En Algérie, le marché de l’immobilier est doublement impacté par la crise économique et sanitaire qui touche le pays. Pour les professionnels de l’immobilier, c’est le moment d’investir dans la pierre.
À Alger, les professionnels de l’immobilier vous le diront sans ambages : leurs offres postées sur les réseaux sociaux ou autres supports, peinent à trouver preneur.
Si le marché de la location connait une légère reprise depuis deux ou trois mois, celui de la vente tourne, quant à lui, au ralenti. La crise économique doublée de la crise sanitaire, ont plombé ce secteur.
Cependant, une chose est sûre, les prix des locations et ventes de biens immobiliers, ont connu une baisse oscillant entre 20 et 30 %, selon des professionnels de l’immobilier. Pour ceux qui ont les moyens, « c’est le moment d’investir dans la pierre ! », assurent des agents immobiliers.
Il y a quatre ans, Ahmed et Nouria avaient mis leur appartement en vente. Un superbe F4 d’une superficie de 120 m2 à El-Biar sur les hauteurs d’Alger : « À l’époque, on nous avait offert 4,5 milliards de centimes (45 millions DA) », révèlent-ils. Pour des raisons familiales, nous avons dû suspendre la vente à la dernière minute. Fin 2019, nous l’avions remis sur le marché, mais nous peinons à en tirer un bon prix », se plaint le couple.
Une baisse de 10 à 20 %
Ce cas est loin d’être unique. Les prix des appartements et villas ont connu un plongeon significatif, comme l’affirme Oussama, agent immobilier de l’agence « Icosium » au Telemly (Alger).
« Les prix avaient commencé à dégringoler depuis deux ou trois ans déjà, avec toutes les affaires de corruption et de blanchiment d’argent que notre pays a connues. La pandémie de la Covid 19 a porté l’estocade à ce secteur. Du coup, l’offre dépasse la demande actuellement. Les prix des appartements ont chuté de 10 à 20 %. Aussi, il faut reconnaître que les prix pratiqués étaient vraiment exagérés et ne répondaient à aucune norme. À titre d’exemple, un simple F2 ou petit F3 à Alger- centre, était cédé entre 1 milliard 500 millions et deux milliards de centimes (15 à 20 millions DA). Des prix prohibitifs qui trouvaient quand même preneur. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Autre exemple : un terrain dans le quartier des ambassades à Poirson (El Biar) qui valait entre 600 000 et 700 000 dinars le m² est resté en plan en dépit du fait que ses propriétaires aient baissé le prix à 300 000 dinars le m². Les villas affichent également une réduction de 30 % de leur prix ». Selon cet agent immobilier, la valeur des biens immobiliers à Alger était exagérément surestimée.
« Cette crise est finalement un mal pour un bien ! Elle va remettre un peu d’ordre dans ce domaine, même si cela ne fait pas plaisir aux propriétaires qui – pour la plupart – attendent de voir les prix remonter avant de reprendre les transactions ».
Absence de la clientèle étrangère depuis la fermeture des frontières
Le marché immobilier locatif a lui aussi perdu de sa valeur, comme nous l’apprend Djamel, agent immobilier dans cette même agence. « Je viens de louer un appartement sur le Bd Krim Belkacem (Alger) pour le prix de 70 000 DA mensuel. Pourtant, il y a juste 4 ans, son propriétaire en avait tiré 110 000 le mois ».
Pour cet agent immobilier la fermeture des frontière a également affecté la location des appartements haut standing, loués notamment pour les expatriés. « En l’absence de cadres étrangers qui pouvaient payer entre 150 000 da et 200 000 da le mois, les propriétaires sont obligés de revoir leur prix à la baisse ou de laisser leurs appartement vides ».
L’offre supérieure à la demande
Même constat au niveau de l’agence immobilière « Debussy » (Avenue Claude Debussy), toujours à Alger. Mohamed Rahmouni, 35 ans, directeur de cette agence, confirme la tendance.
« Les prix de l’immobilier se sont effondrés en ce qui concerne le marché locatif. Actuellement, l’offre est supérieure à la demande. En voici un exemple concret : avant la crise sanitaire, une villa en location sur l’axe Benaknoun-Birkhadem, se louait à 500 000 DA par mois. Actuellement, elle vient d’être donnée en location à 250 000 DA. La moitié de son prix. En plus, d’habitude, les propriétaires n’acceptaient pas n’importe quel locataire. Ils refusaient par exemple de louer leur bien à des clients chinois, car ces derniers avaient pour manie d’héberger en douce, jusqu’à 20 personnes, aussitôt le bail de location signé. À présent, les propriétaires ne font plus la fine bouche. Ils ne sont plus regardants, pourvu qu’ils trouvent un locataire ! »
Et d’ajouter : « Le prix de location des appartements a lui aussi baissé. Un appartement dans un bel immeuble avec ascenseur rue Debussy vient d’être loué à 65 000 da au lieu de 80 000 da par mois ».
Et le prix du neuf ?
Qu’en est-il du côté des promotions immobilières privées où des ristournes ont été consenties en ces temps de crises sanitaire et économique ?
Aymen, promoteur immobilier qui construit des appartements haut de gamme, a récemment mis en ligne sur son site, une vidéo annonçant une réduction de 10 % sur deux de ces projets immobiliers. Pour en savoir plus, nous avons pris attache avec Mohamed Chaibi, cadre commercial au sein de cette entreprise.
« Pour attirer plus de clients, notre entreprise a effectivement fait une remise de 10% sur deux de ses résidences : Le Coquelicot (Hydra) Perla (Dar El Beida). Toutefois, pour les autres résidences en cours de réalisation, les prix sont maintenus. Nos résidences sont estampillées du label « haut de gamme » et s’adressent à une clientèle qui cherche un produit de bonne qualité de finition avec des équipements et des matériaux de dernière génération. Ce type de biens immobiliers ne perdront pas de leur valeur », détaille Mohamed Chaibi.
D’autres promoteurs immobiliers comme Bessa Promotion ou Djoudi proposent des offres intéressantes pour des appartements de bonne qualité à Alger ou dans sa région.
La crise économique et la crise sanitaire ont incontestablement affecté le marché de l’immobilier en Algérie. Pour combien de temps encore ? Bien malin qui pourra prédire si ce secteur stagnera encore longtemps ou repartira de nouveau à la hausse, dans les prochaines années.