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Immigration : fake news, la nouvelle arme de l’extrême-droite européenne

Les émeutes d’une ampleur inédite qui viennent de secouer le Royaume-Uni viennent d’attester de nouveau les dégâts que peuvent générer les fake-news et le danger de l’extrême-droite.

Depuis l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes à Southport dans le nord de l’Angleterre le 29 juillet dernier, de fausses informations et des vidéos trompeuses sont relayées à une large échelle sur les réseaux sociaux provoquant des scènes de violences ciblant essentiellement l’immigration musulmane dans ce pays.

De nature raciste, ces fausses informations ont porté sur le profil du suspect de la tuerie de Southport, son pays d’origine, les raisons de sa présence au Royaume-Uni et son identité religieuse.

Fake news et manipulations à grande échelle

Non seulement, un nom fictif lui a été attribué, mais il a été présenté comme de confession musulmane et demandeur d’asile. Des affirmations, relayées même par certains médias, qui se révéleront fausses.

Confronté à l’étendue de la violence qui a gagné plusieurs villes, les autorités britanniques ont dû même dévoiler le nom du suspect, un mineur, né à Cardiff aux Pays de Galles, de parents chrétiens originaires du Rwanda, alors que la loi l’interdit dans le cadre de l’enquête.

Amplifiées par les réseaux sociaux, ces fausses informations émanent souvent de comptes de personnes dont les accointances avec les milieux d’extrême-droite sont de notoriété publique.

Leur viralité a été aussi rendue possible par le concours de certaines personnalités influentes comme le complotiste américain Alex Jones (2,6 millions d’abonnés sur X), le milliardaire américain Elon Musk, patron de la plateforme X et de Tesla (130 millions d’abonnés) ou encore Damien Rieu, militant français d’extrême-droite.

L’extrême-droite chauffée à blanc par une fake news contre les musulmans

Les algorithmes de recommandation des plateformes, tels que TikTok ou X, ont fait le reste. « Je pense que nous devrions à un moment donné parler d’Elon Musk. Je suis sérieusement en train de penser que Twitter est devenu une fosse septique qui ne vaut peut-être plus la peine d’y être. Musk est une honte. Les médias sociaux sont un facteur qui a contribué à préparer le terrain pour tout cela », a pointé du doigt l’ancien directeur de campagne de Tony Blair, Alistair Campbell cité par les médias.

Pour avoir jugé « qu’une guerre civile est inévitable » au Royaume-Uni et en mettant les violences sur le compte de « l’immigration de masse », Elon Musk a été accusé par la ministre de la Justice britannique d’avoir publié des commentaires « injustifiables et « irresponsables ».

Arme redoutable et sérieuse menace à la démocratie, les fake news profitent essentiellement aux mouvements d’extrême-droite où se recrutent les auteurs de ces publications, animés par le gain ou l’ambition du pouvoir, pour mieux s’organiser et promouvoir leurs idées islamophobes et anti-immigration.

« Les réseaux d’extrême-droite ont profité de ce pic d’activité pour se mobiliser en ligne. Ils ont organisé des manifestations antimusulmanes devant la mosquée locale et détourné une veillée organisée par la communauté pour les victimes », a relevé l’institut de la stratégie globale français repris par les médias.

Du grain à moudre pour l’extrême-droite française, comme l’illustre le commentaire de Marion Maréchal. « L’immigration incontrôlée menace notre sécurité dans toute l’Europe », a écrit l’eurodéputée sur son compte X.

Quelle parade alors face à la désinformation dont les conséquences sont désastreuses pour la paix sociale, mais aussi pour la démocratie de façon générale ? Aujourd’hui, chaque gouvernement s’emploie à sa manière de trouver les meilleurs instruments pour mieux lutter contre les fake news.

Mais la mission est loin d’être aisée, car cette lutte met en conflit des considérations d’intérêts financiers avec le respect des principes de la liberté d’expression, particulièrement dans les pays occidentaux.

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