Politique

Hirak, Algérie-France, Algérie-Maroc… : entretien avec Gilles Kepel

Le politologue français, spécialiste de l’Islam et du monde arabe contemporain, Gilles Kepel, vient de publier Le prophète et la pandémie, du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère*, un ouvrage qui décortique les rapports et les enjeux dans le monde arabe après l’année-charnière que fut 2020.

Dans cet entretien exclusif à TSA, il parle de son livre, du Hirak algérien, des printemps arabes, de l’islamisme et de nombreux autres points liés à l’actualité du monde arabe et musulman.

Votre nouveau livre qui traite de la situation géopolitique au Moyen-Orient et dans le monde arabo-musulman est intitulé « Le prophète et la pandémie ». D’abord, pourquoi un tel titre ? La dimension religieuse est-elle déterminante dans les enjeux actuels dans la région ?

Il m’a semblé intéressant de mettre en rapport les bouleversements engendrés par la pandémie et la manière dont cela avait bougé les rapports de force géopolitiques en Méditerranée et au Moyen-Orient.

Pour commencer par le « père » des prophètes, Abraham, il a donné son nom à l’accord entre Israël et quatre pays arabes – Émirats Arabes Unis, Bahreïn, Soudan et Maroc – qui change profondément la donne.

Et en réislamisant Sainte-Sophie le 24 juillet, Erdogan a montré qu’il voulait prendre l’hégémonie sur l’islam politique, apparaître comme le héraut et le héros des musulmans du monde, le commandeur des croyants successeur du Prophète Mahomet, dont il portait la « colère », disputant ce leadership à l’Arabie Saoudite, qui n’a pu organiser le hajj cette année pour des raisons prophylactiques…

La pandémie de Covid-19 bouleverse l’économie mondiale depuis plus d’une année. Dans quelles proportions faudra-t-il s’attendre à un chamboulement de l’agenda géopolitique dans le monde, particulièrement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord du fait des répercussions de cette crise sanitaire, d’autant plus que l’année 2020 a vu la conjonction d’autres événements importants dans la région et que vous égrenez dans votre livre ?  

La première conséquence de la crise de la Covid-19 dans la région a été l’effondrement des prix du baril du fait de la mise à l’arrêt de l’économie mondiale.

Il a plongé jusqu’au cours négatif de – 35 $ le baril fin avril (2020), du jamais vu depuis que le pétrole existe !

Il a remonté depuis mais cela a été un tel coup de semonce que les pétromonarchies ont décidé pour de bon de se lancer dans la transition énergétique, afin d’en contrôler une part telle qu’elles garderaient la main, grâce aux investissements de leurs fonds souverains énormes – 1000 milliards de $ sous gestion à Abou Dhabi par exemple.

Et je crois que cela a joué un rôle décisif dans les « accords d’Abraham » : les Émirats, à travers la paix, peuvent investir dans la start-up nation israélienne, acquérir des brevets et de la technologie nécessaires à la production d’hydrogène vert, qui nécessite d’importants investissements en capital comme en matière grise.

Et Néom, le mégaprojet futuriste de Mohammed ben Salman, est situé à une heure de voiture d’Eilat en Israël, à travers la Jordanie.

On voit bien aussi que le Maroc, signataire de ces accords, va pouvoir développer de l’hydrogène vert, alors que l’Algérie ne dispose pas des réserves de devises pour mettre en œuvre l’après-pétrole : cela peut changer les équilibres nord-africains.

Vous insistez beaucoup sur le désengagement américain sous l’impulsion de Donald Trump qui a permis à d’autres acteurs de s’engouffrer dans le jeu géopolitique au Moyen-Orient. Faudra-t-il tout reconsidérer maintenant que l’Amérique a un nouveau président dont l’orientation semble différente de son prédécesseur ? 

