L’augmentation des frais de scolarité dans les universités françaises, annoncée lundi, par le Premier ministre Edouard Philippe, a soulevé un tollé parmi la communauté estudiantine française et internationale, notamment en Algérie.
La nouvelle mesure qui vient compliquer encore davantage l’accès des Algériens aux universités françaises, un nouvel obstacle infranchissable pour de nombreux étudiants qui ont le projet d’étudier en France.
Pour ceux qui sont déjà inscrits dans des universités françaises et à qui il reste des années d’études, cette augmentation est perçue comme un piège, une trahison.
En licence, les frais de scolarité dans les universités françaises passeront de 170 euros à 2770 euros par an et en master et doctorat, ces frais passeront de 243 et 380 euros respectivement à 3770 euros, dès l’année prochaine.
Ces hausses vertigineuse contredisent, selon la plupart des étudiants qui ont réagi à leur annonce, l’argument d’Edouard Philippe, selon lequel, elles font partie d’une « stratégie d’attractivité » pour les universités françaises.
« De 256€ à 3770€ le master… « Attractivité » ? Ah l’ironie », a réagi un étudiant algérien sur la page Facebook Campus France Algérie qui croule sous les commentaires ironiques et les questionnements inquiets des jeunes Algériens.
D’une façon générale, la nouvelle passe mal. « Augmenter les frais d’inscription pour rendre la formation attractive, ce n’est pas faire le choix de l’excellence mais celui de l’élite (économique), un étudiant brillant avec des conditions économiques défavorables ne pourra jamais payer son inscription », a réagi un autre jeune algérien, toujours sur Campus France.
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Amertume et déception
De nombreux étudiants algériens en France vivent déjà une situation de précarité indéniable. La faiblesse du dinar face à l’euro, les difficultés, plus grandes chaque année, qu’ils rencontrent dans la recherche d’emplois à mi-temps et de logements en France épuisent déjà les étudiants qui ne sont pas soutenus par des familles aisées.
La hausse des frais de scolarité « au mieux, créera un trou béant dans les budgets des étudiants qu’ils devront compenser en rognant sur leur niveau de vie et, au pire, obligera certains d’entre eux tout simplement à arrêter leur études et à rentrer chez eux », explique à TSA Rachid, étudiant en deuxième année licence à Paris.
« C’est un investissement de venir ici, on paye à chaque étape de nos démarches, le test de langue (TCF), le visa, les billets d’avion, les loyers et diverses factures pour qu’au final, on rentre bredouille après une année ou deux d’études ! », dénonce l’étudiant.
Toutefois, pour les étudiants déjà inscrits, les frais de scolarité ne devraient pas changer jusqu’à la fin du cycle déjà entamé, affirment des étudiants, selon un document émis par le gouvernement français pour expliquer la « stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux ».
« Les étudiants internationaux qui ne sont pas ressortissants d’un pays de l’espace économique européen ou de la Suisse et qui s’inscrivent, pour la première fois, dans un cycle supérieur de formation en France, seront amenés à acquitter des frais d’inscription différenciés », est-il précisé dans le document. Un détail qui pourrait atténuer les inquiétudes ne serait-ce que celles des étudiants déjà inscrits dans des universités françaises.
« Je suis en dernière année, cette hausse ne me concerne pas directement mais ma sœur comptait venir faire un master en langues ici l’année prochaine et si la hausse est confirmé, son projet tombera à l’eau, ma famille n’a pas les moyens de payer autant », regrette Anissa, étudiante en sciences politiques à Paris 8. « C’est un peu une tradition à laquelle on met un terme, puisque même mon père a fait ses études ici », ajoute-t-elle.
Une décision des plus impopulaires
L’annonce faite par le Premier ministre français est des plus impopulaires et la riposte de la communauté estudiantine française et internationale n’a pas tardé à se manifester.
Sur les réseaux sociaux, la hausse vertigineuse des frais de scolarité est vue comme un coup dur pour les étudiants africains. En réaction, les appels à «aller voir ailleurs », se sont multipliés.
Même les étudiants français et européens se sont inquiétés par la décision du gouvernement. L’Unef, un des principaux syndicats étudiant français s’est opposé à l’augmentation des frais de scolarité et a alerté sur une possibilité de leur augmentation pour tous les étudiants.
Plusieurs pétitions en ligne ont été lancées pour dénoncer la décision. Elles sont initiées par des étudiants, des groupes d’étudiants ou des syndicats français mais également africains. Certaines d’entre elles ont déjà accumulé plus de 120 000 signatures.
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