Déterminés. C’est sans doute le mot qui sied le plus pour décrire l’état d’esprit qui anime les étudiants hirakistes. Empêchés la semaine dernière de renouer avec les marches hebdomadaires à Alger, ils sont revenus à la charge ce mardi et ont pu manifester au prix d’un stratagème remarquable.
Bloqués au niveau de la place des Martyrs, lieu habituel du démarrage de leur marche, ils ont fait un détour par les ruelles étroites de la Basse-Casbah, qui en plus ont une forte charge symbolique pour avoir été un haut lieu de la lutte du peuple algérien pour sa liberté.
C’est vers 10h30 que les manifestants ont commencé à affluer sur la place des Martyrs, où les forces de l’ordre étaient présentes depuis le début de la matinée. Dans les alentours de la Fac centrale, au centre-ville d’Alger, le dispositif sécuritaire était encore plus impressionnant.
À la place des Martyrs, la police laisse les étudiants se rassembler, mais lorsque, vers 11h, ils entament leur marche via l’itinéraire habituel, elle intervient et les bloque sur place.
Il leur restait alors de se contenter d’un rassemblement, de tenter un passage en force au risque de provoquer des affrontements ou de contourner le cordon de policiers.
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Stratagème remarquable
Ils ont opté pour la troisième solution en se dirigeant par petits groupes vers la basse-Casbah où le rassemblement se reconstitue très vite, avec en plus le “renfort” de citoyens venus prendre part à la marche.
En quelques minutes, la procession se retrouve à la rue Boumendjel, puis à la rue Larbi Ben M’hidi. Prise de court, la police laisse faire et la marche se déroule normalement, comme celles des 54 mardis de la première année du Hirak.
Les étudiants, rejoints par des citoyens au fil des minutes, avancent, chantent, scandent les slogans connus du mouvement, tandis que la police les accompagne sans intervenir. Les slogans controversés entendus les 22 et 26 février ont été soigneusement évités. Les manifestants tiennent visiblement au pacifisme qui a fait jusque-là la force et la réputation du mouvement.
Tout se passe normalement jusqu’à l’avenue Pasteur où la police bloque de nouveau le passage visiblement pour éviter tout danger à l’intérieur du tunnel des facultés. Les étudiants descendent alors vers la Fac-centrale et la rue Didouche Mourad.
Présents en force, les policiers n’interviennent toutefois pas. Les étudiants ont tenu leur pari. Arrivée à cet endroit et dans le calme, la marche est déjà un succès. Quelques incidents seront toutefois signalés au niveau du carrefour de Tafourah où les manifestations estudiantines se dispersent d’habitude.
On parle d’au moins une arrestation. À retenir surtout la forte mobilisation et l’insistance des manifestants sur le pacifisme et les principales revendications du Hirak.
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