La polémique à propos de l’hymne national algérien est arrivée devant l’Assemblée nationale française.
Une élue du principal parti de la droite traditionnelle, Les Républicains, a soulevé la question au cours d’une séance de questions au gouvernement.
La réponse de celui-ci peut être considérée comme une manière de calmer le jeu et de ne pas attiser davantage la tension.
Par un décret présidentiel publié en mai dernier, l’Algérie a étendu le champ d’exécution de la version intégrale de l’hymne national.
Le décret stipule que les cinq couplets doivent être exécutés lors des célébrations officielles en présence du président de la République.
Ce qui est interprété comme une manière de rétablir le couplet où la France est citée dans un contexte sensible pour les relations algéro-françaises.
La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a évoqué une décision à « contre temps » et son homologue algérien Ahmed Attaf a répondu en exprimant son étonnement que l’on puisse se permettre d’émettre un avis sur l’hymne national d’un pays souverain.
Le parti Les Républicains, par la voix de l’une de ses élues, considère que cet acte n’est pas « innocent », mais « calculé » et ce n’est pas une décision à contre temps.
La polémique à propos de l’hymne national algérien est tombée comme une aubaine pour le courant de la classe politique française ulcéré par le rapprochement avec l’Algérie entrepris par Emmanuel Macron.
Après l’accord algéro-français de 1968 sur l’immigration, la droite française tient dans cette affaire un autre motif pour mettre la pression sur le président français Emmanuel Macron.
Relation Algérie – France : « Un choix exigeant »
Lors d’une séance de questions au gouvernement, mercredi, en présence de la Première ministre Elisabeth Borne, l’élue Michèle Tabarot (Les Républicains) a souligné que le président Tebboune a décidé de « généraliser » le couplet qui n’était auparavant « prononcé que lors du congrès du FLN » et considéré que désigner la France comme « ennemi » est « inacceptable ».
« Il s’agit d’un désaveu pour le président Macron qui prétendait vouloir donner un nouvel élan à la relation entre la France et l’Algérie », a-t-elle jugé, ajoutant que « ce n’est pas le premier camouflet ».
« Le président algérien était attendu en France, il a préféré se rendre en Russie », a-t-elle enfoncé, avant d’évoquer des « actes de repentance inutiles », « des vexations », comme « la reculade sur les visas » et même des « ingérences dans nos élections ».
L’élue a aussi fustigé le choix de « se tourner vers l’Algérie au détriment de nos alliés marocains ».
Mme Tabarot a saisi l’aubaine pour rebondir sur la revendication d’abroger l’accord de 1968.
La réponse du gouvernement est exprimée par la secrétaire d’État au Développement, à la Francophonie et aux Partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou.
La question est « très sensible », a-t-elle dit d’emblée, avant d’expliquer que le couplet en question a toujours fait partie de l’hymne national algérien et « n’a donc pas été ajouté ».
Selon elle, le décret de mai dernier « formalise simplement la pratique selon laquelle l’hymne algérien est désormais chanté dans son intégralité ».
Même si la secrétaire d’État à réitéré, comme l’a dit la ministre Colonna, que cette décision semble « à contre temps, 65 ans (sic) après l’indépendance algérienne », elle a toutefois exprimé la détermination du gouvernement français à ne pas revenir sur le choix de l’approfondissement de la relation avec Alger.
« Notre ambition avec l’Algérie et les Algériens, a-t-elle poursuivi, est de regarder notre histoire en face. Cette histoire, il ne s’agit pas de l’escamoter ni de nous enfermer. Nous devons nous projeter vers l’avenir ».
Selon Mme Zacharopoulou, la France et l’Algérie œuvrent à approfondir leurs relations pour leur intérêt commun dans l’esprit de la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé.
« C’est un choix exigeant. Il est dans l’intérêt de la France de le suivre, comme de celui de l’Algérie », a-t-elle conclu sous les huées des élus de droite.
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