L’Algérie fait face à une recrudescence des cas de contamination au covid-19, avec en moyenne plus de 350 nouvelles infections au virus recensées chaque jour, selon les bilans officiels du ministère de la Santé.
“Pour de nombreux spécialistes, une quatrième vague de l’épidémie est bel est bien installée en Algérie depuis quelques semaines maintenant. Une situation inquiétante. Selon les échos qui nous parviennent des hôpitaux, les hospitalisations liées au covid ont augmenté ces derniers jours alors que la nouvelle souche du virus, Omicron, continue sa progression dans le pays.
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Avec douze nouvelles contaminations au nouveau variant, enregistrés le jeudi 30 décembre, selon l’institut Pasteur, l’Algérie compte désormais 16 cas confirmés à l’Omicron au total.
“Actuellement, il y a une reprise épidémiologique évolutive“, alerte le professeur Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), dans une déclaration à TSA.
« Plusieurs services covid ont été rouverts ces jours-ci »
“La quatrième vague est installée depuis plus d’un mois maintenant. Elle est progressive et s’accélère actuellement“, confirme Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialisés de la santé publique (SNPSSP) et chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital de Boufarik.
“Au niveau de l’hôpital, il y a un mois, nous étions à 10 % des lits occupés, maintenant, nous sommes à plus des deux tiers des lits occupés. Les choses s’accélèrent, notamment dans les grandes villes comme Alger et Oran“, souligne Dr Yousfi , avant de préciser que dans la wilaya de Blida, « plusieurs services covid ont été rouverts ces jours-ci ».
“L’hôpital de Boufarik est revenu à la case départ. Il est, à nouveau, consacré complètement au covid, alors qu’il avait repris la chirurgie il y a deux mois. Même chose pour l’EPH de Blida qui, lui aussi, est de nouveau dédié exclusivement au covid-19, alors qu’il avait repris le travail des autres spécialités“, détaille le Dr Yousfi.
Pour le président du Syndicat national des praticiens spécialisés de la santé publique,”cela démontre bien que les choses sont en train de s’accélérer, particulièrement au cours de cette dernière semaine“.
Pour éviter le scénario de la troisième vague du mois de juillet dernier, vague particulièrement meurtrière pour l’Algérie et marquée par une pénurie d’oxygène, les deux spécialistes s’accordent sur deux points : l’importance des gestes barrières et la vaccination.
« Il y a un abandon total des gestes barrières »
“Il ne faut pas dormir sur ses lauriers. Il faut impérativement renforcer les mesures préventives, notamment le port du masque, la distanciation, inciter les gens à se faire vacciner et surtout, convaincre le personnel de santé de l’utilité de la vaccination. Si le personnel de santé est convaincu, il va influer positivement sur la population“, soutient Pr Khiati.
“Ce n’est pas sorcier, les solutions sont là. Elles sont entre nos mains : la vaccination et le respect des mesures barrières. Il y a un abandon total des gestes barrières et un non contrôle des pouvoirs publics“, déplore pour sa part Dr Yousfi.
Le chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital de Boufarik affirme que l’Algérie dispose “actuellement de 20 millions de doses de vaccin ». “Cela suffirait à vacciner toute la population algérienne (la population cible), l’objectif est de gérer au mieux cette reprise épidémique“, a-t-il dit.
“L’objectif n’est pas d’arrêter cette vague mais de la passer avec le minimum de dégâts, de contaminations, de décès et surtout, de diminuer la pression sur le personnel de la santé qui est sur la ligne de front depuis deux ans maintenant et qui est à bout“, a-t-il conclu.