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Ibtissam et Amira, deux agricultrices algériennes qui rêvent grand

Ibtissam et Amira, deux agricultrices algériennes qui rêvent grand

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Dans le monde agricole algérien, Ibtissem Mahtout et Amira Messous, sont deux agricultrices qui font exception. Depuis cinq ans, ces deux jeunes diplômés de l’USTHB vivent leur passion, en cultivant une petite exploitation près d’Alger.

Elles plantent des cultures maraichères et chaque vendredi elles se rendent au marché paysan de Zeralda pour rencontrer leur clientèle. Leur production n’est pas abondante, mais la qualité de leurs produits attire des clients fidèles. « Nous avons commencé avec nos propres moyens qui sont très modestes », raconte Ibtissam à TSA.

Leur histoire avec l’agriculture commence après une formation dans le domaine avec l’association Torba. 

Une ferme intégrée

Leur formateur Amir Omar, comme aime l’appeler Ibtissam, décèle en elles des graines d’agricultrices dans un pays où l’agriculture est dominée par les hommes.

Sans hésiter, il leur propose de mettre à leur disposition gratuitement une parcelle de terrain de 1300 m2 à Douaouda, entre Tipaza et Alger, pour planter des tomates cerises, des pommes de terres, des fraises, cultiver des orangers…Le succès est au rendez-vous et leur histoire intéresse des médias comme TSA et TV5 Monde.

Depuis, Ibtissam, 29 ans, et Amira, 28 ans, travaillent sans relâche pour cultiver des légumes et des fruits, tout en rêvant de pouvoir obtenir un jour un terrain de la part de l’Etat pour agrandir leur exploitation et concrétiser le projet qui leur tient à cœur : une ferme bio intégrée où elles pourront cultiver des tomates et des cerises, des pimientos de Padron, faire de l’élevage, produire les produits nécessaires pour leur agriculture sans pesticide. « Nous faisons du bio intensif et nous commençons à faire de la transformation », résume Ibtissam.

Après cinq ans de travail, elles ont acquis un précieux savoir-faire dans le domaine agricole.  

La longue attente d’un terrain qui tarde à venir

« Nous attendons toujours un terrain de l’Etat. Nous souhaiterions que l’Etat regarde vers nous », affirme Ibtissam. Pour obtenir ce terrain, Ibtissam et Amira se sont déjà adressés à l’Office national des terres agricoles (ONTA).

« À chaque fois que nous relançons notre demande, ils nous disent que nous sommes en train de récupérer des terres pour les redistribuer », ajoute Ibtissam qui ne désespère pas pour autant. Malgré les obstacles et la bureaucratie.

« Quand nous avons déposé une demande pour obtenir un terrain où nous puissions développer notre projet, nous n’avons pas même eu d’accusé de réception », raconte Ibtissam, qui est détentrice d’un master 2 de biodiversité en écologie végétale.

Pourtant, leur parcours exceptionnel d’agricultrices passionnées plaide en leur faveur. « Nous voulons réaliser une ferme pilote autonome, avec un équilibre de l’écosystème pour éviter l’utilisation des pesticides. Nous voulons développer la culture maraichère, l’arboriculture, l’élevage de poules, etc. Nous souhaiterions obtenir un terrain où nous pourrions travailler sans problème et en toute sécurité, de préférence dans la région d’Alger ou Tipaza. Pour créer cette ferme intégrée, il est indispensable d’avoir un terrain où nous pourrions passer la nuit par exemple pour se lever très tôt le matin pour faire des travaux qui ne peuvent être réalisés que durant cette période de la journée », détaille Ibtissam.

Unité de transformation

Tout en sollicitant une concession agricole qui tarde à venir, les deux agricultrices  ne restent pas les bras croisés. Ils ont tenté de louer un terrain plus grand pour développer et agrandir leur projet, produire davantage, faire de la transformation des produits agricoles. Mais l’expérience a tourné court.

« L’année passée, nous avons loué un terrain, mais nous avons dû y renoncer très vite, après une expérience décevante. Le problème de la location, c’est que ce n’est pas encadré par la loi », explique-t-elle.

En attendant un geste de l’État, Ibtissam et Amira continuent de travailler dans la parcelle de terrain mise à leur disposition par leur formateur, tout en essayant de développer la transformation des produits agricoles qu’elles produisent.

À terme, elles comptent investir dans une unité de transformation pour y produire du coulis de tomate, de la harissa, de l’ail seché…

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