L’Algérie est parmi les bénéficiaires directs des retombées économiques de la guerre en Ukraine dont la plus importante de ces conséquences est la hausse des prix des hydrocarbures, principale ressource de devises du pays.
Ces dividendes s’accompagnent toutefois de désavantages comme l’alourdissement de la facture des importations alimentaires du fait que les cours des principales matières premières agricoles se sont aussi envolés, notamment celles dont l’Algérie est un importateur net, comme les céréales et les graines oléagineuses.
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L’embellie financière fait aussi craindre une autre mise en veilleuse du chantier des réformes économiques en Algérie.
Dans une analyse consacrée au sujet, le journal Le Monde rappelle la prévision du Fonds monétaire international (FMI) concernant les recettes de l’Algérie pour l’année 2022 : 58 milliards de dollars, soit le même niveau de 2014, année durant laquelle les prix du pétrole avaient entamé leur chute.
Ce qui constitue une belle cagnotte pour un pays qui sort d’une longue période de cours bas de pétrole. L’Algérie a exporté l’année derrière pour 34 milliards de dollars d’hydrocarbures, et encore moins l’année d’avant, à peine un peu plus de 20 milliards de dollars. C’était les plus basses recettes du pays en deux décennies.
Pendant l’exercice en cours, l’Algérie en engrangera le triple. Quel que soit le plus à payer pour les importations de blé et autres produits alimentaires de base, le solde est nettement positif, d’autant que le gouvernement vient de mettre en place de fortes restrictions sur l’importation de plusieurs produits.
Au-delà de ces dividendes, la nouvelle carte énergétique mondiale profite également à l’Algérie. L’Europe est résolument décidée à réduire sa dépendance du pétrole et du gaz russe et à s’en passer à terme.
L’Algérie est l’une des alternatives potentielles et se trouve sur le chemin de passage du gaz africain vers l’Europe. L’utilisation de cette carte s’est déjà concrétisée par l’accord d’augmentation des livraisons vers l’Italie. En visite à Rome fin mai, le président Abdelmadjid Tebboune a proposé de vendre de l’électricité algérienne à l’Europe et a exprimé la disponibilité de l’Algérie à fournir les quantités de gaz nécessaires à l’Italie et à d’autres pays européens.
« La quête européenne d’alternatives au gaz russe rehausse le profil stratégique de l’Algérie sur la scène régionale. De plus en plus courtisée, Alger cherche à se projeter comme un partenaire fiable », écrit Le Monde.
Quel sort pour les réformes ?
Déjà fournisseur important de l’Europe avec 11 % des besoins du Vieux continent en gaz, l’Algérie devrait expédier de plus importantes quantités à l’avenir, ce qui est synonyme de recettes encore plus consistantes.
Le seul bémol que met l’analyse du journal français est le fait que cette embellie financière « risque de dissuader les velléités de diversification de l’économie ».
Une quête derrière laquelle court le pays depuis des décennies, mais jamais atteinte. Au gré des fluctuations des cours du pétrole, les hydrocarbures assurent presque la totalité des recettes en devises du pays et près de la moitié de ses recettes fiscales.
Beaucoup de spécialistes s’accordent à expliquer la lenteur des réformes et de la diversification de l’économie par l’aisance financière générée par les exportations des hydrocarbures, notamment ces deux dernières décennies.
Il y a eu un léger mieux en 2021 avec l’exportation pour plus de 4 milliards de dollars de produits hors hydrocarbures et l’objectif pour l’exercice en cours est d’atteindre 7 milliards de dollars.
Le chantier des réformes connait aussi un début de lancement avec notamment l’adoption récente d’un nouveau Code des investissements auquel est assigné l’objectif d’amorcer une diversification véritable de l’économie. Mais de nombreuses autres réformes (banques, fiscalité…), tout aussi vitales pour l’économie, attendent toujours.