Joe Biden poursuit le désengagement américain, trop coûteux financièrement et électoralement : Trump avait gagné en 2016 en appelant à la fin des « guerres interminables »  grâce à quelques milliers de voix dans le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie, où étaient morts de nombreux jeunes partis s’engager en Irak ou en Afghanistan.

Le retrait final d’Afghanistan a été annoncé pour le 11 septembre 2021, date symbolique vingt ans après l’attaque d’Al Qaïda sur New York et Washington… mais l’enjeu pour 2021 est d’éviter que cela tourne à la déroute pour l’Amérique, comme à Saïgonen 1975… c’est pourquoi la nouvelle administration s’efforce de reconstruire une région pacifiée en réintégrant l’Iran dans un JCPOA – le traité de non-enrichissement de l’uranium signé par Téhéran en échange de l’accès au nucléaire civil et au commerce mondial – nouvelle manière. Mais on en est encore loin.

Plus clairement, l’élection de Joe Biden apportera-t-elle plus de démocratie et de libertés au monde arabo-musulman ? Jusqu’où ira-t-il par exemple sur le dossier des droits de l’Homme avec des pays comme l’Arabie Saoudite ou l’Egypte ?

Le Congrès dominé par le parti démocrate a établi des exigences de respect des droits de l’homme qui vont tendre les relations avec certains alliés des États-Unis : c’est le cas avec Mohamed ben Salman, depuis que le rapport sur l’assassinat de Jamal Khashoggi a été diffusé par la CIA, avec Israël, où est dénoncée la répression dans les territoires palestiniens (de nouveau dénommés « occupés »), de la Turquie – Biden vient de donner son premier coup de fil à Erdogan depuis sa prise de fonction… pour lui annoncer qu’il reconnaît le génocide arménien…

Bref il y a une politique de pressions dont on verra si elle se heurte rapidement à la realpolitik ou non … Car la mise en œuvre du dégagement nécessite de sous-traiter les missions militaires à des alliés régionaux, ce qui sera difficile si s’instaure une relation de défiance.

Vous parlez des printemps arabes de 2011 comme étant un échec mais vous semblez quelque peu plus indulgent avec les soulèvements de 2019-2020. En quoi les deux vagues sont-elles différentes ?

Les quatre soulèvements de 2019 ont visé des régimes qui n’étaient pas, contrairement à 2011, liés à l’Occident ni à la Russie, mais à l’islam politique.

Côté chiite – le Hezbollah au Liban et les milices pro-iraniennes en Irak en ont été les cibles, côté sunnite le dictateur militaro-islamiste Omar al Béchir au Soudan, proche d’Erdogan et qui avait affermé le pays aux Frères musulmans, et bien sûr Bouteflika, dont la « concorde civile » avait permis de coopter les islamistes dans le système du pouvoir en leur octroyant de grasses prébendes en échange de leur renonciation à la violence armée après le « jihad » de 1992-1997 animé par l’AIS et le GIA.

Dans deux cas, l’Irak et le Soudan, il y a eu comme conséquence un vrai changement démocratique, avec M. Kadhimi à Bagdad qui n’est pas, contrairement à ses prédécesseurs, une marionnette de Téhéran et qui tient en lisière les groupes paramilitaires de la « mobilisation populaire » (al hashd ashsha’abi) affidés de l’Iran, et avec une entente militaro-civile à Khartoum qui s’efforce à ce jour de recréer une dynamique démocratique issue des aspirations des insurgés.

Au Liban en revanche, tout s’est effondré, sous le coup de la Covid ajouté à la corruption et au clientélisme…

L’Algérie n’a pas bougé en 2011, mais elle s’est brutalement soulevée en 2019 et le mouvement se poursuit toujours. Pourquoi ?

Pour ce qui est de l’Algérie, en 2011 je crois que le traumatisme des années noires, avec leur litanie de massacres, était encore dans toutes les mémoires.

Huit ans plus tard, la génération des jeunes qui descendent dans la rue en 2019, qui ont vingt ans, n’étaient pas nés en 1997, n’ont pas le souvenir des tueries de Raïs et de Bentalha et de tout ce qui a précédé, les « faux barrages », les exécutions sommaires, et ces horreurs qui ont traumatisé leurs aînés.

