Le texte du projet de loi de finances pour 2025 devrait passer tel qu’il a été élaboré par le gouvernement. Les amendements proposés, notamment ceux liés à l’importation de véhicules par les Algériens de l’étranger, ont été rejetés par la commission des finances de l’Assemblée populaire nationale.
Outre le rejet de l’autorisation de l’importation des véhicules de moins de 5 ans d’âge, la commission du budget et des finances de l’APN n’a pas retenu non plus un amendement visant à permettre aux Algériens établis à l’étranger d’importer des véhicules de moins de 3 ans.
Les émigrés peuvent acheter une maison en Algérie, mais ne peuvent pas importer une voiture, fait remarquer le député des Algériens de France, Abdelouahab Yagoubi, qui exprime dans une déclaration à TSA ce mercredi 13 novembre son incompréhension devant ce refus signifié pour la troisième année de suite. Cet amendement a déjà été proposé et rejeté lors des débats sur les lois de finances pour 2023 et 2024.
Les amendements proposés visent à atténuer la crise des véhicules que connaît l’Algérie depuis plusieurs années.
Malgré le déblocage de l’importation et des activités de montage il y a près de deux ans, les véhicules neufs et d’occasion sont toujours excessivement chers et hors de portée de la classe moyenne, à cause d’une offre toujours insuffisante pour résorber le déficit induit par plusieurs années d’arrêt de l’importation et de l’assemblage.
Selon M. Yagoubi, le même argument a été avancé à chaque fois pour motiver le rejet : une telle disposition serait contraire aux conventions de Kyoto sur les régimes douaniers et d’Istanbul sur les admissions temporaires. On aurait aussi signifié que le gouvernement ne souhaite pas voir l’Algérie devenir la « ferraille de l’Europe ».
L’importation des véhicules de moins de 3 ans toujours interdite aux émigrés : un député crie à la discrimination
Le parlementaire soutient pourtant que l’importation des véhicules par les Algériens de l’étranger pourrait contribuer à résorber la crise qui frappe le marché automobile algérien.
Étant donné que ce qui empêche le gouvernement d’inonder le marché, c’est le souci de préserver les réserves de change, les Algériens de l’étranger pourraient apporter la solution en mettant des véhicules sur le marché national sans solliciter les réserves de la Banque d’Algérie « ni même recourir au marché noir de la devise comme le font les nationaux résidents quand ils importent des véhicules neufs ou d’occasion ». C’est une manne importante en devises que l’Algérie pourrait récupérer.
Abdelouahab Yagoubi s’élève aussi contre la décision de la commission des finances, car elle constitue, selon lui, une « discrimination flagrante » entre les Algériens, suivants qu’ils soient résidents en Algérie ou établis à l’étranger.
Ce qui est en porte à faux avec la lettre et l’esprit de l’article 37 de la Constitution qui stipule que “les citoyens sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection de celle-ci, sans que puisse prévaloir aucune discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d’opinion ou de toute autre condition ou circonstance personnelle ou sociale”.
“Il y a un gap entre le discours et la réalité. On continue à légiférer les discriminations”, regrette le député des Algériens de France.
Dans un poste publié mardi soir sur les réseaux sociaux, Yagoubi a annoncé le rejet des amendements, “comme d’habitude”, une manière de signifier qu’il ne se faisait pas d’illusions par rapport à la décision finale de la commission.
“Comme prévu, les amendements de fond ont été bloqués : ceux qui auraient permis aux membres de la communauté à l’étranger d’importer des voitures de moins de 3 ans, ceux qui auraient levé les restrictions sur la vente de celles-ci avant 3 ans, ainsi que l’amendement qui aurait permis d’importer des voitures de moins de 5 ans”, a écrit le parlementaire.
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