Économie

Hausse du SNMG et suppression de l’IRG : quel impact sur l’économie et le pouvoir d’achat des travailleurs ?

Le Conseil des ministres, réuni dimanche dernier, a décidé d’augmenter le Salaire national minimum garanti (SNMG) de 2 000 DA et de supprimer l’Impôt sur le revenu global (IRG) pour les salaires inférieurs à 30 000 DA.

Quel sera l’impact de ces deux mesures sur l’économie nationale, les salaires et le pouvoir d’achat des travailleurs ? Un économiste et deux syndicalistes y répondent.

Professeur d’économie à l’université de Tizi-Ouzou, Brahim Guendouzi rappelle d’emblée que les mesures précitées font partie des promesses électorales du président de la République.

« Sauf que le contexte dans lequel elles vont être appliquées est celui d’une pandémie et de crise pétrolière mondiale. Ces mesures vont donc être difficiles à mettre en œuvre dans le cadre des dépenses publiques », estime M. Guendouzi, d’autant que le président Tebboune a décidé de réduire le budget de fonctionnement de 50% dans la prochaine Loi de finances complémentaires.

« Entre temps, subissant les effets de la pandémie sur les plans économique et social, les pouvoirs publics ont décidé de réduire de 50% le budget de fonctionnement (hors salaires). Pour le moment, on ne connait pas dans quelle rubrique de la structure du budget de fonctionnement la coupe va se faire. Nous n’avons pas de détails. Peut-être qu’on le saura lorsque le projet de loi de finances complémentaire (LFC) sera adopté », tient-il à préciser.

Concernant la hausse du SNMG de 2 000 DA, M. Guendouzi avance que « 2 000 DA par les temps qui courent ce n’est pas beaucoup, mais je pense que c’est un geste qui a été fait (par le gouvernement) ».

Concernant la suppression de l’IRG, l’économiste estime que « l’incidence sera conséquente pour les bas salaires ».

D’autres voix estiment néanmoins que cette mesure va créer une « injustice » dans le sens où les salaires des bénéficiaires de cette mesure (de suppression de l’IRG) peuvent dépasser certaines autres catégories qui n’en sont pas concernées. C’est notamment l’avis du coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane.

Le syndicaliste cite l’exemple d’un factotum dans un établissement de l’Éducation. « Il touche 29 000 DA, il est donc concerné par la mesure. Il ne va pas payer l’IRG. Par conséquent, il va dépasser le salaire d’un enseignant débutant. Ce qui est une aberration », dit-il, dans le cadre où l’employeur sera obligé de répercuter la baisse sur les salaires. Ce qui n’est pas encore acquis.

Il préconise de rapporter la suppression de l’IRG « proportionnellement à chaque salaire ». « Comme ça, tout le monde va bénéficier de ce rabattement », observe-t-il. « On ne peut pas mettre dans le même panier quelqu’un qui touche 45 000 DA et un autre dont le salaire est de 35 000 DA », estime M. Meriane.

Si ça continue comme ça, la classe moyenne disparaîtra, et il y aura deux classes, les riches et les pauvres ». Selon M. Meriane l’approche adoptée par les pouvoirs publics « n’est pas logique ».

Pour le SNMG, qui va être augmenté de 2 000 DA à partir du 1er juin, Meziane Meriane est tout aussi critique. Selon lui, ce sont les hauts fonctionnaires dont les salaires sont indexés sur le SNMG, qui vont en bénéficier. Le syndicaliste propose une « réforme profonde de la politique salariale », et relève que la mise en application de ces mesures intervient dans une conjoncture marquée par une crise planétaire. « Il y a une crise financière, on ne peut pas se permettre ces augmentations », estime-t-il.

Pour le président de la Coordination nationale des enseignants du primaire d’Alger-est, Bachir Kiouas, les récentes mesures annoncées ne « vont pas améliorer le pouvoir d’achat des salaires bas ».

Pour lui, le SNMG doit « au minimum être de 40 000 DA, en prenant en compte la dégradation du pouvoir d’achat, l’inflation, la dévaluation du dinar et les mesures économiques prises jusque-là ». Selon M. Kiouas, l’augmentation du SNMG profitera certes aux « smicards » mais arrangera davantage les cadres de l’État « dont les salaires sont indexés sur le SNMG ».

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