Toutefois, le mouvement s’est voulu pacifique, quasiment gandhien, pour éviter de donner prise à la répression violente et à la spirale de guerre civile.

Cela a été efficace dans un premier temps, puisque l’état-major, incarné par feu le général Gaïd Saleh, a fini par lâcher Bouteflika. Mais sa substitution par M. Tebboune s’est traduit par le fameux « yetnahaw gaâ » de Sofiane, le pizzaiolo de l’ex-rue d’Isly (actuelle rue Larbi Ben M’hidi), qui me semble un slogan particulièrement significatif.

Ce n’est ni le « Digaj ! » tunisien, ni le très structuré « ashsha’ab yourid isqat al nizam » de l’arabe grammatical. Il traduit bien l’intensité de la mobilisation autour d’un mot d’ordre fédérateur de rejet du système, les « extirper tous », mais il ne se donne pas les moyens de prendre en mains la transition par la structuration d’un parti, ou d’un mouvement structuré.

Mais d’une part, l’Algérie est dirigée par une armée qui contrôle et redistribue la rente des hydrocarbures (en s’en attribuant une large part, derrière Israël mais devant l’Arabie Saoudite en valeur relative) et, comme c’est le cas en Égypte, celle-ci a voulu contrôler la succession.

Cela a été favorisé par la pandémie, qui a contraint les manifestations à s’interrompre, alors même que le référendum constitutionnel a été marqué par une très faible participation et que le président a été lui-même éloigné longtemps par les soins reçus en Allemagne…

Sur la reprise du mouvement aujourd’hui, et la présence d’islamistes (qui étaient absents – en tous cas en termes de visibilité publique– lors de la première phase), j’ai trouvé personnellement très pertinentes les analyses de Kamel Daoud parues dans sa dernière rubrique hebdomadaire de Liberté, consacrée à la condamnation de l’emprisonnement de notre collègue islamologue Djabelkheir pour délit d’opinion.

Dans quelle case peut-on classer le Hirak algérien ? Est-il atypique ?

Le hirak est le produit de la situation particulière de l’Algérie, que je viens d’évoquer, mais aussi des contraintes de son histoire récente. Il est aujourd’hui un mouvement que tentent d’infiltrer et de manipuler deux acteurs en manque de légitimité : le pouvoir et la mouvance de l’islam politique, flanquée des salafistes.

Leur objectif commun est de le vider de sa substance et d’en récupérer des morceaux. Or, et c’est sa faiblesse, il n’est pas apparu de « parti » qui pourrait assurer l’unité du mouvement et pousser la mobilisation jusqu’à la réalisation des objectifs – donc il est la cible de ces prédateurs…

Vous avancez dans votre livre que les islamistes, particulièrement les Frères musulmans, pèsent désormais moins lourd pour avoir soutenu pendant de longues années les autocrates qui ont été la cible de la colère populaire. Peut-on dire que la menace d’une victoire islamiste à d’éventuelles élections libres en Algérie est écartée ?

Par rapport aux années 1990 et surtout aussi depuis les lendemains des « printemps arabes » l’islamisme politique a désormais un bilan au pouvoir – alors qu’autrefois il incarnait une sorte d’utopie jamais advenue aux yeux de nombreux sympathisants, dégoûtés par la mise en coupe réglée des pays arabes après l’indépendance par les factions qui s’en étaient emparés… et ce bilan n’est pas fameux – en termes de corruption, d’autoritarisme, d’incompétence, etc.

Au début de ce siècle, la Turquie d’Erdogan incarnait cette « éthique islamique et esprit du capitalisme » si je puis dire en paraphrasant Max Weber, et il était même devenu la coqueluche de Barack Obama.

