Société

Hôpitaux algériens : le constat accablant de Benbouzid

Les hôpitaux algériens ne se portent pas bien. C’est le ministre de la Santé qui a lui-même fait le constat. Le Pr Abderrahmane Benbouzid a multiplié ces derniers jours les visites sur le terrain pour s’enquérir de l’état des différentes structures hospitalières du pays. Son constat est accablant.

Se disant indigné de l’état dans lequel se trouvent certains hôpitaux, le ministre de la Santé a dressé un constat sans appel. Selon lui, la dignité des malades algériens n’est pas toujours respectée dans les structures de santé.

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“Il y a des moments où je suis indigné. Ma dignité, et celle des citoyens, a été touchée par ce que j’ai observé (lors des visites d’inspection)”, a déclaré le premier responsable du secteur de la santé samedi 4 juin en marge de l’une de ses visites de travail.

Pour le professeur Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche, (Forem), le constat “amer” du ministre de la santé “n’est pas une surprise”.

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“Ce constat n’est pas vraiment une surprise. Le ministre est mis au courant quotidiennement de ce qui se passe dans les hôpitaux. Les citoyens ne cessent de se plaindre du niveau de prestations de soins. Le président de la République avait lui-même fait le même constat il y a quelques mois, et avait annoncé la mise en place d’une importante réforme du système de santé”, a-t-il dit ce lundi à TSA.

Le Pr Khiati déplore qu’“aujourd’hui, nous sommes toujours dans l’expectative”.

“Il y a des problèmes à tous les niveaux. Le système de santé est en perte de vitesse. Le problème qui se pose actuellement est qu’il y a un laisser-aller, une non-optimisation des moyens et une incompétence au niveau de la gestion et de la coordination”, énumère le Pr Khiati.

Il souligne : “Lorsque l’on a un système de santé qui n’a pas de vision et d’objectifs précis avec un chronogramme pour la réalisation de ces objectifs, les réactions des responsables, et notamment du ministre, sont destinées à calmer les gens. Elles ne vont pas nécessairement améliorer la situation (dans les hôpitaux)”.

Changer le visage de la santé

Insistant sur “la nécessité d’améliorer les services des urgences médicales”, le ministre de la Santé a déclaré au cours de l’une de ses visites sur le terrain : “Nous devons travailler ensemble pour changer le visage de la santé. II y a des citoyens qui souffrent. Parfois, ils sont mal accueillis, trouvent des  scanners en panne, ou ne peuvent pas faire d’échographie, il y a de nombreuses choses que nous devons corriger”.

“Nous devons regagner la confiance des citoyens. C’est notre travail. C’est mon travail personnel”, a souligné le Pr Benbouzid.

Interrogé sur la révision du système de santé souhaitée par le ministre de la Santé, le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) a lui aussi estimé que “la priorité doit être donnée à l’amélioration des urgences, mais pas que”.

“En premier lieu, la priorité est l’amélioration des services des urgences. Les urgences constituent la fenêtre et la façade du système de santé. Mais il faut mettre en place aussi des plateformes d’orientation pour les malades. Lorsque des malades doivent se déplacer au niveau de cinq ou six hôpitaux pour enfin atterrir vers l’hôpital où ils pourront être pris en charge, c’est une perte de temps, et cela peut avoir de terribles répercussions. Il faudrait qu’il y ait aussi une coordination entre les services, or il n’y en a aucune aujourd’hui. Il faudrait également spécialiser les services et veiller à la transparence dans leur mode de gestion”, propose le Pr Khiati.

“Il faut absolument une coordination à l’intérieur des hôpitaux. Ce n’est pas normal que tout cela n’existe pas”, a conclu à ce sujet le président de la Forem

“J’ai carte blanche”

En visite au CHU de Constantine vendredi dernier, le ministre de la Santé n’ a pas pu cacher sa colère en constatant l’état déplorable dans lequel se trouvent certains services de cet établissement, l’un des plus grands d’Algérie.

Pointant notamment “des impuretés au niveau des blocs opératoires et l’insalubrité des robinets utilisés”, le Pr Benbouzid a alors lancé : “On continue d’exercer dans ces conditions…. Cela fait des mois qu’on parle…».

Après avoir limogé, au mois de mai dernier, le DG du CHU d’Annaba, à la suite de la diffusion sur les réseaux sociaux d’images accablantes de l’état de la structure mère et enfant de cet hôpital, des sanctions vont-elles être prises à l’encontre du directeur du CHU de Constantine ?

Le ministre de la Santé a répondu : “Bien entendu, nous allons prendre des dispositions ». « Mais personnellement, cela m’attriste de prendre des dispositions contre un responsable (…) Mais nous leur avons donné le temps (pour travailler et améliorer la situation dans les hôpitaux). Ceux qui ont travaillé, l’ont fait pour le bien des citoyens et pour élever le niveau de la santé”, a-t-il ajouté.

Le Pr Benbouzid a ajouté : “Ceux qui ne veulent pas travailler qu’ils nous laissent choisir des personnes qui veulent travailler. J’ai une mission et j’ai carte blanche “.

“L’humanisation” des soins

Autre point soulevé par le ministre de la Santé : l’accueil des malades dans les hôpitaux algériens. Ce n’est un secret pour personne, en Algérie : l’accueil des malades en milieu hospitalier pose régulièrement problème.

S’exprimant à ce sujet, le Pr Benbouzid a dit que c’est “un volet sur lequel nous devons travailler”, et a insisté notamment sur l’importance de  “l’humanisation” et d’un bon accueil , “avec le sourire“, des malades.

“Parfois, à l’entrée même d’un hôpital, le patient rencontre des difficultés avec le gardien qui refuse de l’orienter. Il faut admettre que c’est un volet sur lequel nous devons travailler. Nous devons travailler sur l’accueil des malades et sur l’humanisation. Le patient est une personne comme vous et moi”, a déclaré le Pr. Benbouzid.

Renforcement du secteur de la santé

Au-delà des constats, le ministre de la Santé a annoncé, samedi 4 juin, la réception prochaine de trois hôpitaux d’une capacité de 120 lits chacun dans les communes de Reghaia, Baraki et Ain Benian, à Alger, ainsi que la réception d’un hôpital dédié aux grands brûlés à Baba Hassen (Alger), d’un autre spécialisé en chirurgies cardiaques à Mahelma (commune située au sud-ouest d’Alger) et la réception d’un pôle des urgences médico-chirurgicales, situé à Zeralda, dans l’ouest d’Alger.

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