L’Algérie a décidé de lever l’interdiction sur l’importation des véhicules neufs en juin 2020. Plus d’une année après, aucune voiture neuve n’a été importée par les concessionnaires automobiles qui tardent à être agréés.
Le cahier des charges fixant les conditions d’exercice de cette activité a été modifié à deux reprises en 2020 et en 2021, mais le retour effectif aux importations de véhicules neufs s’éternise.
En face, les Algériens sont confrontés à une hausse incroyable des prix des véhicules d’occasion, devenus inaccessibles pour une bonne partie de la population.
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Et les concessionnaires automobiles dont l’activité est suspendue s’impatientent. Ce début septembre, ils ont décidé d’agir en sollicitant l’intervention du président Abdelmadjid Tebboune.
Après les opérateurs qui veulent activer dans l’importation des véhicules neufs, c’est au tour des concessionnaires spécialistes dans la vente d’engins roulants, constitués en collectif, de lancer lundi 6 septembre, un appel de détresse dans une lettre adressée au chef de l’État.
Ils préviennent contre « un dépôt de bilan imminent » après 13 mois d’interdiction d’importation. Et cela suite à la décision de suspendre toute activité d’importation d’engins roulants dans le sillage de la promulgation du décret exécutif n°20-277 du 19 août 2020.
Lequel décret fixe les conditions et modalités d’exercice de l’activité de concessionnaire d’engins roulants. Les 21 sociétés qui composent ce collectif avancent plusieurs raisons qui suscitent leur incompréhension par rapport à la décision de suspension de l’activité.
« Comment peut-on suspendre l’activité d’entreprises qui paient leurs impôts, s’acquittent de leurs charges sociales et qui n’ont commis aucune infraction à la législation, pour se retrouver aujourd’hui au bord de la faillite ? », s’interrogent ces opérateurs.
Ils récusent le fait que leur activité soit confondue avec celle de concessionnaires automobiles. « Nous ne comprenons toujours pas pourquoi on essaie d’assimiler injustement l’activité d’importation et de distribution d’engins roulants à celle des véhicules. Notre activité est substantiellement différente », relèvent-ils en expliquant les raisons de cette différence.
Précisément parce que les équipements qu’ils importent constituent « un outil de travail indispensable à la réalisation et l’exécution de projets importants dans le BTP, et l’agriculture dont l’économie a grandement besoin », signalent-ils.
Mais la différence majeure se situe dans le poids de chacune des deux filières sur les devises de l’État. « Comparativement à l’automobile, le secteur des équipements BTP/agriculture représente une part marginale dans la balance des paiements en monnaie étrangère », se défendent ces opérateurs.
En chiffres, cela donne : « 365 millions de dollars US contre 3,7 milliards de dollars US pour l’automobile en 2018 et 300 millions de dollars contre 2,53 milliards de dollars en 2019 ».
Par ailleurs, les concessionnaires des engins roulants souhaitent qu’on s’appuie sur leur « très grande expérience » et « savoir-faire inestimable» dans le domaine de la distribution des engins « pour déployer les bases d’une industrie nationale des engins BTP/agriculture ».
Ils s’inquiètent du risque d’affaiblissement de cette activité et peut-être même son « anéantissement ».
À ces risques encourus, ces opérateurs ajoutent celui de voir « disparaître l’ensemble des concessionnaires » avec toutes les conséquences sociales et économiques « résultant de la perte de milliers d’emplois, directs et indirects, et le ralentissement des projets dans les domaines du bâtiment, des travaux publics, de l’hydrauliques, des mines et de l’agriculture ».
Les concessionnaires engins roulants demandent à Tebboune de leur « permettre de continuer de jouir » de leur « droit légitime d’exercer » leur activité « librement conformément à l’article 4 de la loi n°04-08 du 12 août 2004 relative aux conditions d’exercice des activités commerciales », mentionnent les membres du collectif.
Silence des autorités
Les membres du collectif rappellent dans leur missive les différentes fins de non-recevoir à leurs demandes d’audience auprès de deux ministres de l’Industrie, l’actuel et son prédécesseur, envoyées respectivement le 2 mars et le 2 mai et 22 août derniers.
Face au blocage des importations de véhicules et engins roulants, la situation pourrait profiter au marché informel avec le risque de voir les pièces détachées de contrefaçon inonder le marché algérien, ce qui constitue un véritable danger de sécurité routière, dans un pays qui enregistre chaque année, entre 3.000 et 4.000 morts sur les routes.
Des concessionnaires qui continuent d’assurer le service après-vente ont interpellé, dimanche 5 septembre, le chef de l’État pour lever l’interdiction qui leur est signifiée d’importer des pièces de rechange d’origine.
Et ce suite à la décision du ministère du Commerce de suspendre, sous réserve de conformité à la loi, la domiciliation bancaire pour toutes les opérations d’importation pour la revente en l’état à partir du 31 octobre.
Une mesure qui a provoqué une pénurie de pièces de rechange d’origine, engendrant de fait une perturbation dans la maintenance des véhicules en raison de la rareté de la pièce d’origine nécessaire, se sont plaints les concessionnaires dans une lettre au chef de l’État.