Aujourd’hui le président turc est devenu un dictateur comme les autres et sa popularité se construit par la démagogie nationalo-islamiste, dont l’affaire de Sainte-Sophie ou le combat contre Macron à propos des caricatures de Charlie Hebdo – qui reprend celui de Khomeiny contre Mme Thatcher à l’occasion du roman de Salman Rushdie Les Versets sataniques en 1989– sont l’expression.

Quant au résultat d’hypothétiques élections libres, encore faudrait-il voir qui serait le compétiteur ? En Tunisie, Nahda, qui l’avait emporté en octobre 2011, a perdu la primauté en 2014 devant le parti Nidaa Tounis de Béji Caïd Essebsi… avant que les divisions de ce dernier ne remettent Ghannoushi au centre du jeu.

Vous parlez d’une Europe timide et divisée. L’est-elle aussi vis-à-vis de l’Algérie ? Alain Juppé dit que la situation en Algérie est bloquée. Etes-vous d’accord avec lui ?

En effet, je crois que le « blocage » est un bon constat. On le voit d’abord au niveau institutionnel, l’étiage historique de la participation aux scrutins présidentiel et constitutionnel…

Également parce que l’État-major, qui avait fait du soutien au Polisario l’axe de sa stratégie maghrébine, n’a pas vu venir la signature des accords d’Abraham par le Maroc, qui a permis à Rabat de faire reconnaître par les États-Unis la marocanité du Sahara occidental, et n’a pas été à même de réagir, à ce jour, ni de mobiliser des soutiens internationaux.

L’Union européenne n’aide pas assez les pays de la rive sud de la Méditerranée pour se développer. Les pays d’Afrique du nord, dont l’Algérie, continuent d’être traités sous le prisme des risques migratoire et islamiste. Certains pensent, même s’ils ne le disent pas, que la démocratie n’est pas faite pour les pays arabes et musulmans. Y a-t-il du vrai dans ce jugement ?

L’Europe est désunie dans son action méditerranéenne, où les enjeux historiques de chaque État prévalent sur la dynamique commune.

En Libye, l’Italie et la France ont longtemps soutenu des camps antagonistes depuis la chute de Kadhafi, jusqu’à ce qu’un consensus soit à peu près trouvé.

Sur la Turquie, je l’ai évoqué plus haut, l’Allemagne joue sa carte. En Afrique du Nord, les relations avec la France restent les plus prégnantes, non pas tant du fait des États concernés que de la force de l’immigration dans l’Hexagone de millions de ressortissants originaires du Maghreb dont le poids économique et politique va crescendo – outre les problèmes sociaux et religieux qui défraient la chronique.

Pour jouer un rôle, il faut qu’elle ait une politique de défense commune – on ne peut pas construire de diplomatie sans défense, pour une raison de crédibilité.

On sait que Paris, qui garde une vision post-gaullienne de l’indépendance de l’Europe par rapport à Washington, se heurte à la plupart de ses partenaires qui estiment qu’il ne faut pas augmenter le budget militaire et déléguer la défense à l’OTAN sous influence américaine.

La position de la France demeure une énigme deux ans après le début du Hirak algérien au point d’être vilipendée régulièrement par tous les protagonistes sur place. La France cherche-t-elle à déstabiliser le pays comme le soutiennent certains ? Quels sont les enjeux algériens pour l’Europe et pour les autres puissances tant mondiales que régionales ?

La relation franco-algérienne ne parvient toujours pas à sortir de l’affect et à se construire rationnellement. Voyez le rapport Stora, censé précisément avancer sur cette question, à quoi on oppose les diatribes de M. Chikhi.

On a dans l’échec de cette entreprise un symptôme significatif de cette maladie. Peut-être a-t-on mis la charrue avant les bœufs, et la coopération économique est-elle la clef… la mémoire suivra, car elle relira le passé à partir des dynamismes du présent, et non de ses blocages.

