Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a poussé un coup de gueule au sujet des conditions déplorables dans lesquelles travaillent les praticiens de garde dans certains hôpitaux.
Il s’est dit « très navré » que dans de grands hôpitaux, les salles de gardes ne disposent même pas des conditions élémentaires de confort et où la nourriture est tout simplement infecte.
Le ministre, en visite de travail à Alger, a appelé à assurer « au minimum un réfrigérateur, un micro-onde et un lit » pour les médecins et infirmiers de garde.
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Devant de telles conditions, les professionnels de santé de garde ramènent avec eux de la nourriture préparée à la maison.
Le Pr Benbouzid a fait savoir que ces professionnels de la santé viennent certes travailler, mais ils ont besoin d’un lit pour dormir et d’un réfrigérateur pour conserver des produits alimentaires et des boissons en ces temps de grandes chaleurs.
Selon le ministre, la nourriture et les conditions de séjour dans certains hôpitaux algériens sont pitoyables.
« J’ai vu des plateaux (de nourriture) donnés dans un CHU, je vous assure qu’un animal s’en détournera », a-t-il cinglé.
« C’est une honte ! Cela est inacceptable », s’est emporté Benbouzid.
Les professionnels de garde se nourrissent de repas du Croissant-Rouge
Les récriminations du ministre de la Santé sur les conditions de prise en charge des soignants de garde trouvent leur écho auprès des praticiens publics.
Le président du Syndicat des praticiens de santé publique (SNPSP), Dr Lyes Merabet, tout en confirmant le constat du ministre, a cité le cas d’un CHU à Alger où les professionnels de garde, pendant le Ramadan, ramenaient leurs repas du Croissant-Rouge algérien (C-RA), du fait que la nourriture qui leur est servie par l’établissement est infecte.
« Cela n’est pas normal du tout », s’offusque le Dr Merabet qui fait observer que dans la majorité des établissements de santé, les soignants s’organisent le plus souvent pour se restaurer.
« Malheureusement, il y a une dépense budgétaire qui est affectée à la restauration des professionnels de garde. Ce sont des centaines de millions par an. Malheureusement, c’est jeté à la poubelle », a déploré Lyes Merabet qui fait observer que cette question fait souvent l’objet de requêtes auprès du SNPSP.
« On a souvent posé le problème, mais on voit que les solutions n’arrivent pas. Et à chaque fois, on nous ressort des faux-fuyants (…) sans proposition de solutions concrètes », regrette-t-il.
En sus des mauvaises conditions de garde, le Dr Merabet évoque le manque de moyens humains et aussi de travail au niveau des services d’urgences médicales.
Pour le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), le Dr Mohamed Yousfi, les conditions de garde « sont loin de répondre aux normes ».
Il cite aussi la vétusté des infrastructures comme c’est le cas de l’hôpital de Boufarik où il exerce et qui est « indigne » tant pour les personnels soignants que pour les malades.
« Ce qu’il y a lieu de signaler c’est que c’est dans de telles conditions indignes que les équipes médicales de l’hôpital de Boufarik ont relevé le défi de la Covid », a affirmé Dr Yousfi.
Pour remédier aux insuffisances constatées, le Dr Yousfi appelle à commencer d’abord par mettre les hôpitaux aux normes.
Ensuite, il préconise d’assurer les équipements et surtout remédier à certains aspects liés aux conditions d’exercice des personnels soignants et notamment en termes de sécurité.
Il appelle aussi à remédier au déficit en personnels médicaux et paramédicaux.
En termes de conditions de garde, le président du SNPSSP relève que les chambres dédiées aux personnels sont « indignes » tout en soulignant que la majorité des praticiens de la santé s’arrangent pour ramener leur propre nourriture.