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Humanitaire : comment Washington veut espionner les sociétés qui exportent vers l’Iran

Pour obtenir un permis des Etats-Unis à commercer avec l’Iran, chaque institution devra soumettre tous les mois des informations “substantielles et sans précédent”. Pour le National Iranian American Council, “l’administration Trump a sonné le glas du commerce (de produits) humanitaire avec l’Iran”.

Les Etats-Unis ont annoncé vendredi la création d’un nouveau mécanisme pour les exportations “humanitaires” vers l’Iran, officiellement afin de faciliter l’envoi de produits de première nécessité dans ce pays auquel ils imposent des sanctions économiques drastiques. Mais cette mesure provoquera au contraire, selon certains observateurs, un effet dissuasif supplémentaire sur le commerce avec Téhéran. Pour Brian O’Toole, ancien conseiller de Barack Obama au département du Trésor, la mesure vise plus à récupérer des informations qu’à aider le peuple iranien. Et selon lui, beaucoup de banques étrangères ne seront pas capables de fournir le niveau de détails demandé.

“Je pense que cela va plus avoir un effet dissuasif”, a-t-il expliqué. “Cela aura l’effet exactement contraire à celui qu’ils clament que cela aura”.

“Une farce”

Pour le National Iranian American Council, “l’administration Trump a sonné le glas du commerce (de produits) humanitaire avec l’Iran”. “Il est très improbable qu’une seule banque dans le monde accepte ces conditions et participe”, a déclaré dans un communiqué l’organisation basée à Washington. “L’administration Trump est forcément consciente de cela, et son canal humanitaire n’est rien de plus qu’une farce”.

Cette mesure est par ailleurs un coup porté aux efforts des Européens de commercer avec l’Iran, estime Brian O’Toole. Selon lui, elle vise notamment à contrer le mécanisme de troc qu’ils ont mis en place, nommé Instex, pour permettre aux entreprises de l’UE de faire des affaires avec l’Iran malgré les sanctions américaines. Washington s’est retiré unilatéralement en 2018 de l’accord international encadrant le programme nucléaire iranien et a rétabli de lourdes sanctions contre l’économie iranienne

Que veut faire Washington

Malgré les lourdes sanctions économiques imposées par Washington, l’administration américaine affirme que l’exportation vers l’Iran de produits alimentaires, de médicaments et d’autres produits considérés comme humanitaires n’est pas interdite. Mais la plupart des sociétés évitent de commercer avec l’Iran, de peur de subir les foudres du Trésor américain. Le département d’Etat américain a donc annoncé ce nouveau mécanisme qui “permettra aux gouvernements étrangers, aux institutions bancaires et aux sociétés privées de conclure des transactions humanitaires légitimes au nom du peuple iranien, tout en réduisant le risque que l’argent tombe entre de mauvaises mains”, a indiqué l’émissaire des Etats-Unis pour l’Iran, Brian Hook.

Pour obtenir un permis des Etats-Unis à commercer avec l’Iran, chaque institution devra soumettre tous les mois des informations “substantielles et sans précédent”, comprenant notamment les factures concernées, les noms des destinataires et précisant si ceux-ci ont figuré sur une liste noire des Etats-Unis, de l’Union européenne ou des Nations unies au cours des cinq années précédentes. Pour les responsables américains, cela permettra aux gouvernements étrangers et aux banques de réduire les risques en étant transparents avec Washington sur leurs transactions, prouvant ainsi qu’ils respectent les sanctions. Les Etats-Unis, le gendarme du monde est bien hégémonique.

 

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