À ce stade, la mémoire telle qu’elle a été figée, réifiée, sert de rente de situation, elle a surtout pour fonction d’obérer l’avenir. Regardez : le président Macron a envoyé comme ambassadeur à Alger le meilleur arabisant du Quai d’Orsay, profondément pénétré de la culture algérienne, bon connaisseur du dialecte – dont on a fî-ldjazaïr pu apprécier la politique de communication, il incarne l’ouverture de la France contemporaine.

Voici un geste qui montre la voie pour transcender les blocages mémoriels en se projetant vers un avenir dont une partie au moins sera partagée, dans le respect de la liberté de chacun bien évidemment, et en ce qui concerne la France, dans le souci d’une harmonie maghrébine.

La leçon est-elle tirée du succès d’un certain nombre d’élites algériennes en France – des entrepreneurs aux professeurs de médecine, des universitaires aux artistes ? Qu’est-ce qui les empêche de percoler dans leur pays natal ou d’origine familiale ?

De plus, le modèle de l’État rentier des hydrocarbures est en train de se périmer : les pétromonarchies ont engagé la transition vers la production d’énergies renouvelables.

Y a-t-il aujourd’hui un projet du même ordre en Algérie? À mon avis, l’avenir passe par une meilleure synergie avec l’Union Européenne…

Quant aux ingérences françaises, je n’y crois guère, après quatre décennies passées à étudier la région. Les enjeux ont vraiment changé d’échelle depuis l’époque coloniale : c’était du reste ce qu’a d’emblée mis en place de Gaulle – en mettant un terme à l’Algérie française pour engager la France dans le processus européen, c’est un autre horizon.

Le deal triangulaire entre le Maroc, les Etats-Unis et Israël est perçu en Algérie comme un acte du complot qui vise le pays. Pourquoi un tel accord maintenant ? Quelles seront ses répercussions ? Y a-t-il un risque de confrontation armée entre l’Algérie et le Maroc ?

Par-delà les effets politiques, la signature par Rabat des « accords d’Abraham » me semble surtout permettre au Maroc de s’engager plus avant dans l’insertion de son économie dans la mondialisation, porteuse de développement.

Joe Biden a indiqué qu’il ne reviendrait pas sur ce legs-ci de son prédécesseur. Paradoxalement, quelles qu’en soient les modalités, je suis convaincu que c’est l’ouverture internationale de l’Algérie qui peut contribuer à lui permettre de sortir d’une politique de la rente et de s’engager avec optimisme vers l’avenir.

À ce stade, et peut-être du fait de la pandémie également, les tensions algéro-marocaines n’ont pas connu d’exacerbation concrète. Pour qu’il se produise un affrontement, il faudrait que des puissances y aient intérêt et soutiennent un pays contre l’autre. Je ne vois guère de candidats, d’autant que cela signifierait aussi une menace pour la stabilité de l’Europe – on peut espérer que Bruxelles saurait au moins empêcher cela d’advenir…

Il y a une décennie, un vent de liberté soufflait sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Aujourd’hui, c’est la désillusion en matière de démocratie et de libertés, et même en termes de stabilité. Comment voyez-vous la région dans dix ans ?

Dans dix ans je serai à la retraite depuis longtemps, et je laisse à mes collègues plus jeunes le soin de ces prédictions…

Mais si on ne peut que vous donner raison sur le reflux des libertés par rapport au « moment d’enthousiasme » qu’ont déclenché durant quelques mois les « printemps arabes », il me semble que la fin de la malédiction du pétrole, qui a déchiré le tissu des sociétés en profondeur, encouragé l’autoritarisme, favorisé l’extrémisme religieux – les principaux maux dont souffre la région depuis un demi-siècle – et le passage à une économie productive permettant l’émergence de classes moyennes sera porteuse, plus rapidement qu’on ne s’y attend peut-être, d’une véritable démocratisation.

En ce sens, les leçons à tirer de cette année-charnière que fut l’an 2020 me paraissent fournir une clef pour penser le futur.

*Le prophète et la pandémie, du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère, de Gilles Kepel, éditions Gallimard. 346 pages.

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