La campagne de vaccination anti-covid se poursuit en Algérie dans un contexte de décrue de la pandémie de covid-19, avec moins de 200 nouveaux cas recensés en 24 heures, alors que de nombreux Algériens continuent de bouder le vaccin.
Pour le Dr Bekkat Berkani, président du conseil de l’ordre national des médecins, « il est évident que l’épidémie marque le pas » en Algérie, même si les chiffres officiels « ne reflètent pas la réalité ».
Interrogé sur la campagne nationale de vaccination lancée par l’Algérie samedi 4 septembre, le Dr Bekkat Berkani salue l’initiative mais critique la communication faite autour de cette opération.
« L’initiative de la campagne de vaccination est bonne mais il faut s’assurer d’une organisation préalable. Il faut une campagne de sensibilisation et de communication qui soit à la hauteur des enjeux », estime-t-il.
« Les affiches ‘big day 11 septembre 2021’, il y a déjà un problème dans la dénomination. Le 11 septembre est une date qui coïncide avec des attentats. Déjà là, il y’a un problème », regrette le spécialiste.
Selon lui, il aurait été préférable de s’appuyer sur la société civile, et plus particulièrement sur les personnalités du monde sportif, pour convaincre les Algériens d’adhérer à la campagne de vaccination contre le covid-19.
« L’influence des footballeurs de l’équipe nationale, il faut faire jouer tout ça. Il faut aussi que les gens s’expriment dans des débats, sur les chaînes TV publique et privées, dans la presse, etc. Lancer une offensive médiatique sans précédent », explique-t-il.
Pour lui, « il faut essayer de prévoir aussi des endroits dédiés à la vaccination. De vrais vaccinoriums. Dans l’Algérois, il aurait été préférable d’en faire un grand central, à la Safex. Dans l’ouest, dans telle ou telle salle de sport, et un à l’est du pays ». « Une campagne vaccinale se prépare comme une campagne militaire », estime encore le Dr Bekkat Berkani.
Revenant sur les premiers résultats de la campagne de vaccination contre le covid-19, communiqués par le ministère de la Santé, faisant état de de près d’un million de vaccinés en une semaine, le Dr Bekkat Berkani semble sceptique.
« Trois-quarts de la population ne croit pas à la vaccination »
« Le résultat de la vaccination, je ne le connais pas. Le ministère a communiqué le chiffre d’un million de vaccinés en une semaine. J’en doute », dit-t-il.
Interrogé sur la question de la mise en place du pass sanitaire pour accéder aux stades, le Dr Bekkat Berkani affirme que les « gens qui ont eu peur du covid-19, se sont fait vacciner, mais le trois quart de la population ne croit pas à la vaccination. »
Pour lui, c’est cette portion de la population qu’il « faut convaincre et persuader, voire persuader de force. » « On peut imaginer des contraintes administratives pour les personnels. On ne peut pas risquer une quatrième vague. Il est inconcevable de voir un fonctionnaire qui a affaire à des citoyens, qui ne soit pas vacciné. II est inconcevable de voir un professionnel de santé qui ne soit pas vacciné », ajoute-t-il.
Évoquant la question de l’homologation des vaccins chinois Sinovac et russe Sputnik V, utilisés en Algérie, par l’Union européenne, le spécialiste estime qu’il y a probablement une différence de traitement par rapport aux vaccins.
« Le Sinovac est un excellent vaccin », affirme le spécialiste. Avant de préciser « il n’est pas reconnu par les autorités européennes, mais il est homologué par l’OMS. C’est une guerre politico économique contre la Chine, voire contre la Russie ».
« Les autorités nationales des pays d’accueil ont le droit, même si ce n’est pas convenable, d’exiger tel ou tel vaccin. Mais en ce qui concerne les voyages, l’Algérie devrait permettre à travers l’augmentation des lignes aériennes, d’augmenter le nombre de vols. Continuer à isoler l’Algérie comme cette façon, ce n’est pas bien socialement, économiquement, culturellement, et scientifiquement », conclut-il.
Le 1er juin, l’Algérie a rouvert partiellement ses frontières aériennes avec un nombre très limité de vols vers un nombre restreint de pays, avant de les augmenter sensiblement fin août, mais ils restent insuffisants en raison de la forte demande de la part de la diaspora algérienne.
