Le 117e vendredi du Hirak a été marqué par une vague d’arrestations, sans précédent, parmi les manifestants, les journalistes et les photographes. La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) évoque plus de 700 interpellations à travers une vingtaine de wilayas.
A Alger, un dispositif policier impressionnant a été déployé dans le centre-ville et dans les lieux habituels d’où prennent forme les manifestations comme Bab el Oued.
Les forces de l’ordre, matraques à la main, ont frappé des manifestants. Le CNLD a publié une vidéo montrant des policiers en train de frapper un groupe de manifestants qu’ils ont encerclés dans une rue à Bab el Oued.
Pour empêcher la marche, les services de sécurité ont déployé d’importants moyens humains et matériels. Ils ont interpellé des dizaines, voire des centaines d’autres.
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Parmi les personnes figurent une poignée d’hommes politiques figures du Hirak, et pour la première fois lors des manifestations du vendredi des journalistes et des photographes de presse. L’économiste Smail Lalmas, le président du RCD Mohcine Belabbas, le chef du MDS Fethi Ghares. Les deux derniers ont été relâchés.
Parmi les journalistes figurent Khaled Drareni, Lynda Abbou, Kenza Khattou, Riad Kramdi, Mustapha Bastami, Djaafer Kheloufi, Riad Hadji d’autres. A 21h00, certains ont été relâchés, d’autres non.
Selon le CNLD, outre Alger, la répression a touché d’autres villes du pays : Annaba, Constantine, Sétif, Skikda, Tizi Ouzou, Bouira, Mila, Jijel et Oran où de nombreux manifestants ont été interpellés. Certains ont été relâchés, d’autres pas encore.
Les réactions du FFS et de la LADDH
La répression des marches du 117e vendredi a fait réagir le Front des forces sociales (FFS) qui a dénoncé la « vaste opération d’arrestations qui a ciblé de nombreux militants et activistes politiques, dont des militants du FFS, en plus des journalistes ».
« Continuer à donner la priorité au traitement sécuritaire à la crise nationale et l’escalade, participerait à l’exacerbation des tensions et renforcerait les hypothèses de confrontations et alimenterait les voix des extrémismes et de l’intolérance, ce qui d’évidence, n’arrange absolument pas les exigences de l’État de droit et de justice et consacrera la tyrannie et la vision unilatérale comme unique option pour gérer les affaires de la nation », a déclaré le premier secrétaire national du FFS Youcef Aouchiche dans un communiqué.
Le FFS critique le « recours du pouvoir à la répression et le choix de la gestion sécuritaire pour affronter les revendications populaires », et réitère son « appel à un dialogue national et inclusif qui regroupera toutes les forces vives de la nation, précédé par des mesures d’apaisement concrètes et faire prévaloir le sens de la sagesse et de la raison. »
Said Salhi, vice-président de la LADDH a indiqué que la 117e marche pacifique du Hirak a été « violemment réprimée et empêchée dans plus d’une vingtaine de wilayas ».
Il a dénoncé la « répression, les détentions arbitraires des centaines (plus de 700) de manifestant(e)s pacifiques, des journalistes, des avocats, des hommes politiques et des chefs de partis ».
De son côté, l’avocat et militant des droits de l’homme Mostefa Bouchachi a dénoncé le « déploiement massif des forces de sécurité ce vendredi à Alger, la répression et les arrestations massives ».
Dimanche, le ministère de l’Intérieur a déclaré dans un communiqué que désormais que toute manifestation devait faire l’objet d’une déclaration préalable. « (…) Il y a lieu de rappeler ce qui a été consacré par la Constitution de 2020, dans le domaine des marches, à travers une simple déclaration », a-t-il écrit.