Le retour de l’Algérie à l’importation des véhicules neufs, dans un contexte de grave crise économique, ne fait pas l’unanimité. Au lendemain de l’annonce, dimanche 10 janvier par le ministre de l’Industrie, de la publication prochaine de la liste des nouveaux concessionnaires automobiles, la polémique enfle. Le sénateur Abdelouahab Benzaim ne mâche pas ses mots. Pour lui, la décision relève « de la propre initiative » de Ferhat Aït Ali.
« Ça ne concerne pas la loi. Quand le ministre dit que nous avons reçu des orientations du président, mais avant les orientations il y a (d’abord) la loi », remarque le sénateur dans une déclaration ce lundi 11 janvier à TSA. Avant d’ajouter : « S’il y a une décision écrite du président, qu’il l’a montre ».
Le sénateur, membre de la commission des finances du Sénat, réaffirme le droit de regard du Parlement en ce qui concerne la gestion des réserves de change de l’Algérie qui continue de baisser, en raison de la chute des prix du pétrole.
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« Toute décision impliquant l’utilisation des réserves de changes doit passer par le Parlement »
« (Le ministre) a parlé de 2 milliards de dollars (enveloppe financière qui devrait être consacrée à l’importation des véhicules neufs, ndlr), il doit passer par le Parlement. C’est fini avec des décisions du gouvernement qui se sont soldées par un échec total », réclame le sénateur qui fait référence à l’expérience en matière de gestion des ressources en devises du pays par les gouvernements précédents.
« Toute décision impliquant l’utilisation des réserves de changes doit passer par le Parlement », assène Benzaim qui qualifie l’enveloppe consacrée à l’importation des véhicules neufs d’importante. « Ces 2 milliards de dollars, c’est pour combien de temps : une année, deux ou trois ans ? Jusqu’à quand ? », se demande le parlementaire qui tient à ce que ce dossier « soit discuté au gouvernement ».
« De plus, le ministre implique tout le gouvernement, est-ce que le ministre des Finances est d’accord ? », interroge Benzaim. Dans la foulée, il rebondit sur le fameux article 110 de la LF 2021 autorisant l’importation des véhicules de moins de 3 ans que le ministre de l’Industrie a remis en cause, soulevant un tollé notamment auprès des parlementaires.
« Le ministre dit qu’on a reçu une instruction du président de la République pour alimenter le marché (en véhicules). Pour ce faire, on commence d’abord par l’article 110. Et pour alimenter le marché, (il) doit passer par le Parlement. D’autant qu’il s’agit de 2 milliards de dollars, le ministre doit passer par la commission des finances pour en discuter », a affirmé Benzaim qui plaide pour « économiser » cette enveloppe et laisser le citoyen acheter le véhicule de son choix.
« Pourquoi faire appel à des concessionnaires ? Donnons la possibilité aux citoyens et que chacun fasse son choix », insiste M. Benzaim. « (Les parlementaires) doivent tout savoir », continue-t-il. Le sénateur persiste et signe que si instruction il y a eu de la part du chef de l’État, Ait Ali « n’a qu’à la montrer ». « Pourquoi décide-t-il en tant que ministre ? S’il veut importer un quelconque produit, il doit passer par le Conseil de gouvernement et ensuite par le Conseil des ministres que préside le chef de l’État. Dans ce cas-là, on dira que c’est le président qui a décidé. Mais parler d’une orientation comme ça… », critique M. Benzaim.
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