Économie

Importations algériennes : le gouvernement fait état de « pressions »

L’Algérie a entrepris ces dernières années de réguler et rationaliser ses importations avec comme stratégie de n’importer que ce qui n’est pas produit en quantités suffisantes par l’agriculture et l’industrie nationales.

Une politique qui n’a pas manqué de susciter des critiques tant en interne qu’à l’étranger. De nouveau, le gouvernement répond aux voix discordantes, défendant le bien-fondé de sa démarche, chiffres à l’appui.

Outre la préservation des réserves de change et la lutte contre les abus comme la surfacturation et le transfert illégal de fonds vers l’étranger, la nouvelle orientation de l’Algérie vise aussi à encourager la production nationale.

Les mesures prises ont permis de ramener la facture des importations des biens de plus de 60 milliards de dollars à une quarantaine de milliards, selon le gouvernement.

Le ministre du Commerce défend sa politique et accuse

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a réitéré à plusieurs reprises que cette politique ne doit en aucun cas déboucher sur des pénuries sur le marché national ou priver le citoyen de ce dont il a besoin.

Une mauvaise interprétation de ses instructions a été derrière son coup de « colère » en conseil des ministres en février 2023 et qui sera suivi du remplacement du ministre du Commerce Kamel Rezig par Tayeb Zitouni.

Celui-ci a été interpellé sur la question par un député de l’Assemblée populaire nationale (APN), Tahar Gheziel.

M. Zitouni y a répondu en plénière jeudi 9 mai. Il a réitéré que l’objectif du gouvernement est de réguler les importations et non de les « geler », comme le prétendent certaines organisations et parties étrangères « qui veulent faire pression sur l’Algérie et saigner ses ressources en devises ».

Pour preuve, il a avancé quelques chiffres inhérents aux activités d’importation : en 2023, les services du ministère du Commerce ont traité 32.550 factures présentées par 7.772 importateurs, d’une valeur totale de 10 milliards de dollars. L’augmentation par rapport à 2022 est de 38%.

Le gouvernement font état de “pressions” pour rouvrir le robinet

Les mesures prises ont permis de diversifier le tissu économique national grâce à la conversion de certains importateurs en producteurs et même en exportateurs, permettant de créer des milliers de pistes d’emploi, soutient le gouvernement.

La rationalisation a surtout permis de ramener la facture des importations de 60 milliards de dollars « ces dernières années » à 44 milliards en 2023. La facture devrait encore baisser en 2024, prévoit le ministre du Commerce dont les propos ont été repris dans un communiqué du ministère.

L’explosion de la facture d’importation à plus de 60 milliards de dollars avait failli mener l’Algérie à l’endettement extérieur et l’a poussée à recourir à la planche à billets qui a impacté négativement le taux de croissance et tiré vers le haut le taux d’inflation, a rappelé Tayeb Zitouni.

« Certains cercles continuent de faire pression » sur l’Algérie pour revenir sur certaines « décisions souveraines », a-t-il insisté, réitérant que le pays n’importera pas les marchandises qu’il produit.

S’agissant des prix à la consommation, le ministre du Commerce a fait état d’une nette amélioration de la situation avec la mise en place d’un plan de maîtrise des prix, l’appréciation de la valeur du dinar grâce à la hausse des exportations, le recul de l’inflation et la disponibilité des produits de large consommation.

Selon le ministre, les citoyens le reconnaissent mais pas « les cercles qui ne veulent pas du bien à l’Algérie, à son indépendance, à sa souveraineté sur son économie et ses devises et à son développement ».

Au cours de la même séance, Tayeb Zitouni a dû répondre à une autre question orale posée par le député Hamza Bouhafs et relative à la contrefaçon.

Le responsable a révélé dans sa réponse que les interventions de ses services dans le cadre de la lutte contre cette pratique ont permis d’engager 52 poursuites judiciaires et la saisie de 31,75 tonnes et 4718 unités de produits contrefaits d’une valeur totale de 8,1 millions de dinars.

Les plus lus