L’un des hommes clés de l’une des périodes les plus sensibles de l’histoire de l’Algérie s’en va. Le général Mohamed Betchine est mort ce mardi 29 novembre à Constantine. Il avait 88 ans.
Betchine était l’homme de confiance du président Liamine Zeroual et présenté comme le personnage le plus influent de la présidence de ce dernier (1994-1999).
Né en 1934 dans la même ville de l’est de l’Algérie, Mohamed Betchine a rejoint l’ALN en 1955.
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À l’indépendance, il entame une carrière au sein de l’armée qu’il quittera au début des années 1990 avec le grade de général.
Il a occupé plusieurs postes de commandement, notamment celui de chef de la quatrième puis de la troisième régions militaires dans les années 1980.
Mais c’est son passage à la tête des services du renseignement entre 1988 et 1990 qui le fera connaître du grand public. Il était en poste lors des événements d’octobre 1988.
Au début des années 1990, il est remplacé par le général Toufik (Mohamed Mediene).
À la retraite, Betchine se reconvertit dans les affaires, lançant, entre autres, plusieurs journaux.
En 1994, Liamine Zeroual est désigné président de l’État avant d’être élu président de la République en 1995. Mohamed Betchine est rappelé et nommé conseiller du nouveau président.
Influence
L’Algérie était alors en proie à la violence terroriste. L’influence de l’ancien patron du renseignement ira crescendo jusqu’aux derniers mois de Zeroual au pouvoir. À tort ou à raison, on lui prête tous les pouvoirs pendant cette période.
C’est par exemple lui qui a supervisé en 1997 la création du RND (Rassemblement national démocratique). Né en février, le parti a remporté en juin la majorité absolue aux élections législatives sur fond de soupçons de fraude massive.
Pendant toute ces années, Mohamed Betchine a fait l’objet de plusieurs controverses, notamment sur son rôle dans la répression des émeutes d’octobre 1988 et ses démêlés avec ses associés dans le monde des affaires.
Pendant l’été 1998, il a fait l’objet d’une campagne mémorable qui ne s’estompera qu’avec l’annonce de la démission par préavis du président Zeroual en septembre de la même année. Depuis, il s’est presque totalement effacé de la vie publique.
Mohamed Betchine tire sa révérence sans avoir livré tout ce qu’il sait sur des étapes cruciales de l’histoire récente du pays, comme la conférence nationale de 1994, la lutte contre le terrorisme, les négociations avec l’AIS (Armée islamique du salut), la démission de Liamine Zeroual ou encore l’arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir.