Les prix des poissons ont atteint des niveaux à peine croyables en Algérie dont la côte s’étend sur plus de 1 200 kilomètres. Sur les étals, la sardine très appréciée des Algériens se vend à 1 000 DA le kilo, s’alarme Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur (Apoce). Du coup, il s’inquiète que le consommateur soit privé d’un élément aussi important que l’Oméga 3.
Pour expliquer les prix excessifs de la sardine, qui était considérée autrefois comme le poisson du pauvre pour son prix accessible aux couches défavorisées, le ministre de la Pêche et des ressources halieutiques, invité dimanche 10 janvier de la Radio nationale, a admis une faiblesse chronique de l’offre en poisson sur le marché.
« Nous sommes dans une période, et c’est ce que disent les scientifiques et les professionnels, de hors saison. L’offre est très faible, et dans les ports, il y a peu de navires qui sortent en raison des mauvaises conditions météorologiques », a expliqué Sid-Ahmed Ferroukhi pour qui cette situation s’étalera jusqu’à fin février.
Après cette période, « nous reprendrons les quantités normales d’offre qui ramèneront les prix aux niveaux d’avant », promet le ministre. « On a tendance à parler des prix que lorsqu’ils flambent, mais moins quand ils sont à leur niveau normal », a-t-il ajouté, sans autre précision sur ce qu’il entend par « niveau normal ».
M. Ferroukhi met en cause aussi la spéculation. « Lorsqu’un produit se raréfie, il y a la règle de l’offre et demande, mais aussi une spéculation qui fait que le niveau des prix est plus haut de ce qu’il devrait être. Mais il faut reconnaître qu’on est aujourd’hui en période hors saison » pour la pêche, faisant que « la disponibilité n’est pas là ».
Il ajoute, en affirmant que « les spécialistes disent que, biologiquement, la période actuelle n’est pas celle de la disponibilité de la ressource halieutique. Il faut prendre ces éléments-là et les intégrer. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut faire d’efforts et qu’il n’y a pas d’alternatives. Ces alternatives il faut les construire. La demande qui s’exprime aujourd’hui est en soi positive, c’est-à-dire qu’il y a un marché et une opportunité », conclut M. Ferroukhi.
L’Apoce propose d’importer la sardine congelée
Cependant, à entendre Mustapha Zebdi, l’argument de Sid Ahmed Ferroukhi n’est pas recevable. « On a l’habitude d’être dans des périodes hors saison, mais le prix de la sardine n’a jamais atteint 1 000 DA le kilo », remarque M. Zebdi dans une déclaration à TSA, ce lundi.
Le président de l’Apoce relaie la plainte des sardiniers sur la hausse des prix de « tous les produits de pêche ». « Bien évidemment, ils ne vont pas vendre à perte », ajoute M. Zebdi qui fait remarquer néanmoins que c’est le simple consommateur qui est pénalisé.
Pour remédier à la raréfaction de l’offre en poissons, Mustapha Zebdi suggère d’importer la sardine congelée afin de satisfaire la demande locale et tirer par la même occasion les prix vers le bas.
« Tout le monde sait que nous ne sommes pas un pays ‘’producteur’’ de poisson, il n’y a qu’à voir le prix de la sardine à 1 000 DA/kg et la crevette à 4000 DA/kg », observe M. Zebdi.
Mais cette option d’importer est contrariée par la taxe de 1% sur les poissons congelés d’importation. « Idéalement on taxe les produits qui, et nous sommes pour une forte taxation, sont fabriqués localement », développe M. Zebdi.
« Il est vrai qu’aujourd’hui on se dirige vers la rationalisation des dépenses. Mais pourquoi n’a-t-on jamais pensé à importer la sardine congelée ? Sur les marchés mondiaux, la sardine de bonne qualité se vend à un 1,50 euro. On est en train de voir que tout ce qui est source d’Oméga 3 n’est pas à la portée des citoyens. On a pourtant importé de tout, même du sable et des galets », fulmine le président de l’Apoce.
Il s’étonne du fait que l’Algérie n’ait pas songé à nouer des partenariats avec la Mauritanie dont l’immense façade atlantique regorge de ressources halieutiques en abondance.