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Immigration en France : Michel Barnier tient les étrangers en haleine

En France, le nouveau premier ministre, Michel Barnier, n’a pas encore dévoilé sa politique concernant le sujet brûlant de l’immigration. Les Français et les étrangers en particulier attendent avec impatience la position du nouveau locataire de Matignon.

Pour le moment, on ne connaît de ce nouveau premier ministre que ses anciennes positions concernant l’immigration. Et elles n’étaient pas favorables aux étrangers, d’autant qu’il avait fait campagne pour l’investiture de la droite à l’élection présidentielle en 2021.

Michel Barnier a été nommé jeudi 5 septembre par le président Emmanuel Macron à la tête du gouvernement. Dans sa première déclaration en tant que chef de l’exécutif, donnée dans un journal télévisé de TF1, il a promis de « maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes ».

Une partie de la gauche accuse Macron « d’avoir négocié un deal avec Marine Le Pen »

Il suit ainsi la ligne qu’il s’était fixée lors de la primaire de la droite en 2021, lors de laquelle il proposait un moratoire sur l’immigration. Désormais à la tête du gouvernement français, Michel Barnier veut « maîtriser les flux migratoires, pas avec de l’idéologie, des discours et des phrases, mais avec des mesures concrètes ».

Le Nouveau Front populaire (NFP, coalition de la gauche et des écologistes), qui a remporté le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale, n’est pas favorable à la nomination de Michel Barnier à la tête du gouvernement.

À ce propos, le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, accuse carrément Macron « d’avoir négocié un deal avec Marine Le Pen ». Intervenant sur France Info, il affirme que le président de la République « avait le devoir de nommer un Premier ministre issu de la gauche ».

« À force de vouloir une gauche pure, on a eu une droite plus dure », a-t-il regretté dans sa déclaration faite deux jours après la nomination du nouveau premier ministre.

Que sera la politique migratoire du gouvernement de Michel Barnier ?

Samedi dernier, une partie de la gauche a défilé en France contre le nouveau premier ministre, dénonçant « le coup de force de Macron ». Pour les 110 000 personnes qui ont manifesté (chiffres du ministère de l’Intérieur), le chef de l’État n’a pas tenu compte du résultat des élections législatives.

Du point de vue de la gauche, le nouveau premier ministre n’est donc autre qu’un partisan de la politique des partis de la droite, ce qui n’arrange en rien la situation des étrangers en France.

Interrogé par BFMTV, le propriétaire d’un restaurant à Paris, qui compte cinq employés issus de l’immigration, espère que la politique du Premier ministre ne lui compliquera pas la titularisation de ses employés étrangers.

Il se dit « rassuré » par rapport à la position du Premier ministre sur l’immigration non maîtrisée, « mais il faudra aussi qu’il agisse sur l’immigration économique, dont on a toujours besoin en France ».

Une partie de la droite espère que Michel Barnier garde sa position

Tout comme ce restaurateur, de nombreux secteurs en tension scrutent de près la politique de Michel Barnier sur l’immigration. Mais les anciennes positions de cet homme politique, notamment sa proposition de mettre en place un moratoire de 3 à 5 ans pour suspendre l’immigration, qu’il a proposé en 2021, rend les spécialistes sceptiques.

François Gemenne, politologue et spécialiste des questions migratoires, rappelle que dans toute une série de secteurs (hôtellerie, restauration, construction, soins, médecine… « on aurait de graves difficultés de recrutement s’il n’y avait pas de travailleurs immigrés ».

Par ailleurs, une partie de la droite française espère voir le nouveau premier ministre garder la même position qu’en 2021. Rappelons qu’en 2021, Michel Barnier était aussi favorable à un référendum sur l’immigration, quitte à s’affranchir de certaines institutions européennes.  

« C’est un homme qui tient ses engagements et s’il reproduit dans sa politique ce qu’il avait dit il y a trois ans, il correspondra à nos attentes », a déclaré Guilhem Carayon, président des jeunes Républicains et soutien d’Eric Ciotti, président des Républicains qui a conclu une alliance avec le Rassemblement national lors des législatives de l’été dernier.

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