Chems-Eddine Chitour intervient dans le débat sur l’avenir du secteur automobile en Algérie. Alors que la polémique entre le sénateur Abdelouahab Benzaim et le gouvernement continue, le ministre de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables met son grain de sel.
Si Benzaim réclame le retour à l’importation des véhicules de moins de trois ans et le gel du processus en cours pour le retour à l’importation des voitures neuves, ce qui est à l’opposé de ce que fait le ministre de l’Industrie Ferhat Ait Ali, Chems-Eddine Chitour plaide lui carrément pour le véhicule électrique.
L’option a été évoquée fin juillet par le président Abdelmadjid Tebboune lors d’un conseil des ministres, où il instruit le gouvernement de « prendre des mesures fiscales et douanières destinées à l’encouragement de l’importation des véhicules électriques. »
Mais le gouvernement n’a rien fait, et s’est contenté de mettre en place deux cahiers des charges, le premier pour l’importation et le second pour l’assemblage, taillés sur mesure aux véhicules à moteur thermique, qui sont délaissés progressivement dans les pays développés pour des questions environnementales.
Hier mardi, le ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, Chems-Eddine Chitour, a fait une intrusion dans ce dossier en plaidant pour l’option de la voiture électrique qui est « une chance » pour l’Algérie pour sortir de sa dépendance aux hydrocarbures.
Toutefois, Chitour dit que les Algériens sont réticents à l’utilisation des voitures électriques, sans donner plus de détails « La voiture électrique est un chantier que nous sommes en train de faire admettre au gouvernement », a-t-il dit, dont les propos ont été rapportés par l’agence officielle.
« Le plein de la voiture électrique coûte 5 fois moins cher que celui d’une voiture à essence », a-t-il dit, sachant que l’Algérie ne dispose d’aucune infrastructure pour le chargement de ce genre de voitures, et que l’électricité est subventionnée par l’État, au même titre que les carburants issus de la transformation des hydrocarbures.
M. Chitour a indiqué que des bornes électriques ont été importées par l’Algérie et seront bientôt installées au niveau des stations d’essence Naftal déployées tout le long de l’autoroute Est-Ouest.
Le ministre a ajouté que des véhicules électriques devraient également être acquis à 10.000 euros seulement.
« L’Algérie achète chaque année deux milliards de tonnes de carburants et d’ici 2030, la tonne de CO2 émise, selon le Groupe des experts climat de l’ONU (Giec), sera de plus en plus chère et, par la même, il y aura de moins en moins de voitures thermiques », a soutenu M. Chitour.
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Le 2 février, le ministre de l’Énergie Abdelmadjid Attar a estimé que l’Algérie avait « raté » le virage de la transition énergétique et plaidé pour des investissements massifs dans le renouvelable en raison de la baisse des réserves en gaz du pays.
Pour étayer ses propos, le ministre a avancé un chiffre qui traduit justement ce retard dans la transition énergétique sans cesse repoussée par les gouvernements successifs : 364 mégawatts (MW). C’est la part du renouvelable dans la production algérienne de l’électricité en 2020.
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