Face aux attaques répétées contre l’Algérie, une voix de raison s’est fait entendre en France. L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a fait une sortie remarquable ce lundi 7 octobre sur France Info, estimant que les accusations qui ciblent l’Algérie, un pays ami et frère, « dépassent de loin, toute réalité ».
La voix de Dominique de Villepin se dresse de nouveau sur le chemin des va-t-en-guerre de l’extrême-droite française. Cette fois, c’est sur l’Algérie qu’il leur apporte la contradiction.
Le contexte est celui d’une crise politique entre les deux pays et d’un débat passionné en France sur l’immigration, avec celle originaire d’Algérie comme point de fixation.
L’Algérie est dans le viseur de la droite dure et de l’extrême-droite qui instrumentalisent les questions de l’immigration, des laissez-passer consulaires, l’accord de 1968, la mémoire…
Même le nouveau gouvernement français s’est mis de la partie, notamment le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui a menacé d’engager un bras de fer avec l’Algérie sur la question migratoire, avec en prime, une réduction drastique des visas aux Algériens.
En quelques mots, l’ancien chef de la diplomatie française a su démontrer toutes les accusations par rapport à ces questions pour aboutir à une conclusion : la France ne peut pas ignorer l’Algérie dans sa recherche de solutions à tous les problèmes posés.
« Des accusations qui dépassent de loin, toute réalité »
« Cela fait malheureusement de longs mois, pour ne pas dire années, que l’on voit la relation avec ce grand pays ami et frère qu’est l’Algérie, se dégrader jour après jour. Et de dégradation en dégradation, on en vient à des accusations qui, évidemment, dépassent, et de loin, toute réalité », a regretté De Villepin.
« Qu’il y ait, en regardant en arrière -et ce travail est fait par de nombreux historiens-, des crimes de guerre, voire même des crimes contre l’humanité, c’est une chose », a-t-il indiqué à propos de la question du litige mémoriel.
De Villepin a appelé à revenir « à la raison » parce que, selon lui, il y a aujourd’hui en France « la tentation », de faire de l’Algérie « le bouc émissaire d’un certain nombre de nos problèmes et c’est particulièrement vrai en matière d’immigration ». « L’Algérie n’a pas à porter cela, et nous avons à trouver, avec les Algériens, des réponses et des solutions », a-t-il asséné.
Dominique de Villepin : « Brandir l’accord de 1968, c’est vouloir ouvrir une guerre avec l’Algérie ? »
La crise actuelle entre l’Algérie et la France a été déclenchée fin juillet dernier par la décision du président français de s’aligner sur les thèses marocaines dans le dossier sahraoui. Emmanuel Macron ne devait pas ignorer l’Algérie dans ce dossier, estime De Villepin.
« Le président de la République a voulu renouer avec le Maroc en acquiesçant sur la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Nous aurions dû faire tout cela dans le cadre des Nations-Unies et en liaison avec l’Algérie. On ne peut pas aujourd’hui faire avancer un règlement diplomatique de quelque question que ce soit sans le faire avec tous », a rappelé le diplomate.
De Villepin n’apprécie pas non plus l’instrumentalisation de l’accord de 1968 sur l’immigration que les mêmes courants politiques veulent révoquer coûte que coûte. Samedi, dans un entretien avec la presse diffusé par la télévision publique, le président Abdelmadjid Tebboune avait estimé que cet accord était « l’étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes » en France.
De Villepin a un avis qui n’est pas très différent. « Vouloir brandir aujourd’hui le symbole de l’accord de 1968, dont nous savons qu’il est une des conséquences des accords d’Évian, c’est vouloir ouvrir une guerre avec l’Algérie ? Une guerre des mémoires en tout cas ? », a-t-il accusé.
« Tout cela est absurde, il y a d’autres chemins », a-t-il estimé. Le chemin, selon lui, c’est l’action concertée et le dialogue. « Nous ne réglerons pas la question de l’immigration, des Algériens détenus en centres de rétentions administrative et que nous voulons renvoyer chez eux, qu’en accord avec l’Algérie », a assuré Dominique de Villepin.
« Ça implique le dialogue, ça implique le respect et ça implique la capacité d’assumer cette histoire que nous avons, qui est partagée et qui est si importante des deux côtés de la Méditerranée », a-t-il conclu.
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