Smain Kouadria ancien syndicaliste d’El Hadjar (Annaba), est ex-député du PT de la wilaya de Guelma. Pour lui, l’appel au dialogue lancé par l’état-major de l’ANP est “rejeté dans le fond et dans la forme par toutes les corporations”.
Quel bilan faites-vous de la marche des travailleurs qui s’est déroulée hier mercredi 1er Mai ?
Elle est historique. Ce n’est plus les festivités d’antan. C’était une journée de lutte où on a vu une complémentarité entre les mots d’ordre de la confédération des syndicats autonomes et les militants syndicalistes de l’UGTA authentique. Il y a eu les mêmes revendications pour une nouvelle Algérie, pour la liberté syndicale, pour une nouvelle Algérie de la démocratie. La journée du 1er mai a été exceptionnelle. La mobilisation a été au top. Les syndicalistes de l’UGTA authentique sont venus de toutes les wilayas, avec un mot d’ordre : la réappropriation de l’UGTA au profit des travailleurs.
Cette mobilisation des travailleurs intervient dans un contexte très particulier marqué par le mouvement populaire avec lequel les travailleurs partage les mêmes revendications. Sans aucune référence aux revendications socio-professionnelles, la manifestation du 1er mai a porté sur des revendications purement politiques qui cadrent avec les mêmes revendications populaires. Cela n’a pas cassé la marche, laquelle a été un succès. Le plus important à retenir c’est que l’antagonisme entre l’UGTA et les syndicats autonomes fait désormais partie du passé. Les syndicalistes et militants, que ce soit au sein de la confédération des syndicats algériens ou bien de l’UGTA authentique, réfléchissent même à créer à l’avenir un seul front uni par les mêmes revendications.
Gaid Salah appelle au dialogue pour résoudre la crise politique. Etes-vous favorable ?
L’appel est rejeté dans le fond et dans la forme par toutes les corporations. Que ce soit par les syndicats, les associations, les partis politiques, les magistrats, les avocats et même la population. Ce dialogue n’incarne pas les revendications populaires. Il n’est pas question d’ouvrir un dialogue avec les mêmes symboles du système. La population attend davantage, à savoir un changement radical, le départ de tous les symboles du système en place sans exception. On ne peut pas refaire une nouvelle Algérie avec un système qui a confisqué les libertés syndicales, un système pourri qui a bradé les richesses de l’Algérie et qui a fait de la répression une règle de conduite.
Que faut-il faire ?
Il faut que ce système parte. On a besoin d’une démarche qui comprenne des décisions politiques courageuses, à même de dépasser la Constitution. Un changement dans le cadre de l’actuelle Constitution est tout simplement impossible.