Une semaine après avoir annoncé aux Algériens par le biais d’une déclaration écrite sa candidature à la prochaine élection présidentielle, Ali Ghediri devra s’adonner ce dimanche 27 janvier au difficile exercice de rencontrer les représentants des médias.
Ce sera au forum du journal Liberté, à l’hôtel Sofitel d’Alger. La sortie du général-major à la retraite est très attendue et pourrait constituer le point de départ de l’emballement de la précampagne, jusque-là terne et sans aspérités. Ce sera surtout l’occasion pour les Algériens de le découvrir et d’écouter sa voix, lui qui a préféré s’adresser à eux d’abord par le biais de la presse écrite.
Ali Ghediri a eu la témérité de se jeter dans la bataille avant même de connaître la taille des adversaires qu’il affrontera, autrement dit si le président Bouteflika sera candidat ou pas pour un cinquième mandat.
L’opinion publique a sans doute hâte de savoir d’où le général à la retraite tient cette assurance. Beaucoup a été dit sur ses prétendus soutiens, certains étant allés jusqu’à lui prêter des accointances avec l’ancien patron du DRS, le général Toufik…
Le candidat Ghediri sera sans doute interpellé sur ces supputations et ses réponses seront écoutées avec intérêt, tout comme ce qu’il aura à dire -s’il consent à en parler-, sur les nombreuses réactions de l’armée à ses sorties publiques qu’elle n’a que peu appréciées, notamment celle où il exhortait le chef d’état-major à « assumer ses responsabilités » en investissant le champ politique.
Son interview à El Watan, le 25 décembre, a donné lieu à une série de charges au vitriol de l’ANP à son plus haut niveau, par le biais d’un communiqué du MDN, un éditorial de la revue El Djeich puis par la voix d’Ahmed Gaïd-Salah.
Même s’il n’a été à aucun moment cité, Ali Ghediri a été accusé de nourrir des « ambitions démesurées », « pas en rapport avec (ses) capacités sur plus d’un plan ».
En d’autres termes, il est jugé inapte à assumer les fonctions auxquelles il aspire. Ce qui donne déjà du piment à la situation en ce sens que c’est la première fois qu’un candidat brigue la magistrature suprême avec un jugement défavorable déclaré et assumé de la partie dont l’avis, en principe, pèse le plus dans ce genre de questions.
On est curieux de savoir comment il compte surmonter un tel handicap, à moins qu’il ne fasse montre de génie pour en faire un atout qui suscitera une large adhésion populaire autour de sa candidature.
Toujours à propos de l’armée, Ali Ghediri aura l’occasion de revenir sur ses états de service dont l’opinion publique ne connaît presque rien, surtout sur son départ à la retraite en 2016 que certains expliquent par des rapports tendus avec le chef d’état-major.
Son staff de campagne devra faire preuve de vigilance pour que ces questions, aussi importantes soient-elles, n’éclipsent pas l’essentiel qui est le programme électoral du candidat Ali Ghediri.
Dans sa déclaration de candidature, il s’est limité à un constat sur la gravité de la situation, préconisant comme solution, une généralité : la rupture avec le mode de gouvernance actuel.
Pour gagner la confiance des Algériens dans cette conjoncture tendue sur le plan économique et social avec des perspectives sombres que certains promettent pour bientôt, il faudra du concret, soit une politique économique claire avec des mesures pour booster la croissance et mettre fin à la dépendance aux hydrocarbures, des clarifications sur la place du privé, la politique fiscale, les importations, les subventions publiques…
On ne connait rien de la position de M. Ghediri sur ces questions pertinentes, pas plus qu’on sait sur son orientation idéologique, donc sur son projet de société. Sur ce dernier point, le candidat n’aura peut-être pas besoin d’être prolixe. Les visages qui s’afficheront à ses côtés lors de la conférence de ce dimanche nous en donneront une idée plus que précise…