En Algérie, une grève nationale sera observée les 26 et 27 avril prochains à l’appel de plus de 29 syndicats des différents secteurs de la Fonction publique.
Une action de protestation qui vient exprimer « la colère des travailleurs” et qui intervient après avoir examiné “la situation sociale dangereuse des fonctionnaires et travailleurs algériens en raison de la dégradation du pouvoir d’achat et la hausse des prix des produits de large consommation”, a indiqué la Confédération des syndicats autonomes algériens (CSA) dans un communiqué publié le 16 avril dernier.
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Les principales revendications
Ce mercredi, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), explique à TSA les principales revendications des syndicats.
“Nous demandons une revalorisation du point indiciaire à 100 DA (contre 45 DA actuellement), la mise en place d’un observatoire pour la protection du pouvoir d’achat, qui est une revendication que la confédération des syndicats algériens porte depuis 2016 et l’ouverture du dossier de révision du régime indemnitaire, qui n’ a pas changé depuis 2008”, a tout d’abord expliqué le Dr Merabet.
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Il poursuit : “Nous souhaitons, aussi, que la révision du régime indemnitaire puisse être entrepris dans les différents secteurs, avec les syndicats qui représentent les fonctionnaires, et que la réglementation de la République concernant la bonification des primes spécifiques aux zones, et notamment pour les régions du sud, de l’intérieur, et des Aurès soit appliquée”.
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Le Dr Merabet explique que “des primes ont été bonifiées mais sont toujours comptabilisées sur la base de l’ancien salaire de 1989 , alors que le salaire de base a complètement changé, notamment depuis l’année 2008”.
Incapacité à juguler l’inflation
S’exprimant sur les revendications liées à la révision de la grille indiciaire des salaires des fonctionnaires, le Dr Merabet a pointé “l’incapacité des secteurs chargés de réguler le marché à lutter contre la spéculation”.
“Cette grève est une façon d’alerter sur la situation sociale très difficile que subissent les travailleurs et les fonctionnaires de manière générale. Une situation qui s’enlise de plus en plus chaque année, et qui aujourd’hui menace la stabilité et la cohésion dans différents secteurs de la fonction publique”, a-t-il mis en garde.
“Les salaires restent figés depuis l’année 2008. Depuis cette date, les salaires n’ont pas bougé et n’ont pas été augmentés de manière à accompagner tout ce qui a changé”, a déploré Dr Merabet.
Poursuivant, le Dr Merabet donne plus d’explications. “Beaucoup de choses ont changé depuis, à commencer par la dépréciation importante de la valeur du dinar algérien. Les taux d’inflation sont en constante augmentation depuis plus d’une dizaine d’années. Durant les cinq dernières années, la moyenne est de 5 à 6%. C’est important en termes de dépréciation de pouvoir d’achat puisque cela l’impact directement. Et à cela s’ajoute l’anarchie qui règne en ce qui concerne les prix”, a développé le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique.
“Cette tendance inflationniste des prix, nous n’arrivons pas à la comprendre. Nous faisons le constat amer que les secteurs chargés de réguler le marché et de lutter contre la spéculation, pour pouvoir maintenir les prix à des niveaux acceptables et gérables, n’ont pas pu le faire jusqu’à présent. C’est une situation qui impacte directement le pouvoir d’achat et la possibilité pour les citoyens que nous sommes, fonctionnaires ou non, à pouvoir assurer le minimum des besoins pour les ménages », a regretté Dr Merabet.
“Cela a réveillé en eux un sentiment d’injustice”
Au début du mois d’avril, un décret présidentiel fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires a été publié au Journal officiel. Il prévoit notamment une augmentation de 50 points indiciaires pour tous les fonctionnaires, soit une hausse sur salaire minimum de 2.250 DA.
“A l’annonce de la nouvelle grille des salaires à travers sa publication au journal officiel, les fonctionnaires ont été choqués de découvrir le niveau des augmentations proposées. Cela a réveillé en eux un sentiment d’injustice, mais surtout une déception profonde après avoir tant espéré des promesses réitérées plusieurs fois par les autorités qui s’étaient engagées à améliorer de façon significative le pouvoir d’achat des citoyens”, raconte le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique.
“Des revendications à la portée du gouvernement”
Le Dr Merabet, qui tient à alerter sur “une menace grandissante sur l’accès et la qualité des prestations sociales, que ce soit pour la santé, l’éducation ou pour le transport”, estime que les revendications des syndicats “sont à la portée du gouvernement”.
“Nous sommes disposés et disponibles pour discuter autour d’une table des possibilités à travers lesquelles on pourrait trouver des consensus et des solutions. Nous restons attachés à cette plateforme de revendications et à notre action de protestation du 26 et 27 avril prochains, en gardant l’espoir que du côté du gouvernement, une voie de dialogue directe et responsable soit proposée pour les syndicats que nous sommes”, a-t-il dit.