Le Hezbollah libanais a confirmé ce samedi 28 septembre la mort de son chef Hassan Nasrallah. L’armée israélienne avait annoncé dans la matinée avoir tué le chef du mouvement chiite dans une frappe aérienne qui a visé dans la nuit de vendredi à samedi le QG de l’organisation dans la banlieue sud de Beyrouth (Liban).
Israël franchit ainsi l’une des dernières lignes rouges et ouvre grandes les portes à une guerre totale dans la région.
« Sayed Hassan Nasrallah a rejoint ses compagnons martyrs, dont il a conduit la marche pendant près de trente ans », a annoncé le Hezbollah dans un communiqué en début d’après-midi.
Nasrallah, 64 ans, était le secrétaire général du mouvement chiite depuis 1992.
Son assassinat survient moins de deux mois après celui du chef du Hamas palestinien Ismaël Hania, tué à Téhéran le 31 juillet, et près d’une année après le début de l’agression contre la bande de Gaza qui a fait près de 42 000 morts parmi les civils palestiniens.
Depuis quelques jours, Israël a porté la guerre vers le nord, contre le Hezbollah implanté à Beyrouth et dans le Sud-Liban. Le 18 septembre, les services israéliens ont orchestré une attaque spectaculaire et inédite aux bippers piégés, faisant plusieurs morts et 3000 blessés parmi les éléments du Hezbollah et les civils libanais. Depuis, l’aviation israélienne a intensifié ses frappes sur le Sud-Liban et la partie sud de Beyrouth qui abrite notamment le QG du mouvement.
L’attaque de la nuit de vendredi à samedi a été fatale pour le chef du Hezbollah et plusieurs de ses proches collaborateurs. "La plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah ont été éliminés dans les frappes de ces derniers jours, a assuré l’armée israélienne.
Par cet assassinat, Israël a soldé un vieux compte avec le mouvement chiite qui lui a infligé l’une de ses rares défaites lorsqu’il a contraint l’armée sioniste à évacuer le Sud-Liban en 2006.
En soldant ce compte, Israël a peut-être commis le casus belli qui déclenchera la guerre généralisée tant redoutée au Moyen-Orient. Tous les regards sont en effet braqués sur Téhéran depuis l’annonce de la mort du chef du Hezbollah, un mouvement affilié à l’Iran depuis sa création.
Que fera l’Iran après cet énième affront ? Il s’agit du troisième acte grave commis par Israël à l’égard de l’Iran en quelques mois, après le bombardement du consulat iranien à Damas en avril dernier et l’assassinat d’Ismaël Hania fin juillet à Téhéran même où il était venu assister à l’investiture du nouveau président iranien.
Que fera l’Iran après l’assassinat du chef du Hezbollah par Israël ?
« La ligne glorieuse du chef de la résistance, Hassan Nasrallah, se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération d’el Qods, si Dieu le veut« , a réagi l’Iran par la voix de son ministre des Affaires étrangères Nasser Kanani, suite à l’annonce de la mort de Nasrallah.
Des échos parvenus de Téhéran ont indiqué que la première mesure prise par les autorités a été de mettre le Guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei en lieu sûr de crainte que sa résidence soit bombardée par l’armée israélienne.
La succession des évènements de ces derniers mois et semaines laisse supposer de graves défaillances chez le Hezbollah et l’Iran. Seule une infiltration à large échelle pourrait expliquer cette facilité et cette efficacité avec laquelle frappe Israël a chaque fois, jusqu’au cœur de Téhéran.
Après le bombardement de son consulat à Damas, l’Iran avait répliqué à la mi-avril par des tirs de missiles sur le territoire israélien, quasiment tous interceptés.
Cette fois, les analystes estiment que l’Iran est devant un dilemme : riposter à grande échelle et tomber dans le "piège" qui lui est peut-être tendu ou perdre définitivement la face en passant l’éponge sur cet énième affront.
Dans sa réaction à l’assassinat de Nasrallah, le Guide suprême n’a pas proféré directement la menace d’une guerre ouverte et n’a pas mentionné le nom du chef du Hezbollah assassiné. Ali Khamenei a fait un appel aux musulmans pour soutenir le Liban et le Hezbollah.
"Toutes les forces de la résistance de la région sont aux côtés du Hezbollah et le soutiennent. Il est obligatoire pour tous les musulmans de se tenir fièrement aux côtés du peuple libanais et du Hezbollah avec leurs ressources et de l’aider à affronter Israël", a déclaré le guide Iranien.
L’assassinat du chef du Hezbollah était considéré par les observateurs comme la ligne rouge qu’Israël ne devait pas franchir. Désormais, il n’est pas exclu que l’État hébreu aille plus loin encore dans la provocation et sa folie terroriste. Le spectre d’une guerre généralisée plane désormais plus que jamais sur le Moyen-Orient.
La responsabilité incombe évidemment au gouvernement israélien d’extrême-droite mais aussi aux occidentaux qui couvrent ses crimes et ses excès notamment depuis le 7 octobre 2023.