Les tiraillements qui déchirent régulièrement la France à propos du port du hijab s’exportent au Maroc.
Un lycée français du royaume a refoulé une de ses élèves pour port du hidjab que la direction de l’établissement considère comme « un signe religieux distinctif ». La justice marocaine a fini par trancher.
Une élève portant un voile islamique refoulée d’un lycée français au Maroc
L’affaire soulève la question de l’application des lois françaises dans les nombreux établissements scolaires que compte la France à l’étranger.
Selon le journal français Le Parisien, l’affaire remonte au 10 juin, lorsqu’une adolescente marocaine de 14 ans, scolarisée au lycée français Victor Hugo de Marrakech, a été refoulée par la direction de l’établissement après avoir refusé d’ôter son voile islamique.
La direction avait mis en avant la loi française qui interdit le port de signes religieux distinctifs dans les établissements scolaires.
La famille de l’élève a aussitôt saisi la justice en référé. Dans sa requête, elle s’est appuyée sur le fait que l’interdiction du port du hidjab n’était pas appliquée dans les autres établissements marocains de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), ainsi que sur une décision rendue en 2020 dans une affaire similaire impliquant un lycée catholique de Kénitra.
Maroc : un lycée français débouté par la justice dans une affaire de port du voile islamique
La direction de l’établissement et l’AEFE ont, pour leur part, évoqué une convention signée en 2003 entre les gouvernements des deux pays prévoyant que le règlement intérieur des établissements français peut proscrire le port de signes religieux.
Après avoir écouté les arguments de l’une et de l’autre partie, le tribunal de première instance de Marrakech a rendu son verdict vendredi 21 juin. Le juge a débouté le lycée français et l’AEFE et a ordonné la réintégration de l’élève.
Le juge a fait référence à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et la Convention internationale des droits de l’enfant, toutes deux ratifiées par le Maroc dans les années 1970.
Dans son jugement, le magistrat a ordonné au lycée français de permettre à l’adolescente de rentrer en classe et de poursuivre sa scolarité, estimant que l’empêcher de le faire constituerait « une menace imminente pour son droit à l’éducation ».
L’AEFE est, en outre, sommée de payer 500 dirhams (47 euros) pour toute journée de retard dans l’exécution du jugement.
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