Près d’un siècle et demi après l’année supposée de sa mort, Hiziya, héroïne du poème populaire algérien éponyme, continue de déchaîner les passions.

Après la polémique sur les causes de la mort de la Juliette algérienne, une autre éclate à propos du portrait que tout le monde présente comme étant le sien. Et c’est encore une fois l’écrivain Waciny Laredj qui remet en cause une autre « vérité » à propos de Hiziya.

Waciny Laredj prépare un nouveau roman sur cette figure de la tradition orale algérienne et il a dévoilé des bribes sur sa teneur il y a quelques semaines.

L’écrivain a revisité la version connue de l’histoire de Hiziya pour en présenter une autre, très différente. Alors qu’aucune source ne s’est exprimée sur les causes de sa mort à l’âge de 23 ans, en 1878, Waciny Laredj croit avoir trouvé la clé du mystère.

Il écrit, dans son roman à venir, que Hiziya est morte empoisonnée et que son amoureux chagriné par sa mort, Saïd dans le poème, n’est autre que l’auteur de celui-ci, le poète M’hamed Benguitoune.

Une telle affirmation n’est pas passée dans les milieux intellectuels et littéraires en Algérie, même s’il s’en est trouvé qui ont défendu le droit de l’écrivain à donner libre cours à sa muse.

Hizya, l’écrivain Waciny Laredj relance la polémique

Jusque-là, il était admis que Benguitoune n’a fait qu’immortaliser l’histoire d’amour entre Hiziya, fille d’un riche notable de la région des Zibans, avec son cousin nommé Saïd, et le chagrin de celui-ci à la mort de sa dulcinée.

La légende raconte que c’est Saïd lui-même qui a sollicité le poète pour composer la célèbre œuvre qui sera chantée par des artistes algériens de toutes les générations.

Le romancier n’a pas tardé à revenir à la charge, mais sur un autre aspect lié à Hiziya : la photo qui circule depuis toujours et qui est admise comme étant celle de l’héroïne du poème de Benguitoune.

Waciny Laredj est formel, la photo ne représente pas celle que l’on croit. « Certaines photos, à force d’être diffusées, deviennent synonyme de vérité et sont associées à une personnalité donnée », écrit-il sur les réseaux sociaux.

Et c’est le cas pour la photo supposée de Hizya, assure-t-il, avançant que la photo en question a été prise par le photographe allemand Rudolf Lehnert en 1905, soit 25 ans après la mort de l’héroïne.

Le portrait est, en fait, celui d’une jeune femme anonyme de la tribu des Ouled Naïl, assure Waciny Laredj. Lehnert en a, d’ailleurs, fait plusieurs, ajoute-t-il. Le débat est lancé.