Nouvelle réplique de l’Algérie aux attaques de l’extrême-droite française sur la question migratoire et l’accord de 1968.
Quelques jours après la sortie télévisée du président de la République Abdelmadjid Tebboune samedi 5 octobre, l’Algérie a apporté une nouvelle réponse ce jeudi 10 octobre à travers Salah Goudjil, le deuxième personnage de l’État par sa qualité de président du Conseil de la nation (Sénat).
Samedi dernier, le président Tebboune avait qualifié le débat sur l’immigration algérienne ou l’accord de 1968 de "futilités", accusant le courant extrémiste de chercher à "faire détester l’Algérie aux Français".
Dans une contribution publiée ce jeudi 10 octobre dans plusieurs titres de la presse algérienne et dont une synthèse a été faite par l’agence officielle APS, Salah Goudjil a abondé dans le même sens, écrivant que « le fait d’exploiter la question migratoire à des fins politiciennes et s’attaquer spécifiquement et injustement à l’immigration en provenance d’Algérie« reflète »clairement la décadence politique qui touche une partie et non pas l’ensemble de la classe politique française".
Le président Tebboune avait lui aussi ciblé spécifiquement les extrémistes de la classe politique française, précisant que 65 % des Français n’ont pas cette idéologie.
Il a aussi précisé que le président Emmanuel Macron, qui est "d’une autre génération« , n’avait »rien à voir avec le colonialisme".
Dans sa contribution de ce jeudi, Salah Goudjil, qui est lui-même un ancien moudjahid, a insisté que la révolution algérienne faisait le distinguo dès son déclenchement "entre le peuple français et le colonialisme français« .
Il dit constater avec regret l’exploitation des "effets des crises socioéconomiques" par « des politiciens, sans vision politique sérieuse« , de l’extrême-droite et de la droite traditionnelle, »incriminant injustement les communautés immigrées" et notamment la communauté algérienne.
Attaques contre l’immigration algérienne en France : ce qu’a dit Salah Goudjil
À propos de l’accord de 1968 dont les mêmes courants en France réclament la révocation, le président du Sénat estime qu’il est en fait « principalement en faveur de la partie française depuis sa signature jusqu’à nos jours« . « Seulement, ils omettent tous de souligner que cet accord a déjà été révisé en 1985, 1994 et 2001 lui ôtant ainsi sa raison d’être« , a-t-il dit.
Salah Goudji a rappelé que cet accord a été signé à la demande de la France qui, selon lui, "a toujours été bénéficiaire de l’apport des Algériennes et des Algériens".
Sur l’apport de l’immigration algérienne, Goudjil souligne qu’après "l’immigration des ouvriers« , la France a opté pour une »approche sélective« ces dernières années, »encourageant l’arrivée de talents et de diplômés de haut niveau, sans aucune contrepartie pour l’Algérie« .
"C’est un étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes", avait indiqué samedi dernier le président Tebboune à propos de l’accord de 1968 qui est devenu, selon lui, une « coquille vide« .
Salah Goudjil est remonté jusqu’au début du siècle dernier pour rappeler l’apport à la France de l’immigration algérienne, notant la participation des Algériens aux deux guerres mondiales et leur utilisation « comme main d’œuvre nécessaire à la carte de la reconstruction de la France« .
C’était un "exode forcé« , estime-t-il, à cause de la situation socio-économique des Algériens sous domination coloniale, de même que leur mobilisation dans l’armée française qui était également »forcée".
À l’adresse des Français d’origine algérienne, Salah Goudjil signifie que leur appartenance à la société française "est une résultante historique d’une intégration de générations successives« , sans se soucier des milieux qui, aujourd’hui, »exploitent l’immigration comme un enjeu de politique politicienne de très bas niveau« .
Les Algériens de France ont de tout temps payé un lourd tribut. Salah Goudjil rappelle dans ce sens le massacre du 17 octobre 1961 à Paris ou encore « les attentats racistes perpétrés dans les années 1970 par les résidus de l’OAS en France contre des travailleurs immigrés Algériens".
Ces attentats avaient conduit le président Boumediene, à "stopper l’arrivée de nouveaux immigrés algériens en France » en 1973, indique le président du Conseil de la nation qui, en conclusion, invite l’État Français à « composer avec cette réalité » et être « en rapport avec les choix historiques de la France qui a lié son destin à la politique migratoire« .