Les autorités continuent de souffler le chaud et le froid dans leur gestion du dossier du hirak et des détenus. De nombreuses décisions ont été rendues ce lundi 24 février, allant de la relaxe à la condamnation à de la prison ferme, en passant par des amendes.
De nouvelles mises en détention provisoire ont été également prononcées et des procès programmés. Au lendemain du jugement de Fodil Boumala, qui devrait connaitre son verdict le 1er mars, le procès d’une autre figure de proue du hirak est programmé. Karim Tabbou sera en effet jugé le 4 mars devant le tribunal de Sidi M’hamed.
Au moins cinq détenus ont par ailleurs quitté la prison d’el Harrach ce lundi. Il s’agit de Saïd Madi, Kamel Ouarab et Oussaidene Ahmed, condamné dans la matinée par le tribunal de Sidi M’hamed à six mois de prison dont 2 mois fermes. Ayant été arrêtés le 29 novembre 2019 et placés sous mandat de dépôt le 1er décembre, ils ont donc purgé leur peine ferme.
Yacine Elouareth et Toufik Kerfa, détenus à la même prison, ont eux aussi retrouvé leur liberté ce lundi après avoir purgé leur peine.
Arrêtés le 24 novembre 2019 lors d’une marche nocturne à Alger, ils ont été condamnés à une année de prison ferme en première instance par le tribunal de Bab El Oued, puis à trois mois fermes en appel devant la Cour d’Alger.
Toujours au tribunal de Bab El Oued, 21 manifestants, arrêtés également lors d’une marche nocturne, ont comparu libres ce lundi 24 février et ont écopé chacun d’une amende de 50 000 Da pour attroupement non armé et trouble à l’ordre public. À Skikda, deux manifestants, Oussama Mosbah et Toufik Kadous, ont été relaxés.
Parallèlement, les mises en détentions reprennent. Au moins deux personnes arrêtées lors de la marche de vendredi 21 février marquant le premier anniversaire du hirak, ont été placée en détention provisoire.
Dimanche, le professeur d’enseignement Hamid Hamadache, de Bordj Menaïel (Boumerdès), a été incarcéré à la prison d’El Harrach. Il est accusé d’incitation à attroupement non armé et utilisation d’un téléphone portable pour communiquer avec des personnes via des vidéos directes Facebook, lors de la marche du 21 février. Son procès est programmé pour le 1er mars.
Ce lundi, une franco-algérienne, arrêtée lors de la marche de vendredi alors qu’elle faisait des live vidéos, a été placée en détention au même pénitencier. Il s’agit de Yasmine Si Hadj Mohand, ingénieur d’État en informatique, originaire d’Iferhounene (Tizi-Ouzou) et résidant en Bretagne (France). Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), la jeune femme de 36 ans est malade et se trouve sans sa trousse médicale.
La même source rapporte que Farid Boughida, qui a été condamné dimanche 23 février à 3 mois de prison ferme et 20 000Da d’amende pour attroupement non armé, a été arrêté la veille de son procès et se trouve dans un centre des services de sécurité à Ben Aknoun) avec 7 autres personnes.
Dimanche, le tribunal de Sidi M’hamed a prononcé des peines de prison ferme à l’encontre des vingt manifestants pour lesquels le procureur Sid Ahmed Belhadi avait plaidé la relaxe le 9 février.
Un verdict que le FFS a qualifié, dans un communiqué rendu public ce lundi, de « nouvelle cabale judiciaire ». « Le FFS dénonce cette nouvelle cabale judiciaire qui réaffirme la nature despotique du régime algérien et qui démontre surtout l’allégeance endémique de l’appareil judiciaire algérien aux injonctions autoritaires des vrais tenants du pouvoir » et « réaffirme son soutien agissant aux victimes de cette parodie de justice dont le camarade Kamal Nemiche », militant et élu du parti, lit-on dans le communiqué signé du premier secrétaire Hakim Belahcel.