Le Hirak entame son 7e mois au moment où les Algériens font leur rentrée sociale. Comment prévoyez-vous la suite du mouvement populaire ?
Mohamed Hennad, politologue : mise à part la problématique socioéconomique, il semble que ça sera une rentrée sociale pleine de doutes. Une rentrée mêlée d’optimisme et de pessimisme à la fois. D’optimisme, parce qu’un semestre entier de Hirak inédit ne pourrait et ne saurait simplement passer par pertes et profits. Pessimisme parce qu’il y a certains signaux qui font craindre le pire, eu égard aux différentes entraves à la liberté d’expression et de déplacement des citoyens. Les gens continuent de souffrir beaucoup sur les autoroutes à cause de barrages insensés. Est-ce le prélude à un retour du statu quo ante du point de vue des mœurs politiques ? C’est-à-dire, le retour du sinistre système de Bouteflika sans Bouteflika cette fois-ci ?
La convention du Pacte politique des forces de l’alternative démocratique ainsi que l’université d’été du mouvement RAJ ont été interdites par les autorités. Politiquement, cela signifie quoi ?
Il s’agit de parties considérées par le pouvoir comme de pires ennemis, sans doute. Mais ne pas autoriser une réunion publique d’acteurs reconnus va à l’encontre de la Constitution dont ce pouvoir ne cesse de se réclamer ! Qui plus est, c’est une voie de fait contre de paisibles citoyens qui essaient de contribuer à la sortie de la crise selon leurs points de vues et il ne servira à rien de verser dans les procès d’intentions des uns et des autres. C’est ce que le système des gangs faisait justement et contre lequel les citoyens se sont soulevés un certain 22 février !
Le pouvoir va faire quoi maintenant ?
Des signes indiquent que, dans quelques jours, le pouvoir va, comme à l’accoutumée, procéder à un tour de passe-passe et annoncer, par le biais de son Panel, la création d’une soi-disant « autorité » pour l’organisation d’une élection présidentielle. Et il est fort à parier que cette instance sera aussi « souveraine » que le Panel actuel. Suite à quoi, il sera procédé à un réexamen précipité des listes électorales et à un amendement de la loi électorale. Quelques temps après, il sera décidé de la date de l’élection présidentielle. Advienne que pourra !