L’hospitalisation du président de la République commence à se faire longue. Cela fait un mois que Abdelmadjid Tebboune a été transféré en Allemagne pour des soins après avoir contracté le Covid-19 et aucune date n’est avancée pour son retour en Algérie.
Il a manqué trois événements phares dans la vie de la nation, le référendum sur la révision constitutionnelle le 1er novembre, la célébration du 66e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale et l’inauguration d’une partie de la grande mosquée d’Alger le 28 octobre.
Retour sur un mois de communication officielle, de rumeurs et de supputations.
Le 24 octobre, la présidence de la République informe dans un communiqué que M. Tebboune avait décidé de se mettre en isolement volontaire pour cinq jours après l’apparition de symptômes du Covid sur de nombreux cadres de la présidence.
Quatre jours plus tard, le 28, et après un petit cafouillage avec les services du Premier ministre, la présidence annonce le transfert du président en Allemagne pour des « examens approfondis », sans préciser sa maladie ni le lieu exact de son hospitalisation.
Le lendemain, le 29 octobre, nouveau communiqué de la présidence qui informe que Abdelmadjid Tebboune a effectué des « examens médicaux approfondis » dans l’un des plus grands hôpitaux « spécialisés » en Allemagne, assurant que son état de santé est « stable » et « ne suscite pas d’inquiétude », et que M. Tebboune a entamé le « traitement approprié ». Mais toujours pas de précision sur la nature du mal qui a nécessité son hospitalisation.
Le 31 octobre, les médias publics lisent un message du président envoyé au peuple algérien à l’occasion de la commémoration du 1er novembre et de la tenue référendum sur la révision constitutionnelle.
Le jour du référendum, dimanche 1er novembre, le conseiller à la présidence Abdelhafid Allahoum fait une laconique déclaration à la presse dans un bureau de vote et assure que l’état de santé de Abdelmadjid Tebboune était « bon ».
Ce n’est que le 3 novembre que la nature de la maladie du président algérien est officiellement révélée. « Le président Abdelmadjid Tebboune poursuit son traitement dans l’un des plus grands hôpitaux d’Allemagne, après avoir été atteint du Covid-19 », annonce la présidence de la République dans un communiqué, assurant, citant le staff médical, que M. Tebboune « répond au traitement » et que son état de santé « s’améliore graduellement ».
La communication autour de l’état de santé du chef de l’État commencera alors à se faire plus parcimonieuse et les communiqués plus espacés. Le prochain sera rendu public le 8 novembre, toujours par la présidence, pour annoncer que M. Tebboune est sur le « point de terminer le protocole de soins » et que « son état de santé est en amélioration positive ».
Assurances, rumeurs et supputations
Le même jour, un nouveau message du chef de l’État au peuple est diffusé. Le président remercie les Algériens pour l’intérêt qu’ils ont porté à l’évolution de son état de santé et pour s’être unis autour de leur président, affirmant apprécier hautement leurs prières et leurs vœux de prompt rétablissement.
Après un silence d’une semaine, la présidence communique de nouveau sur l’état de santé du président. Le 15 novembre, elle informe que M. Tebboune a « terminé le protocole sanitaire », et « effectue actuellement les examens médicaux post-traitement », précisant c’est le président lui-même qui a donné des instructions pour « tenir au courant l’opinion publique de l’évolution de son état de santé ».
Cinq jours plus tard, le 20 novembre, c’est l’agence officielle qui annonce « la rémission » du président, reprenant un message que lui a envoyé la chancelière allemande.
« Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, vendredi dans son lieu d’hospitalisation en Allemagne, une lettre de la part de la chancelière allemande, Mme Angela Merkel, dans laquelle elle se réjouit qu’il se soit remis de son infection au coronavirus », écrit l’APS.
Le 25 novembre de grands médias étrangers sont entrés en scène, dont Al Jazeera et Russia Today. La chaîne russe a par exemple rapporté qu’un conseiller à la présidence, lui a indiqué, que l’état de M. Tebboune est en constante amélioration.
Entre les sorties officielles sur l’évolution de son état de santé, la présidence a aussi régulièrement communiqué les vœux de rétablissement émanant de chefs d’États étrangers reçus par M. Tebboune, et même ceux reçus à l’occasion de son anniversaire. Le 17 novembre, Abdelmadjid Tebboune a en effet bouclé ses 75 ans.
Pendant ce temps, les interrogations et les supputations sont allées bon train sur la Toile tant algérienne qu’étrangère. Des sites étrangers, certes sans audience ni crédibilité, ont même distillé les rumeurs les plus folles, très vite démenties par la communication officielle, mais sans avancer de date précise pour le retour du président au pays. Aucune image du Président dans son lieu d’hospitalisation n’a été diffusée.
Le président du Sénat, deuxième personnage de l’État qui pourrait, conformément à la Constitution, assurer l’intérim de la présidence en cas de vacance, s’est tout juste contenté, jeudi 26 novembre, d’ « espérer » que le chef de l’État rentre rapidement pour « poursuivre sa noble mission »…
