolée vers l’Angleterre pour poursuivre mes études que j’ai dû interrompre au bout d’un an pour rentrer en Algérie où un méga projet m’attendait : le lancement du magazine DZ People ».

À 20 ans, l’étudiante crée et dirige DZ People, un magazine socio-culturel de haute facture. Cette aventure durera trois ans et lui vaudra d’être affublée du titre de « La plus jeune éditrice en Afrique ».

Premiers pas dans le monde de la télé

Hana décide alors de suivre une formation en audiovisuel en France. Elle saute dans un avion et rejoint l’Académie audiovisuelle de Paris où elle suit les cours, sous la houlette de Richard Joffo, le fondateur de cette école d’audiovisuel.

« Parallèlement aux cours, je passais avec mes camarades sur IRM radio pour présenter des chroniques. Cette formation m’a ouvert les portes de certains médias français. J’ai pu, participé, par exemple, à des émissions sur Beur FM TV. J’étais chroniqueuse sportive. Je ne comprenais rien au foot, mais je me suis attelée à réussir tant ma détermination était titanesque ! », se souvient-elle en éclatant de rire.

Par la suite, Hana Ghezzar présente « Le Shot des cultures » et « Tout feu tout femme » sur France Maghreb 2. « J’ai voulu me démarquer en tant que journaliste qui crée des ponts entre la culture maghrébine, occidentale et orientale », confie-t-elle

Une autre aventure commence pour la jeune oranaise. La Télévision algérienne l’accueille. « J’ai produit et animé ma première émission intitulée « Le Shot des cultures » sur Canal Algérie, avant de passer sur un média privé : Djazairia One, où j’ai présenté « Lemet Lehrayer » avec Yasmine Ammari. Lorsque cette chaîne a mis la clef sous la porte, j’ai travaillé à Echorouk TV, pendant deux ans ».

Du côté de la diaspora algérienne

Hana a un cheval de bataille : défendre, en toute objectivité, les Algériens qui sont vilipendés en France. « En tant que journaliste, je sais ce qui se passe dans les coulisses. C’est une véritable guerre médiatique que subissent les Algériens. Certains médias français, sous influence étrangère, font tout pour écorner l’image des Algériens en leur attribuant tous les méfaits : vols, délinquance… Jamais on ne parle de ceux qui réussissent. En voyant cette injustice, j’ai décidé qu’il fallait rétablir la vérité et mettre en lumière les Algériens qui ont du succès. À travers mes émissions, je fais du ‘country branding’ pour donner à mes compatriotes une visibilité ».

Comment Hana Ghezzar essaie de promouvoir le caftan algérien

La journaliste est souvent invitée pour présenter des événements artistiques, en France ou ailleurs. « J’ai porté fièrement, à plusieurs reprises, la Mlahfa Chaoui et le Karakou algérien à l’Unesco, comme j’arbore souvent le caftan algérien, à chaque fois que l’occasion se présente. Nous, les Algériens, respectons les cultures des autres en mettant en valeur la nôtre qui est très riche ».

Et de renchérir à propos du caftan : « Le caftan est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce costume a été introduit en Algérie par les Ottomans. Le caftan a ensuite voyagé ailleurs, mais sa première escale a été en Algérie », insiste-t-elle.

Actuellement, Hana est sur un nouveau projet. « Je prépare une nouvelle émission pour El Hayat TV. Elle s’intitule « L’Algérie » et recueillera les témoignages de personnalités connues ».

Même si elle vit désormais dans la capitale parisienne, Hana Ghezzar Bouakkaz est souvent en Algérie pour son travail. Et à l’étranger, la journaliste continue à mettre en valeur tout ce qui fait la richesse et la beauté de notre patrimoine.

Avec la cheffe Sherazade ou le créateur de contenu Iyas Begriche, Hana Ghezzar Bouakkaz fait partie des nouvelles figures du soft power algérien. Sur les réseaux sociaux, ils multiplient les apparitions pour s’afficher avec des tenues traditionnelles algériennes comme le caftan, le burnous ou le karakou, promouvoir l’art culinaire du pays et la destination Algérie.

Ces nouvelles figures, on les retrouve pratiquement dans toutes les batailles sur les réseaux sociaux pour dénoncer des atteintes à la culture et au patrimoine algériens, notamment de la part de certains Marocains qui s’amusent à revendiquer tout ce qui est Algérien ou Maghrébin.

Cible de l’extrême-droite et des internautes marocains

Cette nouvelle vague d’influenceurs, d’animateurs TV, de cheffes cuisiniers algériens sont apparues ces dernières années au sein de la diaspora algérienne en France où les Algériens tentent de s’organiser pour participer au développement de leur pays, mais aussi pour se défendre contre les attaques récurrentes de l’extrême-droite et du lobby marocain.

En choisissant de défendre le patrimoine et l’art culinaire algériens, Hana Ghezzar Bouakkaz se retrouve souvent ciblée par les internautes marocains sur les réseaux sociaux. Et quand elle promeut des événements liés à l’Algérie en France, elle devient la cible de l’extrême-droite.

Le 5 mars, Hana Ghezzar a annoncé avoir déposé une plainte pour cyber-harcèlement contre Marion Maréchal Le Pen, à l’époque numéro deux du parti d’Éric Zemmour, Reconquête !

L’animatrice algérienne, dont le magazine Forbes lui a consacré un portrait, a été accusée d’ « apologie de crimes de guerre » par la nièce de Marine Le Pen suite à l’appel qu’elle a lancé le 16 février pour une manifestation à Paris afin de commémorer la Journée du chahid qui est célébrée le 18 février de chaque année en Algérie.

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