L’espoir d’une ville propre n’aura pas tenu longtemps. Après avoir évolué dans la propreté et l’hygiène pendant les Jeux méditerranéens (25 juin – 6 juillet), les Oranais ont vite retrouvé les amoncellements des ordures ménagères, leur odeur nauséabonde et les risques qu’elles font peser sur la santé publique.
« J’avoue avoir espéré que la campagne de nettoyage et d’entretien lancée par les autorités en prévision des jeux se poursuivrait au-delà des JM mais je me rends compte que ce n’était qu’une brève parenthèse davantage destinée aux délégations étrangères qu’aux habitants », peste un quinquagénaire résidant dans la commune de Belgaïd, épicentre des Jeux méditerranéens, qui avait bénéficié de l’attention particulière des pouvoirs publics.
Dès début juin, les espaces urbains étaient quotidiennement « passés au peigne fin » par les camions poubelles qui interdisaient la constitution de points noirs.
Des dizaines d’agents d’entretien traquaient le moindre détritus dans les rues, balayaient les trottoirs et les bas-côtés et chassaient le moindre emballage en papier sur des espaces verts méthodiquement arrosés.
Grâce à un effort soutenu et la mobilisation d’importantes ressources humaines et matérielles, les autorités locales venaient ainsi de vaincre le signe indien et, pour la première fois depuis plus de 30 ans -exception faite de l’épisode du Congrès du gaz de 2010- les Oranais pouvaient enfin accéder à un environnement propre et bien entretenu et la ville acquérir le visage qui sied à une capitale régionale.
Ce succès démontrait que la mission « ville propre » n’était pas impossible et que les échecs successifs des équipes dirigeantes procédait davantage de la mauvaise gestion que du manque de moyens humains ou matériels que l’on a pu entendre ici et là pendant des années.
Une étude de l’Agence nationale des déchets datant de 2020 avait, d’ailleurs, révélé que la commune d’Oran employait plus de 3.370 agents de collecte alors même que le maire évoquait seulement 442 agents actifs.
Ce qui a poussé le wali de l’époque à ordonner la constitution d’une commission d’enquête devant déterminer le nombre réel des agents de collecte employés par les services communaux de la plus grande commune d’Algérie.
Créances impayées
Alors que tout le monde espérait la poursuite de la dynamique au-delà des JM, comme les différents responsables s’y étaient engagés, la campagne de nettoiement et d’entretien s’est affaiblie dès les premiers jours suivant la fin de cet évènement sportif.
Les monticules d’ordures ménagères ont graduellement refait leur apparition, les espaces vertes ont commencé à jaunir et à s’étioler et les espaces urbains de la deuxième plus grande ville d’Algérie ont retrouvé leur saleté habituelle.
De nombreux Oranais, ulcérés par cette régression que rien ne justifie à leurs yeux, ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux en partageant les images illustrant la grave dégradation de l’environnement.
« Les pouvoirs publics portent l’entière responsabilité de ce retour en arrière. L’épisode des JM a démontré qu’ils étaient capables de régler la problématique de l’hygiène et de l’environnement », s’énerve un habitant d’El Bahia.
Un avis que semble partager le wali d’Oran qui, la semaine passée, a exigé des responsables de l’hygiène qu’ils prennent toutes les dispositions pour que la ville retrouve la propreté qu’elle a connue lors des Jeux méditerranéens notamment en intensifiant la collecte des ordures et les campagnes de nettoiement.
Il reste que les entreprises privées de collecte des ordures n’ont pas encore perçu leurs créances pour 2021 en dépit de l’engagement pris par la commune d’Oran de les rétablir dans leur droit dès la fin des Jeux méditerranéens.
Ces concessionnaires ont rangé leurs engins début août en signe de protestation avant que l’édile de la commune d’Oran ne les convainc de reprendre leurs activités avec la promesse d’une rapide sortie de crise.
