Humza Yousaf est le nouveau Premier ministre de l’Écosse. Après avoir été porté à la direction du parti indépendantiste, il devient ainsi le premier homme politique musulman à la tête d’un gouvernement au Royaume-Uni.
Cette nomination tend à prouver l’efficacité du modèle d’intégration britannique par rapport au reste de l’Europe.
L’homme de 37 ans, qui n’hésite pas à afficher sa confession musulmane, postant notamment des photos de lui priant avec sa famille, assume franchement, dans ses prises de paroles publiques, son appartenance et sa pratique religieuse.
Dans un contexte de montée de l’extrême droite et du discours antimusulman et anti-immigration en Europe, c’est la troisième grande figure politique dirigeante issue de l’immigration au Royaume-Uni, avec le maire de Londres, Sadiq Khan, musulman lui aussi, et le Premier ministre britannique de confession hindoue, Rishi Sunaq.
Pour rappel, l’islam est la plus importante religion non chrétienne d’Écosse, représenté par d’importantes communautés, notamment originaire du sous-continent indien.
La BBC a plutôt bien reçu cette désignation, soulignant le caractère progressiste et libéral, mais aussi et surtout indépendantiste du nouveau Premier ministre.
Dans une tribune parue sur The Conversation, des intellectuels et universitaires écossais ont salué “ Un moment d’extraordinaire changement dans la politique au Royaume-Uni”
Humza Yousaf : un parcours atypique
Humza Yousaf est né en 1985 à Glasgow, d’un père pakistanais, originaire du Pendjab, qui a immigré dans les années 60 pour travailler comme comptable, et d’une mère, elle aussi, immigrée, née au Kenya, d’une famille d’origine indienne ayant dû échapper aux violences anti-indiennes dans son pays natal.
Après des études de sciences politiques à l’université de Glasgow, l’ascension politique de Humza Yousaf fut fulgurante. Il a commencé sa carrière en étant assistant parlementaire d’élus écossais, avant de s’engager pleinement dans le Parti National écossais, partisan de l’indépendance du Royaume-Uni.
Marié à une jeune femme d’origine palestinienne, il est élu une première fois au Parlement écossais en 2011, prêtant serment en anglais et en ourdou, en hommage à ses origines.
Sa proximité avec la chef du parti et Première ministre, Nicola Sturgeon, lui vaut diverses nominations ministérielles : Affaires européennes en 2012, Transport en 2016, Justice en 2018 et Santé en 2021. Il s’est imposé ainsi comme une figure importante de la scène politique écossaise.
Un symbole fort
En tout cas, avec cette nomination, l’Écosse envoie un message fort au reste de l’Europe tentée, comme en France, au Danemark ou en Italie, par l’extrême droite qui propage un discours anti-immigration et antimusulman, prouvant que l’immigration et notamment les musulmans n’étaient pas un problème.
C’est ce qu’a tenu à souligner Nicola Sturgeon : “C’est un message très puissant que n’importe quel jeune en Écosse peut aspirer à occuper le plus haut poste du pays”.
Même son de cloche pour Humza Yousaf, dans son discours de victoire, il s’est félicité que “Les écossais doivent tous être fiers du fait qu’aujourd’hui, nous avons envoyé un message clair, que ni votre couleur de peau, ni votre foi, ne seront un obstacle pour diriger ce pays”.