Manque d’hygiène dans les restaurants, les cafés et les boulangeries, spéculation sur les produits alimentaires de base, refus de facturer, défaut d’affichage des prix : l’Algérie a un problème avec ses commerçants.
En Algérie, le secteur du commerce et les services de restauration sont profondément affectés par plusieurs fléaux dont notamment la spéculation et le manquement aux règles élémentaires d’hygiène.
Il arrive souvent que des opérations de contrôles effectuées par des agents assermentés révèlent des pratiques commerciales frauduleuses ou des conditions d’hygiène déplorables dans les commerces, les cafés et les restaurants à travers tout le pays.
| Lire aussi : Hôpitaux : « Il y a un manque d’hygiène dans la plupart des services »
Des propriétaires d’établissements de restauration sans scrupules servent de la nourriture dangereuse pour la santé.
Si les devantures et les salles de service de ces établissements sont généralement d’une propreté alléchante pour attirer les clients, il n’en est pas de même pour les cuisines situées à l’arrière-boutique où les murs sont parfois décrépis et les plans de travail délabrés et noircis par la saleté.
Trouver de la nourriture infecte, des produits périmés, des insectes ou des rongeurs ou leurs excréments dans les marmites et les casseroles est un cauchemar vécu par de nombreux inspecteurs de salubrité. Cette triste réalité est à déplorer partout sur le territoire national.
À Oran, 14 restaurants ont dû être fermés après le passage des inspecteurs de la brigade de salubrité et de la protection du consommateur de la commune d’Oran qui ont contrôlé 17 établissements situés dans les secteurs urbains Bouamama, El Makkari, Fellaoucen et Haï Mahieddine.
Les inspecteurs de salubrité ont découvert des établissements qui rivalisent de saleté et de non-respect de la chaîne du froid : des zones de stockage souillées, des plans de travail et des ustensiles crasseux. Les contrevenants ont été lourdement sanctionnés par la fermeture administrative de leurs établissements et ont fait l’objet de poursuites judiciaires pour non-respect de ces règles d’hygiène.
Depuis le début de l’année, cinq hôtels ont été fermés pour insalubrité. Même un des plus grands palaces à Oran a été épinglé : un hôtel 5 étoiles, qui accueille régulièrement des congrès internationaux a été sanctionné pour insalubrité.
Un autre contrôle effectué par les services d’hygiène de l’APC d’Oran et des inspecteurs de la direction du commerce (DCP) assistés par des forces de sécurité a ciblé récemment des pâtisseries, des restaurants et des snacks à Oran.
Des membres de l’association de protection du consommateur et de l’environnement (Apoce) ont été invités à assister à cette opération de contrôle inopinée qui s’est déroulée tard dans la nuit.
A Oran, dans une pâtisserie huppée à la devanture luxueuse, réputée pour la cherté de ses produits qui atteignent jusqu’à 600 dinars la petite pièce de gâteau, l’arrière-boutique laisse à désirer.
Des dates de péremption, aux plans de travail en passant par les réfrigérateurs, tous les espaces où sont stockés, manipulés ou préparés les gâteaux, étaient soumis à une minutieuse inspection. Résultat : malpropreté et gâteaux et viennoiserie impropres à la consommation.
Des photos postées sur Facebook, vendredi 18 novembre, par cette association montrent une vieille bassine contenant un produit de pâtisserie dans lequel baignent des insectes inanimés, un fourneau crasseux, vétuste et dangereux…Bref, le spectacle est lamentable.
D’autres photos postées, quelques jours auparavant, par cette association, montrent des conditions d’hygiène catastrophiques : un tamis à farine crasseux, des pâtes feuilletées entreposées à même le sol, des bacs sales… le spectacle est affreux.
L’Algérie a un sérieux avec ses commerçants
Une autre vidéo publiée, vendredi 18 novembre, sur la chaîne Youtube d’Ennahar TV, montre une opération de contrôle menée par des gendarmes et des policiers, dans un restaurant à Aïn Defla : une vieille huile de friture datant de trois jours, baignant dans un bac crasseux par la saleté, des viandes de dinde impropres à la consommation, entreposées dans un congélateur dans des conditions incroyables d’insalubrité.
Des pommes de terre épluchées posées dans une bassine d’eau infecte… la liste des infractions est longue.
Au-delà du manquement aux normes de salubrité, les contrôleurs des directions de commerce traquent aussi la spéculation, un fléau qui crée de multiples dérèglements dans le circuit de distribution des produits de large consommation.
Dans une vidéo postée, il y a une semaine sur Youtube par El Bilad TV des agents de la DCP de la wilaya d’Annaba, assistés par des policiers, ont mis la main sur un local informel de stockage de produits alimentaires dans la commune d’Oued El Aneb.
Le propriétaire qui active sans registre de commerce ne dispose d’aucune facture. Dans la même commune, les contrôleurs ont verbalisé un commerçant d’alimentation générale pour le non affichage des prix et surtout pour avoir entreposé des œufs à température ambiante, alors que ce produit sensible devrait être stocké au réfrigérateur.
Depuis début octobre dernier, l’Algérie mène une guerre totale à la spéculation. De multiples opérations de lutte contre ce phénomène ont été menées contre la spéculation. De nombreux commerçants, pris la main dans le sac, ont été condamnés à de lourdes peines de prison.
| Lire aussi : La guerre contre la spéculation se poursuit en Algérie
Dans une autre vidéo postée, il y a trois jours, par Ennahar TV, on voit un propriétaire d’un café à Boumerdès qui dispose d’une boîte à pharmacie ne contenant rien d’autre qu’une compresse et qui donc ne sert à rien.
Enfin, il est à signaler que le ministère du Commerce a mis en place un numéro vert (1020) joignable à partir du téléphone fixe, pour signaler à la direction du commerce tout dépassement lié aux pratiques commerciales illégales, dont le défaut d’hygiène, la vente de produits périmés, avariés constatés au niveau des commerces, cafés et restaurants.