Les étudiants ont manifesté ce mardi pour la 13e fois depuis le 22 février. Quel est l’impact de leur mobilisation sur le mouvement populaire en général ?
Saïd Salhi, vice-président de la LADDH : Ce mardi, il y a eu une mobilisation très forte de la part des étudiants. Aujourd’hui, ce sont eux qui sont à l’avant-garde du mouvement citoyen. Ce sont eux le moteur de par leur engagement, leur détermination et leur génie. Le mouvement citoyen demeure intact dans sa mobilisation et encore une fois, il se renforce de plus en plus et gagne en maturité, politique notamment.
Les étudiants se sont plaints de répression. Quelle est votre réaction ?
Il s’agit, pour nous, d’une atteinte à la liberté de manifestation d’autant plus qu’il s’agit d’un mouvement pacifique qui se poursuit pour le troisième mois. Aujourd’hui, il y a eu des interpellations d’étudiants, d’autres ont été littéralement malmenés voire carrément blessés. Nous assistons même à des poursuites contre des militants, nous avons des cas de militants qui sont traînés devant les tribunaux. Nous ne comprenons pas les dispositifs (sécuritaires) déployés et surtout les interdictions de circulation des Algériens. Ces dispositifs sont injustifiés et le recours à la violence l’est d’autant. Dans notre jargon, on utilise le mot disproportionné sachant qu’il n’y a pas de danger d’atteinte à l’ordre public, de destruction des édifices publics. Bien au contraire, ce sont les étudiants qui protègent les édifices et les espaces publics, depuis le début du Hirak. Nous l’avons vu à plusieurs occasions. Pour nous, l’usage de la violence ne démontre qu’une seule chose : la mauvaise volonté du système d’aller vers une solution politique. Au contraire, on assiste à des tentations de recul en arrière.
Les élections présidentielles peuvent-elles avoir lieu le 4 juillet ?
Le système parle de la solution constitutionnelle en maintenant les élections alors que tout le monde, et le système lui-même, sait qu’il est impossible de tenir ces élections dans les délais. Si on s’accroche encore à cette offre, on ira directement vers un vide constitutionnel. C’est un non-sens de dire qu’on se conforme à la Constitution et, dans le même temps, on fait tout pour aller vers le vide constitutionnel, sinon vers le chaos. L’urgence est de répondre aux revendications du peuple, d’ouvrir un large dialogue, sérieux et franc. Et bien sûr aller vers une transition politique le plus vite possible, celle-ci permettra de mettre en place les institutions et les moyens d’aller vers la nouvelle république tant souhaitée par les Algériens. Annuler ou reporter les élections, ce sera entrer déjà dans la transition.