Le gouvernement français est passé à l’acte dans son projet de mettre fin à la présence en France d’imams détachés à partir de pays étrangers comme l’Algérie et le Maroc.
Les concernés ont désormais le choix entre rentrer dans leur pays ou continuer à prêcher en France avec un nouveau statut et sous des conditions qui viennent d’être fixées par le ministère de l’Intérieur.
Sur les 2800 imams qui prêchent dans ses mosquées, la France comptait 300 détachés, principalement d’Algérie, du Maroc et de Turquie.
Le président Emmanuel Macron avait annoncé le projet de mettre fin au détachement d’imams en février 2020. La décision a été mise en œuvre progressivement, jusqu’à début avril dernier. Les derniers imams sous ce statut ont été autorisés exceptionnellement par le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin à continuer à prêcher jusqu’à la fin du mois de ramadan 2024.
La nouvelle situation ne signifie pas que la France n’accueillera plus des imams étrangers, mais elle ne permet plus qu’ils soient payés directement par leur pays d’origine.
Gérald Darmanin a aussitôt fixé les nouvelles règles pour les étrangers qui souhaitent prêcher en France. Elles ont été transmises aux préfets dans un courrier daté du 29 avril et qui vient d’être révélé par Le Journal du Dimanche (JDD) dans son édition d’aujourd’hui.
Cette correspondance « acte la disparition du statut d’imam détaché », écrit l’hebdomadaire français d’extrême-droite. Les imams détachés se retrouvent ainsi contraints de « changer d’employeur ». Ils ne seront plus payés par leur pays d’origine mais par les associations en charge de la gestion des mosquées.
Les services de renseignements et le bureau central des cultes français sont tenus d’effectuer un « suivi attentif » pour s’assurer du respect de cet engagement.
Imams étrangers en France : ce qui change
Le JDD écrit que cela ressemble à un « tour de passe-passe » puisque certaines des associations qui rémunéreront les Imams sont elles-mêmes financées de l’étranger. Néanmoins, ajoute-t-il, le ministère de l’Intérieur dispose maintenant de la liberté d’agir directement auprès des mosquées ou des associations en cas de dérapage.
Mais il ne leur suffit pas de changer de statut. L’instruction de Gérald Darmanin impose en effet à ces imams, pour être habilités, de passer un examen de langue française et de suivre une « formation qualifiante à la laïcité ».
Pour ceux qui souhaitent venir de l’étranger pour exercer en France la profession d’imam, ils sont tenus de satisfaire un certain nombre de conditions avant d’obtenir une autorisation de travail et un titre de séjour.
Ils pourront rester en France, non plus sous le statut de « visiteur », mais avec un titre de séjour professionnel donc au préalable un projet de contrat de travail émis par une association. L’obtention de ce titre de séjour est soumise à une conditions contenue dans la correspondance ministérielle, soit un rapport favorable « sur le comportement de l’intéressé émanant du service départemental du renseignement territorial ».
Si la France n’interdit pas carrément l’exercice du métier d’imam par des étrangers c’est, explique le ministère de l’Intérieur au JDD, pour ne pas créer une situation de vide qui profiterait aux « imams Google » qui prêchent sur Internet où ceux autoproclamés dans les cités.