Rania Tessa Maachou s’est lancée dans la bataille des législatives en se portant candidate indépendante dans la 9ᵉ circonscription des Français de l’étranger, dont fait partie l’Algérie.
Dans cet entretien à TSA, cette Française d’origine algérienne revient sur les enjeux de cette élection, les questions liées aux visas et à la mémoire, la polémique qu’elle a suscitée au Maroc, la controverse sur les binationaux en France….
Pourquoi avez-vous décidé de vous porter candidate aux législatives du 30 juin et du 7 juillet ?
Dans un contexte où la montée du RN déstabilise les équilibres déjà précaires, j’exerce mon droit de citoyenne en me présentant comme candidate indépendante.
En m’affranchissant des lignes partisanes, je me consacre entièrement à la défense des intérêts de mes compatriotes. Mon engagement actif dans la silver économie démontre ma sensibilité aux enjeux sociétaux.
Quels sont les enjeux de cette élection ?
Les enjeux de cette élection sont cruciaux pour les Français établis hors de France : ils touchent à l’égalité des droits, à la protection sociale, à la consolidation des parcours de vie, notamment pour les enfants expatriés, et à la sécurité.
Ces élections offrent l’occasion de renforcer leur représentation et d’assurer que leur voix compte autant que celle des citoyens sur le territoire national.
En cas de victoire, le RN s’engage à interdire l’accès à certains postes aux binationaux. Ces derniers ne risquent-ils pas de devenir des citoyens de seconde zone en France ?
Il est fondamental que tous les citoyens français, qu’ils soient binationaux ou non, aient les mêmes droits et opportunités.
Des politiques discriminatoires basées sur la nationalité sont iniques et contraires aux valeurs de notre République.
En tant que députée, je m’opposerai fermement à toute mesure qui marginaliserait une partie de nos concitoyens. C’est une tentative de diversion des vrais problèmes économiques, en stigmatisant inutilement certaines populations.
La question de la mémoire et des visas empoisonnent les relations entre l’Algérie et la France. Quelles sont vos positions sur ces deux dossiers ?
Ces dossiers nécessitent une approche respectueuse et équilibrée. Pour la mémoire, il est crucial de reconnaître notre Histoire commune pour bâtir un avenir serein.
Concernant les visas, je défends une politique plus ouverte et juste qui facilite les échanges humains tout en respectant les préoccupations sécuritaires.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Née en Algérie et ayant vécu entre l’Algérie et la France, mon parcours transnational me permet de comprendre les préoccupations de mes compatriotes.
Diplômée en gestion de patrimoine, j’ai travaillé dans le secteur bancaire et en gestion privée.
Je suis particulièrement sensibilisée aux questions sociales et mon engagement entrepreneurial envers l’amélioration des conditions de vie des personnes âgées en France, notamment par des solutions innovantes de mobilisation du patrimoine immobilier, témoigne de mon dévouement aux défis que rencontrent nos compatriotes.
Vous avez soulevé une polémique au Maroc à cause de la carte géographique de ce pays. Quelle est votre réponse ?
Je tiens à remercier TSA Algérie de m’offrir la possibilité de répondre à ces allégations suite à une carte qui représente uniquement le découpage de la 9ᵉ circonscription.
Il est essentiel de souligner que les questions géopolitiques, telles que celles concernant le Sahara occidental, relèvent de la responsabilité des dirigeants des États concernés.
En tant que citoyenne, mon rôle est de soutenir pleinement les efforts des dirigeants algériens et marocains pour résoudre ces questions de manière juste et pacifique.
Je déplore profondément que certains acteurs médiatiques choisissent de créer des tensions inutiles fondées sur mon identité algérienne.
Mon attachement à l’Algérie, mon pays natal, est profond et sincère, et mon lien fraternel avec le Maroc est une part essentielle de mon histoire personnelle ; aucune tentative malveillante ne peut l’effacer.
Je crois fermement que les populations algérienne et marocaine sont capables de discerner les tentatives de division et de ne pas céder à cela.
Malgré nos différences, il est crucial de se concentrer sur les nombreuses raisons qui nous unissent, renforçant ainsi la fraternité qui doit prévaloir entre nos nations.
Au lieu de nous focaliser sur les raisons de divergences, cherchons plutôt celles qui peuvent nous unir et construisons-nous sur cette base commune.
Un sujet qui vous tient à cœur ?
En tant que candidate, je tiens à exprimer mon profond respect pour les décisions souveraines de l’Algérie concernant la nationalité de ses citoyens.
Il est important de rappeler que l’Algérie, en tant qu’État, a toujours cherché à protéger et à promouvoir les intérêts de tous ses enfants, y compris ceux en rupture de filiation.
Mon rôle, si je suis élue, serait de soutenir et de faciliter les démarches de tous les Algériens qui désirent renouer avec leur patrie, tout en respectant pleinement les cadres légaux et les politiques établis par notre gouvernement.
Cette question de la nationalité n’est pas seulement une affaire de documents, mais aussi de liens humains et culturels profonds qui méritent toute notre attention et notre sensibilité.
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