L’Algérie poursuit sa politique de durcissement des conditions d’importation des produits destinés à la revente en l’état, avec l’objectif de réduire la facture des achats à l’étranger.
L’étau ne cesse en effet de se resserrer autour des importateurs algériens. Dernière mesure en date : l’obligation faite aux sociétés d’importation de restituer les conteneurs dans les délais impartis.
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L’annonce a été faite lundi 30 août dans un communiqué des ministères du Commerce et des Transports. L’objectif de la mesure est de « permettre au Trésor public une économie substantielle de devises étrangères », selon le communiqué.
En 2020, l’Algérie a importé pour 34.39 milliards de dollars, en baisse de 17.99% par rapport à 2019. Durant la même année, elle a exporté pour 23,80 milliards, soit -33.57% par rapport à 2019 où l’Algérie avait exporté pour 35,8 milliards de dollars.
Comment les surestaries sont générées
Comme déjà mentionné, il existe deux types de surestaries : les surestaries sur les navires et les surestaries sur les conteneurs immobilisés dans les enceintes portuaires.
Pour en savoir plus sur les surestaries et les facteurs qui sont à l’origine de leur amplification, nous avons sollicité l’avis du PDG de la Société de gestion des ports d’Algérie, Djelloul Achour.
Selon le PDG du Groupe services portuaires (Serport), la question des indemnités sur les navires en rade a pu être maitrisée conséquemment à la baisse des importations, mais aussi de l’organisation des activités dans les ports.
« Pour la surestarie navire, disons que (compte tenu de) la baisse des importations, mais aussi de l’organisation des activités dans les ports, la notion de surestarie est aujourd’hui cernée et maîtrisée », note M. Achour.
En revanche, pour la surestarie conteneurs, c’est « une autre paire de manches ». Même s’il n’y a pas de données chiffrées, la surestarie conteneur « est importante », révèle-t-il.
Selon le PDG de Serport, l’indemnité générée par l’immobilisation au-delà des délais impartis des conteneurs est due à plusieurs facteurs.
« D’abord, l’accomplissement des formalités qui occasionnent des séjours importants dans les ports. La totalité des formalités, y compris l’intervention des différentes structures de contrôle sont toutes opérées à l’intérieur des ports. Ce qui amplifie les délais de séjour. Ajoutées à des démarches administratives complexes qui font aussi rallonger la durée de séjour des conteneurs dans les ports, amplifiant la surestarie du conteneur », détaille Djelloul Achour.
Il cite également comme autre facteur des insuffisances liées à la logistique nécessaire à l’acheminement de conteneurs vers les bénéficiaires/réceptionnaires.
« Il y a parfois des carences dans les moyens logistiques chez les opérateurs qui font que les conteneurs ne sont pas restitués dans les temps ou bien (qui) sont sujets à des retards importants de séjours », ajoute-t-il.
« Les opérations d’importations sont faites en masse, ce qui veut dire que les réceptionnaires contractent avec leurs fournisseurs des opérations d’importation en masse. Les fournisseurs s’empressent d’envoyer les marchandises, par contre les réceptionnaires n’ont parfois pas les moyens pour pouvoir réceptionner ces marchandises », détaille entre M. Achour.
Ce facteur constitue une entrave supplémentaire et amplifie le séjour des conteneurs dans les ports algériens et par voie de conséquence (le montant de) la surestarie.
Parmi les autres facteurs figure aussi, l’activité d’importation CKD/SKD dans des conteneurs qui sont immobilisés par faute de « procédure de libération ». A cet effet, le PDG de Serport pointe des formalités administratives « très lentes » qui occasionnent des séjours importants des conteneurs dans les ports. Ainsi, une surestarie sur un conteneur coûte généralement 1 000 DA/jour.
Des propositions pour régler définitivement la question du séjour des conteneurs
Le délai réglementaire pour le séjour d’un conteneur dans les ports algériens est limité à 90 jours « bien qu’il y ait eu une tentative malveillante de le porter à 180 jours », fait remarquer Djelloul Achour, qui juge toutefois le délai de 90 jours « important », voire « exagéré ». Il propose des « solutions alternatives » pour remédier à ces délais d’immobilisation que Serport est en train de débattre avec les pouvoirs publics.
La mesure annoncée par les deux ministères du Commerce et des Transports participera à résoudre la question du séjour des conteneurs dans les ports, estime Djelloul Achour, qui la juge toutefois insuffisante.
« Elle est peut-être utile, mais elle n’est pas suffisante », dit-il. Selon lui, il y a d’autres moyens à développer afin de régler la question de façon définitive. A l’instar de la proposition pour la mise en place d’un service public qui prend en charge le conteneur dès son arrivée dans le port.
« On propose la mise en place de plateformes logistiques extra-portuaires pilotées par les entreprises portuaires qui vont traiter directement de la question du séjour. C’est un service que nous allons créer et qui permettra de gérer la question de l’acheminement, le transit et l’itinéraire du conteneur jusqu’à sa restitution définitive », révèle Djelloul Achour.